Fenêtre météo à saisir en ce mardi et j'en profite pour faire un petit tour en baskets. Mon topo Belledonne Escalade paru en 2010 est épuisé et je suis en plein travail de réédition. Des photos à (re)faire et tout ça... En montant par le pas de la Coche pour faire le tour des arêtes du Pin par l'Aigleton, je me suis encore interrogé sur l'état du vallon d'Aiguebelle suite à la rénovation du refuge...
Rappel : au printemps 2018, un nouveau refuge est sorti de terre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, remplaçant l'ancien habert en pierres. Point positif : une remise à neuf est un confort non négligeable ; points discutables : qui dit nouveau refuge (privé) dit fermeture en période de non gardiennage et on peut également s'interroger sur la pertinence d'une cabane moderne (quoique plutôt jolie) au regard de l'ancienne qui s'inscrivait dans une architecture locale.
Mais s'il n'y avait que ça, je serais sans doute passé rapidement sur les faits. Ici, il y a d'autres points dérangeants et j'apprends, en soulevant le problème, que beaucoup de randonneurs se sont faits la même réflexion :
- construction d'un chemin d'accès selon le tracé du précédent dans le vallon du Muret. Ce nouveau chemin a été taillé à la hache. Etait-on obligé d'en faire ainsi ? Probablement non si on avait pris un peu plus le temps. L'ancien sentier n'avait pas autant érodé les bords et était carrossable. Pourquoi ne pas en avoir fait de même ? Les amoncellements de blocs sur le côté du chemin donnent également une impression de "carrière". Enfin, le chemin venant du pré de l'Arc arrive à faible distance du refuge. Pourquoi ne pas avoir simplement prolongé le morceau manquant ? Les refuges de montagne sont rénovés/alimentés par hélicoptère. Pourquoi ne pas avoir choisi cette solution ? On parle de reverdissement naturel du chemin mais il semblerait qu'il soit désormais systématiquement utilisé par le propriétaire pour se rendre sur place. Circulation régulière = pas de reverdissement.
- Abords du refuge dans un état pitoyable de type "travaux" depuis un an et demi sans que l'on voit réellement les travaux continuer. En particulier : engins de chantiers permanents (pelle mécanique, Algeco, tonneaux, palettes, détritus en tous genre), terrassements importants (bon, pour ça, la nature devrait reprendre peu à peu ses droits et reverdir tout doucement), grosse cicatrice dans le talus pour soit-disant construire un merlon de protection (vs blocs et avalanches) probablement imposé par la législation (mais pour le moment, toujours pas de merlon et le refuge a été bien ouvert pendant deux étés)
On sait bien que tout travail nécessite ce genre de désagréments mais on a de quoi être inquiet pour ce vallon du Vénétier :
- disparition d'un petit refuge d'hiver qui, bien que malheureusement souvent utilisé auparavant pour venir faire la fête, permettait aussi des randonnées hivernales d'initiation, en particulier avec des enfants. On pouvait envisager la cime de la Jasse au départ de la barrière en deux étapes de 700 m de dénivelé environ.
- site dénaturé comme expliqué mais surtout réponse inquiétante du propriétaire à plusieurs de mes connaissances "je suis chez moi ; je fais ce que je veux" ; "si vous n'êtes pas content, vous n'êtes pas obligé de monter"... laissant entrevoir que ça pourrait rester ainsi.
- projet d'aide à l'accès hivernal (câbles voire échelles) de la cime de la Jasse via l'arête nord (actuellement un peu technique donc relativement peu pratiquée mais qui deviendrait sans doute un boulevard avec des aménagements) depuis le proche col du Pouta accessible par télésiège. Le habert d'Aiguebelle pourrait alors devenir une grosse buvette/restaurant d'altitude avec retour sur Prapoutel via navettes depuis Prabert ou taille de deux courtes sections de pistes (une entre le habert d'Aiguebelle et celle du jas des Lièvres ; l'autre pour entrer dans la combe de Bédina, soit sous le Gros Caillou, soit en direction des pistes de fond). Cela signifierait purement et simplement l'annexion d'un nouveau domaine hors-piste pour la station, le pendant des vallons du Pra, et la perte de ce même vallon pour les skieurs de randonnée.
J'adore la station des Sept-Laux pour des tas de raisons et n'hésite pas à leur faire une promotion car elle a beaucoup apporté au "ski de montagne" grenoblois. Les aménagements récents sur les pistes et le renouveau du parc de remontées mécaniques a permis de la dynamiser et c'est très bien. Mais compte tenu de la conjoncture environnementale actuelle, je reste opposé à tout agrandissement spatial des domaines "mécanisés" et donc, à cette possible extension vers le Vénétier.
A surveiller également :
- Le (vieux) projet de route reliant la vallée du Haut Bréda au Grésivaudan. Il y a deux projets dans les cartons. L'un depuis Pinsot vers Allevard ou Saint-Pierre via le jeu de Paume et l'actuel système de pistes forestières. Il semble qu'aujourd'hui on n'en parle plus trop. L'autre qui revient à nos oreilles et qui passerait par Pincerie ou le Merdaret depuis le Pleynet et rejoindrait Pipay facilement, en suivant grosso modo les pistes actuelles déjà empruntées l'hiver par les skieurs. Ce que l'on sait aujourd'hui c'est que la première partie entre le Pleynet et le habert des Fanges vient d'être goudronnée. Il ne reste pas grand chose pour rejoindre la crête. Il faut rester vigilant car il faut avoir présent à l'esprit que pour un habitant du Grésivaudan, cette route n'apporterait aucun gain de temps. Pour aller skier, on continuerait à entrer sur le domaine par Prapoutel et Pipay. Pour aller à Fond-de-France ou en aval, l'accès par Allevard resterait nettement plus rapide. Et même pour aller au Pleynet, un calcul ne semble donner aucun gain. Cette route aurait donc probablement un intérêt touristique. Avec, on peut le craindre, un restaurant sur la crête vers le Merdaret. Vue superbe sur le massif, campings-cars etc.
Restons sur nos gardes !!!
En rouge : section à aménager pour accès à la cime de la Jasse ;
En vert : itinéraire actuel ski de randonnée entre habert d'Aiguebelle et cime de la Jasse, devenant alors un hors-piste ;
En jaune : pistes déjà tracées pour le retour de basse altitude
En bleu clair : jonctions de pistes restant à faire si ce choix était retenu
En bleu foncé : retour navette Prapoutel