Quand je revois les publications de mon ami Eric qui sonnait l'alerte dès la fin janvier, je me dis qu'il avait vraiment bien analysé la situation. Et rares sont ceux qui avaient vu juste. Du citoyen lambda au plus haut responsable politique. A commencer par moi-même. Le 21 février dernier, je m'envolais pour la Norvège avec Nicolas. Dans l'avion, deux Françaises portent un masque et pas typées asiatiques (on sait que l'utilisation du masque est répandue depuis longtemps en Asie). Cela nous fait sourire. On trouve cette précaution exagérée. Dans l'avion du retour, on rigolait déjà beaucoup moins. En parallèle, les politiques ne font pas mieux. Jusqu'au 12 mars (inclus !!!!!), le soir d'annonce de la fermeture des écoles par Macron, le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer annonçait que la fermeture des écoles n'était pas envisagée et que la France ne changeait pas de stratégie (!!!). Depuis, ce champion du monde continue d'émettre des annonces démontant systématiquement les précédentes. N'a-t-il pas compris qu'on était loin de tout savoir de ce virus et que le mieux était probablement de se taire et d'agir au fur et à mesure (comme il le fait) en fonction ? Je lance un hashtag #tagueuleblanquer. Après, je pense toutefois qu'il est battu par celle qui est si bête...
Ceux qui avaient aussi tout faux, ce sont les consommateurs qui se sont rués dans les rayons des supermarchés juste avant le confinement pour faire le plein, croyant qu'on aller manquer. Résultat : des mouvements de foule qui ont causé beaucoup de contaminations et au final, sans aucun intérêt puisque dans les premiers jours du confinement, les magasins étaient approvisionnés à peu près normalement et il n'y avait personne. Ironie du sort, ceux qui s'y sont rendus à ce moment-là, se sont du même coup retrouvés en "avance" sur les autres. A ce propos, il faudra qu'on explique l'histoire du PQ. Autant les pâtes, je veux bien. La denrée peu chère et facile à préparer. Mais le PQ... Au pire, il y a l'eau et les doigts non ?
En parallèle, cette crise met en évidence les défauts de notre système et ça, en revanche, beaucoup l'avaient déjà pointé. Le système de santé par exemple, fracassé d'années en années par nos gouvernements successifs. Mais aussi la mondialisation qui consiste à ne pas être autonome. Alors certes, si un habitant de Tromsø ne doit manger que du local, il risque de se toucher pour manger des fruits. Mais sans aller jusqu'à ces extrêmes, on prend aujourd'hui toute la mesure des délocalisations de production, souvent à des fins financiers. Attention, il s'agit bien de souvent. A titre d'exemple et j'aurai l'occasion de revenir dessus, je viens de recevoir la nouvelle tente Samaya à tester. C'est un produit ultra haute gamme qui vient occuper une place jusqu'à présent laissée libre. La (toute nouvelle) petite entreprise annécienne qui en est à l'origine et qui prend par ailleurs de plein fouet la crise sanitaire fait fabriquer le produit en Chine. Mais pas pour des raisons financières. La seule boite capable de fabriquer cette tente en respectant le cahier des charges technique s'avère être chinoise. Mais bon, ne nous voilons pas la face ; bien évidemment la délocalisation de production est bien souvent dans une optique économique.
Par ailleurs, ces déplacements sont aussi vecteurs des virus. Voilà donc que les avions, déjà coupables de nombreux maux environnementaux et sanitaires (pollution), perdent encore un point dans le sanitaire... Ne faudra-t-il pas revoir notre mode de vie, notre façon de travailler ? Pour le travail, cette crise devrait nous en apprendre sur les possibilités de développer le distanciel. Mais pour nos loisirs ? Est-on prêt à changer nos habitudes ? Au retour d'une très belle sortie dans Belledonne je ressens les mêmes émotions qu'au fin fond des fjords de l'Arctique mais pourtant, le besoin de découvrir de nouveaux paysages reste présent. Alors ? On a pu voir à quel point ce n'est pas gagné. Il suffit de suivre un peu l'actualité (au moins le factuel, parce que l'interprétation...) et voir qu'il y a des Français qui sont quand même partis en voyage lointain (hors Europe) trois jours avant le confinement et qui, aujourd'hui sont coincés avec des conditions similaires à la prison (confinement dans leur location avec livraison de repas et interdiction de sortir). Eux-aussi ils avaient tout faux mais là pour le coup, c'était sacrément risqué de partir quand même.
