Soirée du jeudi pour la reprise de nos escalades avec Candice et virée au désert de l'Ecureuil, site désormais incontournable pour l'escalade autour de Grenoble et très pratique d'accès. A 17h, nous sommes équipés au pied des voies et nous avons trois heures devant nous.
Nommé ainsi en parallèle du désert de Jean-Jacques Rousseau juste à côté ou encore du Petit Désert, autre site d'escalade proche, le désert de l'Ecureuil s'est développé récemment sous l'impulsion de l'ECI et notamment de Hervé Rondeau qui, avec un peu de bricolage certes, nous a offert un des plus beaux sites du secteur pour les grimpeurs de niveau 6+. Et très récemment un autre secteur, que je n'ai pas encore eu l'occasion d'explorer, le désert des Froussards, vient de voir le jour.
On pourrait aussi parler de désertion. Celle des équipeurs. Car ces sites, qui nous permettent à tous de grimper, demandent de l'entretien. Au désert de l'Ecureuil, j'ai déjà pu noter une usure de certains maillons rapides. Il faut également entretenir régulièrement les chaînes, les points... Si à la base, le travail est bénévole de la part des ouvreurs, il y a normalement une compensation : le financement du matériel par les associations et les ventes de topos. Cet équilibre aujourd'hui est menacé par internet. Internet va devenir de plus en plus présent et c'est une bonne chose sur de nombreux points. Mais si le financement de l'équipement et de l'entretien se réduit, on parviendra tout ou tard à une désertion de ces sites.
Alors que faire ? Voici quelques propositions
- Acheter les topos des secteurs sur lesquels vous allez grimper. Pour les topos de grandes voies, au moins ceux faits par les ouvreurs les plus actifs des massifs. Dites-vous bien que ce sont ces bases de données qui ont servi à alimenter toutes les autres.
- Adhérer au moins à une association, si possible locale.
- Sur le terrain, ne pas faire de moulinettes sur les maillons mais sur un mousqueton à vis personnel ; seul le dernier qui monte utilise le maillon ou l'anneau. Cela augmente grandement la durée de vie des équipements.
- Concernant les bases de données internet collaboratif type c2c, prendre le temps de bien renseigner le nom des ouvreurs des lignes et de mentionner les topos correspondants pour les grandes voies. S'abstenir de décrire précisément les sites de couennes labellisés FFME
- Boycotter les topos électroniques "pirates" qui arrivent peu à peu sur le marché comme Topotopclimbing.
- Et pour ceux qui souhaiteraient faire/mettre à jour leur topo d'escalade, de sites dits "sportifs" ou de grandes voies, la qualité reste un gage de réussite. Se limiter à la description des voies est désormais insuffisant. Il faut une belle iconographie. Des interviews d'acteurs des secteurs concernés, des commentaires sur l'historique, des commentaires culturels, des commentaires connexes, des réflexions sur nos pratiques. Bien évidemment, cela demande des compétences allant au-delà de l'escalade mais je reste persuadé que si un livre (ou pourra appeler cela un livre plus qu'un topo) répond à ce cahier des charges, il a alors de beaux jours devant lui.
PS : En 2010, j'ai écrit Belledonne Escalade. N'étant pas équipeur, on pourra y trouver un problème de discours entre ce billet et l'ouvrage. Pourtant, tout cela reste en phase à mes yeux. Ce sera l'objet du prochain billet.