La Costantini, c'est la super ferrata des Dolomites. J'en entends parler depuis des années. Elle s'apparente, paraît-il à un véritable itinéraire d'alpinisme. Long (annoncé pour 9h, avec une descente longue et considérée comme dangereuse). L'itinéraire se déroule d'abord sur 900 m de dénivelé "ferratés" jusqu'à une première crête ; en somme une arête du Promontoire à la Meije avec des câbles tout le long. Ensuite, il faut suivre un bout d'arête facile puis prendre une deuxième partie câblée jusqu'au sommet de la Moiazza, le fin se faisant en aller-retour. Ce n'est pas encore terminé. On emprunte alors le sangle Angelini, vire suspendue entre deux parois pour rejoindre une sente plus marquée qui descend dans des pierriers jusqu'à la forcella delle Nevere (refuge bivouac). De là, l'itinéraire descend plein sud dans un cirque bien raide pour rejoindre le sentier 800 mètres plus bas. Un vaste programme ! On n'en fait pas une fixation mais comme on est au pied, on se dirige tranquillement vers le refuge Carestiato. Toute la face est plongée dans le brouillard et, de ce qu'on a (pas) vu la veille et à la vue des prévisions, devrait le rester. La course contemplative ne sera pas au programme. Après tergiversation, j'ai quand même bien envie d'y aller en mode express ; de toutes façons, on n'y verra rien. Du coup, je ne prends que le nécessaire et pars seul.
Lorsque je retrouve Cécile à 12h45 sur le sentier de traverse après sa randonnée au Framont, j'ai l'impression de revenir d'un petit voyage, les jambes bien séchées. Comme prévu, je n'ai rien vu d'autre qu'un câble, quelques marques rouges et du caillou. Au final, pour un grimpeur, j'ai trouvé que l'ensemble demeure facile et ne pose aucun problème. Il faut parfois chercher un peu sur des sections sans câble mais rien de bien méchant. Il faut quand même rester attentif car l'équipement n'est pas aussi récent que ce que nous avons vu du côté de Cortina. A un moment, dans une traversée, en tirant sur le câble (rare endroit où il n'y avait pas de bonne prise mains), un ancrage a cassé net ! Petit sursaut en arrière mais sans conséquence.
J'imagine que le lecteur se pose la question alors je donne la réponse : effectivement, je ne me suis pratiquement jamais vaché au câble et probablement que maintenant que je connais la ligne, je serais capable de partir avec juste une bouteille à la ceinture et trois barres de céréales. Il faut néanmoins savoir que c'est à chacun de décider de l'équipement et des protections qu'il s'impose, en fonction de son niveau. Védrines fait la Madier à la Dibona en solo et ferai sans doute cette Costantini en 2h ; pas moi. Pour le reste, si vous êtes en forme et a minima alpiniste, cette Costantini est vraiment à faire et offre une jolie petite course de montagne sans vraiment de passages raides comme à la Tomaselli mais bien bien plus longue. Le guide Philippe Brass, grand spécialiste du massif et croisé le lendemain me dira qu'il met parfois plus de douze heures avec ses clients alors si vous êtes simple ferratiste, mieux vaudra se tester d'abord sur des itinéraires plus courts comme justement la Tomaselli.