Pour cette première voie de l'été en montagne, je pars avec Patrick vers un objectif modeste mais situé au-dessus du magnifique site du lac du Crozet en Belledonne. Après 1h de marche, nous sommes déjà à l'attaque de la voie. Le début paraît prometteur mais mis à part un gros pas de 4 sup, on ne trouve pas le 5c annoncé. Il semble aussi manquer un point pour que la voie puisse être qualifiée "d'école en montagne". On se retrouve rapidement sur la petite arête où deux longueurs annoncées faciles doivent nous amener à la partie escalade proprement dite.
Cependant, il ne fait pas trop chaud, le cadre est splendide et on prend du plaisir à être là. La vue sur le lac devient de plus en plus plongeante. Après ces trois longueurs que l'on peut à peine qualifier "d'échauffantes", on attaque une partie plus redressée.
Le soleil nous rejoint dans cette longueur en joli petit 5
C'est là que les choses vont se dégrader. Patrick part en tête tout sourire dans L5 en 5 sup. A l'aise dans ce niveau, il fonce jusqu'à dépasser le relais (sans le savoir), s'apercevant alors que ça fait un moment qu'il n'a pas mousquetonné de point. Je lui indique qu'il semble être trop à droite, qu'il devrait aller voir sur l'arête où la voie devrait se dérouler d'après mes infos. Il me répond qu'il va poser un coinceur dans quelques mètres.
Et c'est le vol. Je comprends immédiatement que le vol va être important et que ce n'est pas sûr qu'il s'arrête avant la vire du relais où je suis. Il vole avec deux blocs dans les mains. Les deux blocs arrivent sur moi. Pour me protéger, je dois sauter sur le côté droit. Fort heureusement, je ne suis pas vaché serré. Dans le "plongeon", pas facile d'orienter la corde correctement dans le système d'assurage. elle me glisse un peu dans les mains. Je serre. Je brûle. Patrick s'arrête à un mètre de la vire, sans avoir touché le moindre caillou, sans la moindre blessure. Les mains en sang, j'éclate alors de rire. Un rire sans doute un peu jaune.
Bon maintenant on fait quoi ?
Descendre en rappel ? Pas question, c'est pas équipé pour, c'est plein de blocs instables et ma main ne va pas aimer. Je propose donc à Patrick, s'il se sent, de finir en tête les trois longueurs restantes, prudemment, alors que je grimperai derrière avec une seule main, l'autre étant équipée d'une chaussette imbibée d'eau toutes les trente secondes par le biais de ma pipette et servant juste à m'équilibrer.
Les deux longueurs suivantes sont très belles. On n'en profite pas trop, bien que je pense à faire quelques photos.
Un pilier très esthétique en 5sup max. Je finirai en tête dans la dernière longueur, mon compagnon, éprouvé par ce grand vol (15-20 mètres) ne se faisant pas prier. Retour à la maison sans encombres. Pour l'un, sans doute quelques journées de médition quant à cette erreur, pour l'autre, 15 jours (au moins) sans grimper à faire des pansements. Bon, ce n'est pas bien grave tout ça, au regard de ce qui aurait pu advenir.