Et la météo ? Depuis quatre semaines, nous avons un début de printemps magnifique. Cela est ressenti comme une frustration pour les uns (qui ne peuvent pas sortir) et une aubaine pour les autres (cela rend le confinement moins pénible). Pour ma part, je me situe dans les seconds. Franchement, tant qu'à être confiné, autant que ce soit sous un soleil radieux. Rien n'empêche de passer la tête par la fenêtre et même d'aller faire quelques pas. Et puis, concernant le ski, au moins, on n'est pas nargué par la poudre : il n'y en a pas. Et la neige transformée, pour moi, ça va cinq minutes. C'est sympa de temps en temps mais ce n'est quand même pas l'enthousiasme de la neige froide. Bon par contre pour la grimpe, ça commence à démanger. A ce sujet, j'essaie d'entretenir des exercices trois fois par semaine. Entre autres celui-ci (déjà évoqué sur ce blog), sur une poutre ou une barre de traction (voire une branche), le tout est de n'utiliser que les phalanges (sur les deux premières je trouve que c'est pas mal) et pas toute la main, et en pronation :
- 1er minute : 8 tractions
- 2è minute : 30 sec suspension
- 3è minute : 20 sec blocage à 45°
- 4è minute : 8 tractions
- 5è minute : 35 sec suspension
- 6è minute : 25 sec blocage à 90°
- 7è minute : 6 tractions
- 8è minute : 20 sec blocage à 135°
- 9è minute : tractions max
- 10è minute : suspension max
- repos 5 minutes puis répéter 3 fois l'opération (donc 4 séries) soit 55 minutes d'exercice.
Bon, pour en revenir à la météo, elle pourrait aussi avoir tout faux si, comme ces dernières années, on aurait un mars-avril plutôt clément et un mois de mai dégueulasse, au moment du déconfinement présumé.
Reste à voir quand aura lieu ce déconfinement et surtout quels changements de vie vont s'opérer à ce moment-là. Et il faut s'attendre à ce qu'il y en ait. Il faudra probablement faire une croix sur certaines vacances non soldées avant le mois de mai. Pour ma part, j'ai déjà fait une croix sur celles qui approchent. Mais en même temps, il va aussi falloir redresser les entreprises qui seront en difficulté et chacun devra s'y mettre. Il y a aussi une grande inquiétude pour les professionnels du tourisme. Qu'en sera-t-il de l'été ? En toute logique, si le virus nous laisse un peu tranquille et que certaines mesures ( + conditions météo ?) lui sont défavorables, on devrait pouvoir prendre un peu de temps pour "s'évader" mais il faut garder en tête qu'on ne pourra peut-être pas partir aussi longtemps que d'habitude et aussi loin qu'on le souhaite. L'occasion aussi de redécouvrir la nature proche de chez nous. A ce sujet, je travaille sur la réédition de mon topo Belledonne Escalade pour ce début d'été. J'y reviendrai très bientôt.
En attendant, de mon côté, j'en profite pour avancer toutes ces publications, en parallèle de la gestion de mes classes et de la maison. Fort heureusement, j'ai de la chance d'avoir deux filles parfaitement autonomes. Quant au dehors, nous avons de la chance d'être à la quasi campagne et d'avoir de la verdure boisée autour de la maison. On redécouvre la nature autrement.
Bon courage à tout le monde. Prenons soin de nous et laissons faire les choses. D'autres temps meilleurs viendront. Armons-nous de patience et de grâce, cessons d'être trop tranchés dans nos prises de position. Comme dit, les événements se chargent de nous faire comprendre qu'on a tout faux dans nos certitudes.