Publié le 1 Octobre 2019
Dans les endroits très reculés et non fréquentés par les hommes (même les chasseurs évitent ce secteur en raison de la difficulté à rapporter un éventuel cerf tué), les cerfs peuvent bramer toute la journée. Et quand nous en entrons dans le pic d'activité, ils peuvent le faire à découvert.
8h. Je suis en place sur une petite plateforme en lisière de forêt. Au-dessus de moi, un milieu semi-boisé que je m'interdis de parcourir (dérangement obligatoire), en-dessous également. Je garde en revanche une belle visibilité sur des places de brame à découvert mais à une distance un peu lointaine pour de (belles) photos. L'avantage, c'est que je sais arriver ici en limitant le dérangement et que je suis assez bien placé pour ne pas être repéré une fois sur place.. Je dénombre probablement sept cerfs bien en voix. Le premier est un douze cors qui brame à découvert mais assez loin. Il finit par faire le tour du propriétaire et venir sur la place la plus proche de mon poste de guet.
Il se dirige alors en plein dans l'alpage. Très belle observation. A proximité d'une biche et d'un daguet. Avant de repartir bramer sur la place du fond puis de descendre dans les vernes. Je pense alors qu'il ne reviendra pas. C'est alors qu'un autre cerf plus jeune passe au même endroit mais sans s'y attarder et semble emprunter une sente qui vient droit sur moi. Je l'entends, il approche. Il va sortir à quelques mètres. Je ne pourrai faire aucune photo avec une telle proximité. Je choisis de me tapir au sol et de ne pas bouger. Il passe... magnifique !
Je me dis qu'entre les deux, j'aurais eu le temps d'aller me poster à l'orée de cette clairière, ce que je n'ai jamais osé faire jusqu'ici. J'hésite car d'une part, je ne sais pas si dans le bout de forêt à traverser il y a d'autres animaux silencieux et puis, compte tenu de l'heure (9h30), doute que les animaux ressortent à découvert. Une demie-heure plus tard, le douze refait la même boucle et monte encore plus haut dans l'alpage, complètement à découvert.
Deuxième occasion ratée. Etat des lieux : au-dessus, quatre cerfs (dont le jeune passé tout près) qui ne semblent pas bouger d'un iota. Au-dessous, un ou deux autres, assez bas. Et le douze en pleine prairie assez loin. Il va sûrement regagner ensuite la forêt en bas, et peut-être repasser sur la place convoitée. Je tente et vais me poster en lisière. Cinq minutes plus tard, j'y suis sans encombre. A peine installé, le voilà qui revient mais au lieu de poursuivre vers moi, il décide d'aller se faire entendre auprès de ses congénères qui me dominent ! Caramba encore raté. Je décide rester là quand même au cas où. Je suis très bien placé. Un jeune cerf sorti de je ne sais où va venir tout près.
La voie étant de nouveau libre, je monte sous un autre bosquet réservant une bien meilleure vue. j'ai laissé mon sac à dos vingt mètres plus bas. Je m'installe avec le filet entre deux vernes, le trépied et le petit tapis de sol pour les genoux... Mal installé car dans la pente mais bon, le poste de vue est excellent...
Le douze revient puis... se couche en plein alpage, hors de ma vue. Il reste ainsi une bonne demie-heure en bramant de temps à autre. Aux jumelles, je ne distingue que le bout de ses bois, couché sur un replat. Il va forcément se lever. Il suffit d'être patient.
Et il va m'offrir un des meilleurs affûts que j'ai pu réaliser jusqu'ici.
Midi. Ca brame encore à couvert. Je surveille l'alpage qui chauffe au soleil. Ca va encore passer, plus loin. J'aime moins ces images, lumière beaucoup trop dure. Le concert demeure exceptionnel.
Au retour, je fais un grand détour pour ne pas traverser toute la zone et revient par un autre secteur. Là, aussi, malgré la chaleur, ça brame en pleine journée et les animaux sont visibles. J'en profite un moment avant de rentrer. Un cerf viendra même crier tout près. Quelle journée !