Publié le 24 Juin 2024

Après deux jours à "couenner" dans la cuvette grenobloise, il me fallait une journée de "repos". Après l'ouverture en 2015, un deuxième passage en 2019 avec Valériane suite à un but au Fort lors d'une tentative d'ouverture (uniquement avec des Friends ce qui s'est avéré impossible), deux autres en 2020 (rééquipement de la voie sur plaquettes puis parcours avec Emie), me voici une cinquième fois dans cette petite voie sans prétention en versant est des Grands Moulins nommée : "papier, caillou, ciseaux".

Entre temps, il y a eu plusieurs passages et tous me confirment une jolie voie pleine d'intérêt pour débuter et de surcroît en excellent rocher. Le hic, c'est qu'en 2020, j'avais fait le travail incomplètement en laissant trois relais sur un point + anneau de cordelette autour d'un becquet et même le relais final sans point (anneau à mettre autour d'un bloc). Les voies très faciles pour apprendre sont rares. Celle-ci étant équipée, autant finir le travail complètement. Je suis donc venu mettre les points manquants. On peut maintenant la parcourir avec un jeu de 7 dégaines et un brin de corde à simple sans se prendre la tête pour les relais. J'en ai profité pour ajouter deux lunules et remplacer toutes les cordelettes par des cordelettes bleues afin de rendre visibles les relais voire un ou deux points assez loin (dans du facile, pas de panique).

Papier, caillou, ciseaux (II)

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #escalade-alpi

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Publié le 17 Juin 2024

En 1942, deux personnages issus du grand monde de l'alpinisme deviennent des acteurs de premier ordre dans la résistance à l'occupation nazie en région grenobloise. Pierre Dalloz, depuis son repère de Sassenage et Alain le Ray en tant que chez des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), organisent des actions considérées comme terroristes par l'ennemi et causent de nombreuses pertes, notamment lors d'embuscades dans le Vercors.

De tout temps, l'homme a résisté pour deux grandes raisons. Repousser la mort qui demeure inévitable et donne tout son sens à la vie et, en parallèle, faire que la vie qui du coup n'est que provisoire, soit la moins difficile ou la plus agréable possible. Chacun résiste à son échelle, à ses problèmes. Parfois, la solution réside non pas dans la recherche d'un retour en arrière mais dans une adaptation.

La nature s'organise elle-aussi ; elle tente de s'adapter au rapide changement climatique. Il a déjà fait bien plus chaud sur terre mais, sans cataclysme brutal, pas aussi rapidement qu'aujourd'hui. La planète s'en remettra. Mais pour nous, cela va passer par des adaptations plus ou moins difficiles.

Depuis les années 80, le réchauffement est perceptible, notamment avec le recul constant des glaciers. Les années "répit" sont rares : en trente ans, les années favorables à la temporisation se comptent sur à peine plus que les doigts de la main :  1994, 1995, 1997, 2001, puis 2013, 2014 et 2021 pour le massif des Ecrins par exemple. Sans entrer dans des détails (je ne suis pas spécialiste de la question) précis, il faut s'intéresser à ce qui se passe en altitude, disons, au-dessus de 2500 mètres.

Les glaciers offrent une réserve d'eau permanente. Dès l'automne, normalement, ils s'enneigent et le restent jusqu'au début de l'été. La neige de l'hiver fond peu à peu à partir du printemps et à un moment, le glacier est "à nu", c'est-à-dire que la neige (ou la glace) de surface, n'est plus celle de l'hiver précédent. A partir de là, il est "attaqué". La partie basse davantage évidemment. Son lent mais certain écoulement vers l'aval a pour conséquence un équilibre lorsque les températures sont stationnaires d'une année à l'autre, ce qui n'arrive évidemment jamais, d'où des fluctuations plus ou moins importantes.

Au-dessus de 2500 mètres, la fonte se fait sur la période estivale. Pour faire court, à partir de début juillet. Ce sont donc les mois de juillet et d'août qui sont les plus critiques même si septembre peut aggraver la chose comme l'année dernière. Deux mois. Cela paraît peu mais c'est énorme. C'est pourquoi je trouve intéressant de s'intéresser à la date à laquelle le sol enneigé de l'hiver passe au sec. Nous disposons pour cela de plusieurs outils dont les balises Nivôse Météo-France.

