Par monts et par mots

C'est le nom d'un petit massif montagneux au sud de Grenoble. C'est aussi le nom de son point culminant. A 2857 m, le sommet du Taillefer est presque aussi haut que Belledonne. Mais le point de départ étant assez élevé (chose rare par ici), sa voie normale reste plus accessible qu'une croix de Belledonne. Les filles ne l'avaient jamais fait. C'est désormais chose faite, au départ du point haut de la route du Poursollet, au-dessus d'une magnifique mer de nuages. Une première très belle randonnée d'automne !

Itinéraire suivi (en huit) : lac de Brouffier, arête de Brouffier, crête du Petit Taillefer, sommet, combe de l'Emay, crête de Brouffier.

Elle a commencé depuis fort longtemps. Dès la mi-juillet, les martinets noirs prennent leur essor. Début août, on n'en observe pratiquement plus. A la mi-août, les guêpiers, rolliers, pipits... entament leur descente vers le sud. Fin août, c'est le pic pour les gobe-mouches, une famille d'oiseau pratiquement disparue en Isère (en tant que nicheur). Avec parfois quelques belles surprises comme cet ibis falcinelle qui a stationné à Crolles (bien vu et merci Françoise !).

Un site en plein développement en Belledonne. On y trouve actuellement une trentaine de voies : l'équivalent des rochers de l'homme en quantité, à un niveau de difficulté un peu inférieur en moyenne et un équipement plus rapproché. Un bien joli site qui reçoit un bel écho. L'occasion de remercier une fois de plus les ouvreurs. Toutes les informations sont sur l'appli OmegaRoc ou sur le petit Topoguide "escalades à Chamrousse" de Philippe Halot. On trouve également la description des voies (sauf les dernières ouvertes) dans la réédition ONOS de Cambon.

Plus d'accus ; plus de plaquettes. Et soudain, c'est le but à une ou deux longueurs de la fin. Il faudra revenir pour terminer. Probablement une des belles voies de Belledonne avec un peu d'exigence. Encore une longue et fatigante journée sur le terrain. Mais quand on aime... Plus d'infos quand ce sera fini.

Et encore un tour dans la face ouest/nord-ouest des trois pics. Finalement, c'est pas si long d'aller là-hait, si je prends en compte le temps total passé depuis chez moi. Je suis de moins en moins enclin à prendre ma voiture pour cocher une énième course s'il n'y a pas quelque chose en plus de motivant.

Comme dit Damien, le compagnon du jour, cela fait bien longtemps que nous n'avions pas passé une si longue journée en montagne. Nous partons chargés avec le perfo et tout le barda pour rejoindre le glacier de Freydane. La montée prendra 2h30 ; c'est pas la même que d'habitude ! Le temps de s'équiper, de remonter le névé et enjamber la roture... nous voici à pied d'oeuvre. Damien réussit un fantastique lancer de piolet le plus bas possible : nous le récupèrerons au retour.

Nous attaquons le socle par la fissure oblique en 4 sur deux longueurs puis, plutôt que d'emprunter les habituels gradins vers la gauche, nous faisons une (nouvelle ?) longueur de 30 m sur un éperon compact en excellent rocher (deux goujons, 4b). Nous continuons droit jusqu'au pied de la partie haute de la face. L'idée est de remettre d'actualité la voie totalement oubliée appelée "l'arc boutant". Finalement, nous allons ouvrir en trad 5 longueurs (5c+) permettant de rejoindre la première longueur "grimpante" de l'arc boutant, au demeurant voie assez courte, ce qui explique sans doute qu'elle soit tombée dans l'oubli étant donnée l'approche démesurée. Voilà qui devrait lui redonner de l'intérêt. Après une longueur en commun, plutôt que de rester dans du facile à droite, nous plaçons trois ou quatre goujons sur trois longueurs tout droit dans les dalles pour sortir sur l'arête.

De là, nous allons au Grand Pic par l'arête sud-ouest, ouverte en 1913 par Plossu. Encore une ligne complètement oubliée. La longueur clé (5b/c) est superbe. J'y ajouterai quatre goujons : un au relais inférieur, un au relais supérieur et deux seulement dans la longueur.

Nous avons nommé cet enchaînement (fissure oblique du socle + arc boutant revisité + arête sud-ouest = 9 longueurs nouvelles + 9 longueurs anciennes) "le grand arc". Une voie en 5c+ max se développant sur 400 m de longueur (avec certes un peu de marche alpine dans la partie médiane). Je pense que c'est une belle façon de gagner le Grand Pic en trad' mais je ne suis pas certain d'être objectif alors il n'y a plus qu'à aller vous faire votre propre avis. Nous n'avons posé que 32 points en tout (dont 4 pitons et surtout dont une bonne moitié pour les relais). Autant dire qu'il y a entre 0 et 3 points dans les longueurs (souvent 1 ou 2) et pour le reste, il faudra user des friends. Pour les relais, nous n'avons pas toujours mis deux points, notamment lorsqu'un très bon friend était possible à côté voire rien du tout quand un becquet solide permet la pose d'une sangle parfaite, d'autant plus lorsque cette situation se produit à la fin d'une longueur facile. C'est ça aussi le trad.

Matériel conseillé :
- 1 corde à simple 35 m (les longueurs font entre 25 et 35 m)
- 10 dégaines
- 4 sangles
- 1 jeu de friends du 0.3 au 3 (câblés inutiles). Il peut être intéressant de doubler le 0.75 et le 1 mais nous ne les avions pas.

Attention quand même au rocher. Nous avons pas mal nettoyé et c'est plutôt sain mais il reste encore des prises à partir. Nous sommes en montagne et en Belledonne.