Par monts et par mots

Bel après-midi ensoleillé. Sûrement encore de la poudre en orientation ouest et plus haut en altitude. Je démarre à 14h du chalet un peu en-dessous de la station. Je coule une bielle comme rarement dans la montée au col de la Pisse. Impossible de dépasser 15m/min et même à ce tarif, je souffre. Une chaleur insupportable et comme je ne supporte déjà pas la chaleur normale… Il faut sans doute rajouter le manque de sommeil, l'alimentation (raclettes…), le départ après le repas à l'heure de la sieste… Je souffrirai jusqu'au sommet sans pouvoir jamais dépasser cette vitesse ascensionnelle. Je pensais mettre deux heures tranquillement ; j'aurais mis quinze minutes de plus en couinant.

Autre chose inhabituelle, l'absence de randonneurs. Une vingtaine de traces de la matinée ; un seul skieur descendant du sommet quand je remonte la pente terminale. Mais où sont-ils ? D'autant que le versant sud du col de la Pisse sera sans doute plus agréable l'après-midi en neige molle que le matin en croûtée. Certes il y a 1600 m de dénivelé mais sur une telle classique, avec du beau ski, sur un magnifique belvédère (3200 m presque au sommet), rarement dangereuse et située aux portes de Grenoble, ça monterait et descendrait toute la journée. J'avais oublié ce qu'étaient les Hautes-Alpes.

Malgré la fatigue, je me refuse à revenir par la traversée peu intéressante entre le bas de la face et le col de la Pisse. Je prends donc un des talwegs (vierge, incroyable !) orientés sud-ouest qui descendent versant Séveraissette, avant de remettre les peaux pour remonter 200 m jusqu'au col.

Fin dans une neige lourde mais facilement skiable avec 99 au patin. Je prolonge jusqu'au village rejoindre les troupes qui font de la luge.

C'est la petite station familliale qui nous accueille. De nombreux atouts : jolies pistes en forêt, exposition plein soleil, village charmant.

De quoi faire découvrir de nouveaux endroits aux filles qui sortent un peu de "leur" Collet-d'Allevard. En revanche, Chaillol devrait prendre modèle sur le Collet (et des tas d'autres petites stations iséroises - et sûrement des haut-alpines...) sur les prestations. Quelques points fort négatifs :

- gratuité enfant. Moins de cinq ans (contre moins de six ans)

- domaine enfant. A titre d'exemple, on trouve au Collet un forfait débutant (1 tapis+ 1 tk) pour 5€ ce qui aurait pu être proposé sur les petits téléskis double de Pinateau. Que nenni, il vous faudra débourser un forfait demie-journée (14 euro le matin, 16 euro l'a-m) dans ce cas-là. Minable.

- tarifs - 12 ans. Très proche du tarif adulte à la journée et l'a-m, identique (!) le matin.

- Support 2 euro non remboursable !!!

C'est à ma connaissance la station (mais je suis loin de toutes les connaître) qui lèse financièrement le plus les familles d'enfants de 3-5 ans débutants. Vraiment dommage car le coin a du charme et permet de skier au soleil même en plein hiver sur des pistes bien préparées et de niveau facile et aussi quelques passages dans les bois permettant de goûter au ski non dammé. 

Une fois n'est pas coutume, nous voici pour une semaine en famille en Champsaur où j'ai habité durant trois années il y a maintenant plus de dix ans.

On oublie vite… et on se souvient vite en même temps.

Certes cette semaine ne sera pas propice aux grands exploits en "ski de peaux" comme dit ma fille mais l'essentiel est ailleurs. Un partage familial, un retour en arrière par la pensée et des tas de grands souvenirs en montagne, avec une attention toute particulière à la Petite Autane. Ce beau sommet est un des beaux motifs de la vallée et sa face nord-ouest très alpine ne laisse toujours pas indifférent.

Un de mes grands moments fut l'ascension et la descente (première ?) du couloir nord un matin de décembre 2002. Ce matin-là, la neige était déjà bien présente en altitude mais quasi absente sous 1800 m. Je me souviens être monté en voiture sur la piste forestière presque jusqu'au pied du couloir. Après avoir contourné la barre inférieure par une rampe oblique, le couloir m'avait demandé de gravir deux courtes cascades de glace : un rappel pour celle du haut sur abalakov et un saut (avec gamelle et sur neige dure mais sauvetage ensuite) pour la seconde. Aujourd'hui, le couloir est entièrement rempli avec une corniche monstrueuse en haut.