Près de chez moi, la balise de l'Aigleton est sur une des stations les mieux enneigées de France à cette altitude (2250 m). Je note précieusement chaque année la date à laquelle elle passe à zéro, de même que pour celle de Bonnepierre, Sept-cents mètres plus haut dans le massif des Ecrins. Le tableau ci-dessous indique la date de la fonte totale de la neige au niveau de la balise, puis la date moyenne, l'écart-type et le classement.

Résistance

On y observe quelques divergences selon les saisons étant donnée la différence d'altitude (cette année est excellente en haute montagne et très mauvaise en moyenne par exemple). Avec un écart-type de 13 jours, l'Aigleton nous apprend que deux semaines d'avance annoncent une catastrophe. Cette année, avec deux semaines de retard (la date mentionnée est supposée puisque la neige n'a pas encore totalement fondue - 3e rang probable sur 20 ans, pas mal du tout), on a donc gagné près d'un mois sur les mauvaises années (2022, 2020, 2017, 2011...) ce qui est une excellente nouvelle.

Pour les glaciers, la balise de Bonnepierre accuse encore 280 cm au sol. Sur trente ans, il y a près d'une dizaine d'années durant lesquelles à la date actuelle, elle était déjà pas loin d'être proche de zéro. Le cru d'altitude s'annonce donc encore meilleur. Il est difficile de faire des projections mais il apparaît impossible qu'à la date (moyenne sur trente ans) du 11 juillet, il n'y ait plus de neige à Bonnepierre (ce qui correspondrait à une fonte moyenne de 13 cm par jour), d'autant qu'on n'annonce pas de températures caniculaires pour les deux semaines à venir.

Avec un scénario pessimiste d'une perte de 10 cm par jour, cela tiendrait jusqu'au alentours du 20 juillet, plaçant 2024 dans les dix meilleures années. Et avec -7 cm/jour, on tiendrait jusqu'au mois d'août. Maintenant, tout est possible, y compris une nouvelle canicule historique à partir de début juillet. Mais en tous cas, à l'heure actuelle, sans être exceptionnelle, l'année 2024 marque pour l'instant une petite résistance contre la courbe entamée ces dernières années.

Lac Blanc de Freydane (Belledonne) ce 16 juin avec Emie et Stella. Neige omniprésente à partir de 2200 mètres d'altitude. Des conditions que nous voyons habituellement fin mai ou début juin. A noter quand même qu'en 2013, on observait le même enneigement autour du 10 juillet...

Lac Blanc de Freydane (Belledonne) ce 16 juin avec Emie et Stella. Neige omniprésente à partir de 2200 mètres d'altitude. Des conditions que nous voyons habituellement fin mai ou début juin. A noter quand même qu'en 2013, on observait le même enneigement autour du 10 juillet...

Cette neige bien présente en montagne repousse quelques uns de nos projets verticaux mais ne nous plaignons pas. En attendant, avec Hervé et Gérald, nous sommes allés ajouter trois longueurs (50 ; 30 et 45 m) à la suite de "la folie des grandeurs" dans les aiguilles de l'Argentière (tête des Cos). Pour trouver la suite, du sommet de la "folie", traverser à gauche sur la vire à bouquetins (comme pour prendre la voie de descente à pied), horizontalement sur 20 mètres pour trouver une plaquette à cordelette orange. La suite commence ici par une grande longueur facile complètement en traversée à gauche afin de rejoindre la vire supérieure sous un ressaut d'une petite centaine de mètres en excellent gneiss. On sort dans les banquettes supérieures totalement enneigées actuellement. Descente possible en deux rappels puis marche ou par la droite sur un système de vires (une plaquette avec maillon pour un petit rappel éventuel).

Compte tenu de l'actualité et de la résistance qu'il va falloir mettre en place dans d'autres domaines, nous nous sommes amusés, bien que ce soit tout sauf marrant, à nommer cette petite voie "ça va barder là". Bonne grimpe !

Résistance
Résistance
Résistance
Le tracé en attendant mieux. La voie est équipée de 29 goujons de 10 inox Petzl. Merci à mon entreprise préférée de soutenir l'équipement et le rééquipement en Belledonne. Coinceurs inutiles.

Le tracé en attendant mieux. La voie est équipée de 29 goujons de 10 inox Petzl. Merci à mon entreprise préférée de soutenir l'équipement et le rééquipement en Belledonne. Coinceurs inutiles.

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #escalade-alpi, #nivo-météo

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Publié le 9 Juin 2024

Avec la météo qui perdure depuis presque deux mois (je n'ai pas le souvenir d'un printemps aussi longuement perturbé...), il faut essayer de profiter des quelques fenêtres météo.

