Petit clin d'oeil au roman de Michelet et à la série télévisée qui en a été tirée et que mes grands parents regardaient. Je trouvais cela déjà vieillot à l'époque... Vieillot, c'est aussi le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à une certaine catégorie de gens. Il ne faut pas y voir forcément du "méchant" derrière ces mots et j'aurais même envie de dire que quand toute sa vie on a été bercé par des idées, des pratiques, il est difficile pour ne pas dire impossible d'en sortir. Je n'arriverai pas à les faire changer d'avis et ce n'est limite pas le but ici. En revanche, les nouvelles générations, les gens encore neutres, ouverts d'esprits car moins pris dans une quelconque idéologie, bref, une grande majorité d'entre nous, pourra comprendre que nous devons changer certaines choses.
Je suis tombé sur cette vidéo mettant en avant une chasse traditionnelle : la tendelle. Je l'ignorais. Je ne pensais pas qu'on pouvait encore promouvoir de telles choses. Alors certes, c'est moins destructeur qu'un fusil (en quantité s'entend), ça demande tout un apprentissage, une connaissance du milieu et ça peut paraître en harmonie avec la nature. Mais quand même, si on veut être en harmonie avec la nature aujourd'hui, on sort avec ses bras pour grimper, ses jambes pour marcher ou courir, ses yeux pour observer (avec des jumelles pour aider), ses oreilles pour écouter. Son appareil photo aussi pourquoi pas. On n'est pas obligé de tendre des pièges avec des cailloux pour piéger les grives. Cette pratique, d'un autre temps, peut ne pas paraître si pire. D'autant plus qu'elle demeure marginale et probablement condamnée à s'essouffler. Définitivement. Il suffirait donc de la laisser telle quelle. Mais cette vidéo a été en partie financée par le conseil départemental de la Lozère. C'est assez incroyable que des fonds publics servent à promouvoir ce genre de pratique. Qu'il y ait des gens nommés responsables donner du crédit à cela. C'est là que le bât blesse. Cette pratique tend à disparaître et donc, les autorités de notre pays essaient de la dynamiser à nouveau. Incroyable.
Depuis quelques années, j'ai l'impression qu'on assiste en France, à un retournement de situation, en parallèle de la prise de conscience écologique. En fait, je pense que c'est lié. Nous savons aujourd'hui que l'homme est en grande partie responsable des changements climatiques et de la perte rapide de biodiversité. Des changements dans le même sens, il y en a déjà eu. Mais jamais aussi rapidement dans l'histoire, ou alors d'un coup d'un seul (météorite...). Penser que l'homme n'y est pour rien, c'est, passez-moi l'expression, avoir de la merde de poule devant les yeux. Ce qu'on ne sait pas encore, c'est si tout cela n'est pas cumulé à d'autres causes naturelles mais dans tous les cas, on y est. Je ne reviens pas ici sur les multiples constats présentés par ceux qui savent mieux que moi (à ce propos, c'est très actuel que chacun donne un avis sur tout - pour ma part, je m'en réfère aux constats des spécialistes, corroborant mes propres observations locales). Bref ; depuis quelques années donc, une certaine catégorie de gens pratiquant une activité professionnelle ou de loisirs allant à l'encontre de ce qu'il faudrait faire pour limiter notre impact tente de reprendre du poil de la bête comme pour sauver leur pratique. Au lieu d'en changer. Et comme très souvent, il y a de l'argent en jeu, nos gouvernements n'hésitent pas à les soutenir. Cette chasse à la tendelle en fait partie.
Ainsi, nous sommes en 2019. On piège les grives sous des cailloux. On déterre (légalement toujours) des blaireaux qu'on achève à coup de pelle, on court après les cerfs pendant des heures bien assis sur des chevaux pour les égorger ou les noyer dans un lac (mais il parait qu'on ne tue pas l'animal, on le sert - on sert le cerf quoi)... Pratiques d'un autre âge, que notre pays devrait bannir définitivement. Point. Et ce ne sont pas les chasseurs qui vont me contredire. A chaque fois que j'en parle avec l'un d'entre eux, il est d'accord avec moi. Je discutais même récemment avec un chasseur très actif du bassin grenoblois. Actif au sens "très présent en montagne sous tous les plans". Il me confiait que s'il en avait le pouvoir, il interdirait tout simplement la chasse aux gallinacés de montagne. Car parmi d'autres aberrations, nous avons en France la liste des espèces que l'on peut tirer. Une liste bien trop longue. Un des derniers exemples récents assez marquant quoique anecdotique, est l'abattage d'un courlis cendré en France mais qui avait été relâché en Pologne, pays où les populations accusent de lourdes pertes. Triste exemple du saccage de notre nature. Certains s'évertuent à protéger et d'autres ruinent leur travail. Je ne rejette pas tout en bloc dans la chasse, je l'ai déjà dit. Je ne suis pas chasseur et ne le serai jamais sauf par nécessité mais je conçois que cette activité perdure, par exemple pour les grands ongulés dans le cadre de plans de chasse bien ficelés et respectés. Mais la liste est à revoir. Parmi les initiatives à soutenir, la demande de la LPO (et peu importe que ce soit la LPO, qu'on l'aime ou l'aime pas - je dis ça parce que la Ligue de Protection des Oiseaux n'est pas toujours bien vue par les grimpeurs que je fréquente autant que les naturalistes - il ne faut pas s'arrêter à cela car ici, ça relève du bon sens) d'arrêt total de la chasse au lagopède. Même si les prélèvements sont mineurs, cette chasse existe toujours et pour le coup, voici un oiseau dont personne ne conteste la diminution drastique des populations. Non seulement nous avons envahi son territoire mais en plus, le réchauffement climatique joue contre lui. J'espère que cette demande sera enfin entendue.
Quant au loup, le ministre de l'agriculture Didier Guillaume promet de doubler les tirs de prélèvement. Alors, cela veut-il dire que 200 loups devraient être menacés de mort en 2020 ? Pas tout à fait. Il existe plusieurs gradations de tirs :
- les tirs d'effarouchement, destinés, comme leur nom l'indique, à faire fuir le prédateur
- les tirs de défense, destinés à abattre un ou plusieurs loups, théoriquement en situation d'attaque (autour d'un troupeau, suite à une attaque constatée)
- les tirs de prélèvement, destinés à abattre un ou plusieurs loups sur un territoire plus vaste, même sans troupeau et sans attaque constatée à cet endroit.
Ce serait donc cette dernière catégorie qui devrait être pondérée d'un coefficient double. Est-ce que ces tirs s'ajouteront aux autres ou serait-ce à la place de tirs de défense, sans augmenter le nombre total de loups à tirer ? Pour le moment, nous n'avons pas encore toutes ces informations mais on s'oriente peut-être en 2020 vers une augmentation du massacre. Le mot est bien pesé parce que depuis que ce processus (de tirs de loups) a été mis en place, on a massacré des loups, c'est sûr mais on n'a pas non plus stoppé les attaques sur les troupeaux qui ont augmenté chaque année. On continue donc à massacrer une profession qui doit être revue en profondeur, nous l'avons déjà évoqué avec les constations sur le pastoralisme intensif qui détruit nos alpages alors qu'on pourrait avoir autant de bêtes qu'actuellement, mais mieux réparties en petits troupeaux, plus faciles à surveiller, et à une altitude plus basse où ils pourraient participer à une réouverture des clairières subalpines.
De gros chantiers nous attendent en 2020. A chacun d'apporter comme il le peut sa petite pierre à l'édifice.