Autres retrouvailles, celles des amis dont certains que je n'avais pas vu depuis plus de dix ans.

Lolo Harduin toujours aussi déconneur, Jacques Giraud-Telme et son pain (du Lougon) fabuleux (marché de St-Bonnet les lundis, Gap les samedis, un pieu de pub ne fait pas de mal), Axel et ses fromages de haut vol (ferme de Coste-Joffre), Steph Chevallier pisteur à St-Léger qui tient le refuge du Tourond, destination incontournable pour les randos-familles. Un peu de pub pour ces gens qui font vivre la vallée avec des prestations de qualité. Et un merci à la famille Ival (nous avons croisé et recroisé Bruno alias Tobi) qui m'a fait découvrir pour la première fois cette vallée il y a très exactement 23 ans.

C'était l'an dernier. Une sortie d'une qualité de neige monumentale. On pensait que cela n'arriverait pas cette année. Et finalement elle est là. 50 cm de neige ultra légère en moyenne montagne. La plus grosse chute de cet hiver décidément bien atypique.

Pas de bol, c'est un mercredi et le lendemain, on bosse. Du coup, on n'a pas le choix. On est "obligé" de sortir la nuit.

Départ de St-Pancrasse (c'est la première fois cet hiver) pour rajouter un peu de déniv. L'occasion de retrouver Oliv' un peu taquet après son excellente sixième place pour sa première participation à la Grande Odyssée mais surtout en raison de l'agrandissement de sa famille.

Sa motivation reste intacte. Tout comme la pente qui n'a reçu qu'une visite avant nous et encore, la trace est déjà en partie recouverte. Il a fallu tout tracer à la montée. Rare !

Descente fabuleuse. La neige est on ne peut plus légère.

L'occasion aussi de tester le couple Petzl Nao/ Canon EOS 60D en photo de nuit.

En outre cette contrainte d'images (prises à 5000 ISO puis moulinées dans Adobe LR5) permet de ne pas avaler trop vite une descente qui ne pose aucun souci malgré la nuit et la chute de neige compte tenu de la qualité de cette dernière.

Dimanche + vacances de février avec deux zones + grand soleil = casse-tête pour éviter la cohue. Il ne s'agit pas de trouver la wilderness à chaque sortie mais pour moi, être dehors n'est pas conciliable avec la foule de la place Grenette. Entre personne et les embouteillages, on peut trouver un compromis.

C'est donc le cahier des charges de cette belle journée en famille. Soirée tardive la veille = pas raisonnable d'être à 8h30 aux pieds des pistes (conditions sine qua none) pour les enfants. Ce sera donc une rando. Mais on est dans la pire période : encore pas mal de poudre de versants froids ; pas possible de tracter les plus petits. En versants chauds pas trop raide, c'est croûté. Heureusement, il reste cette merveille de l'Emeindras. D'autant que cette année, le ski nordique au Sappey n'est pas ouvert. On ne peut donc pas nous reprocher d'utiliser la piste de fond pourtant dammée la veille. Ce sera pour la descente. La montée se fait par la rive droite, au départ du Churut. En peaux pour les grands, à pieds pour les petits sur une trace de raquettes portante.

D'autres ont trouvé d'autres moyens de distraction :(

Après un moment de marche, Emie réclamme le tractage (trop mal habituée cette petite).

Pause méridienne dans la belle clairière de l'Emeindras-Dessous. Il y a fort peu de monde sur cet itinéraire.

Pique-nique, recherche de DVA. Pendant ce temps, Papa s'amuse aussi et ça fait sourire tout le monde.

Et puis, c'est reparti en direction de l'Emeindras-Dessus puis du vrai sommet à 1491 m soit 500 m de dénivelé au-dessus du point de départ.

Avec la chance d'une dernière pente peu tracée. 5 cm de poudre sur un fond portant. Ce sera parfait pour la descente.

Face au culmen de la Chartreuse.

Stella en peaux sur cette dernière partie.

Des jeux au sommet, après le travail de terrassier du papa et ce cratère d'un mètre cinquante de profondeur.

Dans les starting-blocks.

Une neige quasi parfaite. Val reste en embuscade au cas où un bout'chou venait à piquer du nez.

Mais cela n'arrive pas.

Du coup on augmente la difficulté avec un "raccourci". Là encore, pas moyen que ça chute.

Long retour par la piste forestière. Pas mal de pousse-pousse au départ puis un final bien glissant avec même des virages et une belle sensation de glisse. On arrive skis aux pieds au village.

Splendide ! Une des belles "rando-enfant" que l'on n'a pu faire.