Un petit tour dans Belledonne pour aller équiper un ensemble de pointes secondaires, petit but d'escalade pour les jours de temps incertain. Après deux heures d'attente dans la voiture, nous parvenons sur place les pieds remplis de boue.

La première pointe visée est sèche. Nous ouvrons deux longueurs dont un joli 6a sur réglettes en L1 après repérage et installation des relais en montant par derrière. Surprise : nous découvrons que les deux pointes suivantes sont en cours d'équipement par une autre équipe. Pas question d'interférer. Nous repérons un peu la suite de l'enchaînement prévu mais cela n'ira pas plus loin pour aujourd'hui. Nous en profitons pour grimper ce qui est équipé et enchaîner L1, une bien jolie longueur. A suivre.

Entre les gouttes (III)
Entre les gouttes (III)
Entre les gouttes (III)

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #escalade-alpi

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Publié le 8 Juin 2024

Il y a quelques temps, je publiais un petit billet sur ma vallée, version hiver. Je n'ai pas grand chose à y ajouter si ce n'est que je m'y suis attaché un tout petit peu plus, le temps aidant. Et ce, même si je regrette profondément sa culture intensive du maïs et son urbanisation grandissante avec la floraison de nouveaux lotissements chaque année, au détriment de zones naturelles.

Quand je n'ai pas suffisamment de temps ou que la météo est très incertaine, je n'hésite pas à prendre mon vélo et à parcourir les chemins agricoles, jumelles et appareil photo dans ma sacoche. Et je n'arrête pas de découvrir des zones intéressantes et de nouvelles espèces. Ces petites sorties me motivent et me font parfois préférer la proximité au coup de bagnole pour rejoindre un parking d'altitude. Voici quelques unes des dernières rencontres. Matériel utilisé : Canon R8 + RF 100-500 (+TC 1,4)

Le chevêche d'Athena. Nettement plus grande et nettement plus farouche que sa petite cousine la chevêchette, maintes fois présentée sur ce blog. Photos faites à l'affût dans une tente sur son territoire de chasse.
Le chevêche d'Athena. Nettement plus grande et nettement plus farouche que sa petite cousine la chevêchette, maintes fois présentée sur ce blog. Photos faites à l'affût dans une tente sur son territoire de chasse.
Le chevêche d'Athena. Nettement plus grande et nettement plus farouche que sa petite cousine la chevêchette, maintes fois présentée sur ce blog. Photos faites à l'affût dans une tente sur son territoire de chasse.
Le chevêche d'Athena. Nettement plus grande et nettement plus farouche que sa petite cousine la chevêchette, maintes fois présentée sur ce blog. Photos faites à l'affût dans une tente sur son territoire de chasse.
Le chevêche d'Athena. Nettement plus grande et nettement plus farouche que sa petite cousine la chevêchette, maintes fois présentée sur ce blog. Photos faites à l'affût dans une tente sur son territoire de chasse.

Le chevêche d'Athena. Nettement plus grande et nettement plus farouche que sa petite cousine la chevêchette, maintes fois présentée sur ce blog. Photos faites à l'affût dans une tente sur son territoire de chasse.

Le guêpier d'Europe. Photos faites à l'affût derrière un filet de camouflage.
Le guêpier d'Europe. Photos faites à l'affût derrière un filet de camouflage.
Le guêpier d'Europe. Photos faites à l'affût derrière un filet de camouflage.
Le guêpier d'Europe. Photos faites à l'affût derrière un filet de camouflage.
Le guêpier d'Europe. Photos faites à l'affût derrière un filet de camouflage.

Le guêpier d'Europe. Photos faites à l'affût derrière un filet de camouflage.

Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.
Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.
Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.
Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.
Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.
Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.

Rousserole effarvate. Photos à main levée en bordure d'un petit canal où elle chante tous les jours.

Faucon kobez mâle (en migration, non nicheur en France). Photo faite à main levée à l'approche.

Faucon kobez mâle (en migration, non nicheur en France). Photo faite à main levée à l'approche.

Rossignol philomèle. Photo faite à main levée, en attendant à proximité d'un buisson où il chante régulièrement.

Rossignol philomèle. Photo faite à main levée, en attendant à proximité d'un buisson où il chante régulièrement.

Bouscarle de Cetti. Photos faite à main levée, en attendant à proximité d'un buisson où elle chante régulièrement.
Bouscarle de Cetti. Photos faite à main levée, en attendant à proximité d'un buisson où elle chante régulièrement.

