Deux options s’offrent à moi pour le brame. La première consiste à aller se poster sur un secteur fréquenté par les cerfs comme une souille ou un replat en lisière de forêt. Avantage : ces moments d’affûts sont de très grands moments lorsqu’un cerf se pointe. Avec une belle proximité. Inconvénients : frustration lorsque rien ne se passe et peu ou pas d’observation. La seconde option consiste à aller se poster en lisière de forêt avec vue sur un milieu ouvert fréquenté par les animaux. Avantage : on profite à la fois du son et de l’image même si on venait à ne pas faire de photo correcte pour des raisons d'éloignement. Inconvénients : la proximité avec les animaux est plus rare ; les observations sont plus lointaines. C’est parfois moins bien aussi pour les photographes. Pour cette journée annoncée grand beau après une petite chute de neige jusqu’à 1500 m, je choisis l’option 2 avec l’espoir de faire de belles images d’ambiance. J’espère notamment mettre encore en valeur les animaux au milieu des myrtilles couleur rouge, le tout saupoudré de neige. Et c’est un peu ce qui va se passer. Cette sortie aura été riche en enseignements également. Je pense qu’en secteur découvert, après recoupement de sorties, les cervidés font comme les rennes : ils marchent face au vent. Du coup, par vent de nord, ils seront majoritairement dans la combe la plus au nord et inversement. Merci Thomas de m'avoir incité à mettre l'accent là-dessus. On continue à en apprendre... Place aux images.
Le premier cerf avant le lever du soleil
Sur les crêtes, ça s'active
Ce dix cors viendra défier le douze cors local
Le douze local. Le maître des lieux
Qui me gratifie d'un passage à proximité pile où je le souhaitais, avant de rejoindre le couvert de vernes.
Changement de vallon après que la place a été laissée libre. Midi ; les cerfs sont très nombreux (je dénombrerai 12 mâles et près de 15 biches). Premières observations lointaines histoire de bien repérer tous les protagonistes
Une croupe boisée me permet d'approcher non sans immenses précautions. Je vais mettre une heure pour faire 100 m de dénivelé négatif. Les animaux brament en plein soleil tel ce douze cors, pendant que moi je me pèle l'ognon à l'ombre, les pieds gelés dans une mixture de neige et de boue
Un intrus, enfin, plusieurs. Une harde de quatre chèvres et leurs cabris passent à proximité de mon filet de camouflage
Au-dessus, ça s'excite. Ce huit cors sombre ne lâche pas les deux biches qui traînent autour d'un bosquet
Un cerf vient le défier. Malgré une plus grosse ramure, il repartira avec une belle leçon et un bois en moins.
Plus haut, c'est également bien animé
Super moment : ce cerf va m'offrir une proximité relative que je trouve parfaite pour les images.
Il faut bien rentrer et je suis complètement encerclé. Je me creuse la tête pour limiter le dérangement et profite d'une accalmie vers 16h pour "raser les murs" (i.e. traverser la combe à la limite des bosquets de vernes), laissant les animaux à leurs ébats un peu plus haut. Cependant, et je l'avais vu aux jumelles, deux cerfs et deux daguets sont sur le dernier passage obligé pour quitter la combe. Je dérange deux biches que je n'avais pas vu ; le cerf, alors couché, se lève, et prend tranquillement la même direction.
Tout en continuant à bramer au milieu de l'endroit rêvé. je termine avec deux images que j'adore, le tout sous un ciel voilé à ce moment-là, faisant davantage ressortir les couleurs.
Et les deux daguets en-dessous. Je vais attendre qu'ils soient hors de ma vue pour passer.
Parti de la maison à 5h, je rentre à 19h (!!!). Une journée complète d'immersion brame où je ne rencontrerai qu'un seul randonneur à cinq minutes du parking au retour. Trois sorties en trois semaines sur mes deux secteurs préférés. Je ne pense toutefois pas y retourner cette année. Les animaux sont vraiment paisibles. Ne leur mettons pas trop la pression même si j'ai tout fait pour limiter le dérangement.