Bouscarle de Cetti. Photos faite à main levée, en attendant à proximité d'un buisson où elle chante régulièrement.

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Rédigé par lta38

Publié dans #animaux

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Publié le 7 Juin 2024

Nous voici entrés dans l'été météorologique ; c'est le moment de faire le bilan de cet hiver 2024 plutôt atypique. Sans entrer dans les détails, voici les grandes lignes de cet hiver.

- Un enneigement minimal en moyenne montagne. Moins pire que l'année précédente durant laquelle je n'avais pas du tout skié en Chartreuse mais des redoux plus nombreux ayant eu raison dès fin janvier de la neige tombée en basse montagne durant le mois.

- Une pluviométrie excédentaire : déjà + 6% sur la moyenne de la saison glissante et il manque encore trois mois...

- Un printemps remarquablement frais et humide. Ce qui n'est pas sans rappeler 2013 et 2001. En 2001 et 2013, l'excédent était tel qu'on skiait encore à 1800 m à la fin juin dans les Ecrins et en Belledonne. Cependant, en altitude (disons, à partir de 2200-2500 m selon les massifs), 2024 se hisse parmi les meilleures années (probablement dans le top 5) de ces trente dernières années.

En fouillant dans les archives, on note les hauteurs de neige suivantes au 7 juin :
- Aigleton 2240 m (Belledonne) : 2013 = 250 cm ; 2024 = 120 cm (pas de relevé pour 2001)
- Bonnepierre 2970 m (Ecrins) : 2001 = 380 cm ; 2013 = 2024 = 340 cm

Sur un autre critère, cette même balise de Bonnepierre n'est passée à zéro que trois fois durant les trente dernières années : 2001 (19 août) ; 2013 (7 août) ; 1994 (5 août)

Il en ressort bien que 2024 est un excellent cru pour la neige en haute montagne (au-dessus de 2300 m) ; un hiver normal entre 1800 et 2000 m et déficitaire en-dessous. Atypique on vous dit.

A noter une autre évolution entre 2001 et 2024. A l'époque (2000-2006), avec un niveau de ski plus limité, du matériel plus lourd et moins performant et des informations beaucoup plus parcellaires, nous skiions prudemment les couloirs mythiques des années 70-80 (Infernet, Sabre, Bérarde...) et passions pour des illuminés malgré nos virages sautés parfois peu esthétiques. Et quand nous en faisions deux dans la journée c'était un petit exploit. Aujourd'hui, quand elles sont en conditions, des dizaines de skieurs les dévalent à coup de grandes courbes. Et là où nos yeux ne se posaient même pas (Ailefroides...), et c'est pas faute de les avoir eu grands ouverts et d'avoir réalisé des topos, ça skie aujourd'hui de manière fort élégante.

Dix ans plus tard soit à la fin de la première décade des années 2010, nous considérions les enchaînements à la journée des regrettés Nicolas Wirsching et Stéphane Brosse (plusieurs fois 3 à 4 couloirs en 5.1-5.3 pour 4000 de dénivelé) comme les plus belles réalisations. C'était l'avenir du ski de pente.

Aujourd'hui, nous en sommes totalement convaincus avec le mois de mai remarquable du duo Jean-Védrines, totalisant parfois jusqu'à 6000 mètres de dénivelé dont plus de la moitié de pentes raides. L'apothéose sur la Meije :
- Agneaux par les 5 faces (Davin 4.3/Est 5.2/Sud 4.3/Directe 5.2/Calotte 5.1) (au mois de février)
- Epéna nord à vue (première répétition 5.4-5.5)
- Trilogie du Diable (pic Maître 5.4/Diable 5.4/Ange 5.4)
- Pic Sans Nom nord (5.5) + Ailefroide centrale (5.4-5.5)
- Ailefroide orientale nord (5.5)
- Ailefroide voie des Plaques (5.5)
- 4 faces à la Meije (Z 5.4/Gravelotte 5.4-5.5/Corridors 5.3-5.4/Orientale nord 5.3)
Sans compter que le jeune guide l'Ubaye Nicolas Jean a aussi "sévi" dans sa vallée tout au long de l'hiver, parfois en compagnie du très discret Julien Savy : au moins une douzaine d'ouvertures dans le 5 et autant de répétitions. Quelle saison !!!!

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Rédigé par lta38

Publié dans #nivo-météo, #ski-glisse

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