Publié le 26 Mars 2021

Pour ce petit créneau de l'après-midi, prenons un peu de d'altitude et visons les versants nord-ouest, ceux qui dégèlent le moins vite et avec espoir que ce ne soit pas trop mou du fait de l'arrivée d'un voile précédant la perturbation de la nuit. Direction la dent de Bédina et ses nombreux couloirs que Cécile n'a jamais fait. Il faut dire que moi-même, je n'y mets pas souvent les pieds. La faute à la proximité de la station qui déverse d'une part son flot de skieurs hors-pistes crayonnant en une seule demi-journée la moitié inférieure de la course, et d'autre part, les quelques amateurs de "télé-rando" qui gravissent en crampons l'arête nord de la Jasse puis viennent ici en mettant à peine les peaux. J'avais réalisé seulement deux fois le couloir de la dent Noire : en 1998 avec mon ami Nico Cardin, à une époque où on pouvait y être les premiers trois jours après une chute de neige. Puis plus récemment durant une session ski-test. Ce sera donc seulement mon troisième passage ici, pile face à la dent de Crolles skiée deux jours auparavant. Après quelques sections poudreuses en rive gauche, on retrouve une neige transformée bonne à skier et ce, jusqu'à rejoindre le vallon classique de Bédina par le couloir médian, lui-aussi moins tracé que d'habitude. En partie basse, ça devient carrément collant et il faut même pousser dans la traversée où nous avons l'impression d'avoir gardé les peaux. Heureusement, cela ne dure pas et la piste de ski sera même excellente, bien damée et lisse alors que d'habitude, c'est souvent un immonde champ de bosses. Une bien belle petite sortie avec des contrastes métalliques.

La Dent d'en-face
La Dent d'en-face
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La Dent d'en-face
La Dent d'en-face

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #ski-glisse

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Publié le 24 Mars 2021

Je ne pensais pas y revenir à skis cet hiver. Ce n'est pas la première fois que la dent de Crolles repassait au vert en plein hiver mais généralement, cela se produit en décembre ou début janvier suite à un épisode de foehn sur une neige tombée récemment. A la vue des habituels mois de mars, l'espoir était maigre de compter sur un réenneigement de fin d'hiver après l'anticyclone doux de la deuxième partie de février. Et du même coup, je pensais noter dans mes tablettes la date de fin de ski la plus précoce sur cette montagne depuis le (très) mauvais hiver 2011. Finalement, cette énorme (un mètre en moyenne) chute de neige providentielle de la mi-mars fait qu'on s'achemine grosso modo vers un hiver tout à fait normal en Chartreuse voire même un peu meilleur que la moyenne en terme d'enneigement (durée et cumuls). Et si on regarde la qualité de ski, il se glisse avec 2013 comme les meilleures saisons dont j'ai le souvenir.

Dent de Crolles, pas de l'Oeille (ski 4.1/E4) ; montée par le sentier de la Gorgette (tout à peaux jusqu'au sommet), descente classique.

Quelques belles faces de Belledonne, contrastes plateau/plaine, corniche et bibi au sommet
Quelques belles faces de Belledonne, contrastes plateau/plaine, corniche et bibi au sommet
Quelques belles faces de Belledonne, contrastes plateau/plaine, corniche et bibi au sommet
Quelques belles faces de Belledonne, contrastes plateau/plaine, corniche et bibi au sommet
Quelques belles faces de Belledonne, contrastes plateau/plaine, corniche et bibi au sommet

Quelques belles faces de Belledonne, contrastes plateau/plaine, corniche et bibi au sommet

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Rédigé par lta38

Publié dans #Chartreuse, #ski-glisse

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Publié le 21 Mars 2021

Aimant alterner sorties bien accompagné et sorties seul, je ne voulais pas de contrainte pour ce lendemain de grosse bambée. Pas de réveil, pas de programme ; je sais juste que je partirai à nouveau de Pipay pour une balade de récup', tout en profitant des excellentes conditions. Finalement dans le même timing que François et Cyril, c'est avec plaisir que nous attaquons ensemble. Connaissant les capacités motrices de ces deux "animaux", qui plus est équipés d'allumettes, je sens que je vais devoir m'accrocher avec mes lattes de 98 au patin... Heureusement, il faudra tracer une partie et seule la montée à la Jasse les verra m'attendre quelques instants, sous l'élan impulsé par Ronan rencontré en chemin. Au chalet du Pra, les deux compères vont profiter de mon plan de la veille aux Cabottes. De mon côté, je remonte aux Oudis avec Hélène et Marco et je viens de rencontrer. Impossible de finir cool avec une Hélène qui, comme d'hab, fait la modeste mais enquille à 800-900 m/h tranquillement. Rejoins par Guillaume à mi-montée, je laisserai mes deux amis descendre sur Prapoutel et finir par la face ouest de Roche Noire avec Guigui. Une top matinée encore ! 

Mais fi de ce récit sans vraiment d'intérêt. Ce qui peut poser question au lecteur, c'est le niveau de risque accepté lors d'une telle sortie. Je suis le premier à ne pas comprendre les nombreux skieurs qui remontent les Combeynot, la Belle Etoile, la dent du Pra et autres pentes nord assez raides au coeur de l'hiver. Alors pourquoi le faire ces jours dans des conditions hivernales ? C'est là qu'il y a des choix personnels, dictés par l'intuition (et donc l'expérience des années passées) et aussi une certaine logique de circuit. Tentative d'explications.

- Le confort. Ce point demeure mineur mais quand même. En plein hiver, les faces exposées au soleil restent souvent poudreuses pour peu qu'on sache choisir les micro-orientations favorables. Je ne vois pas l'intérêt de passer deux heures (ou plus) dans un frigo alors qu'il fait grand beau. En mars, le soleil "monte" beaucoup plus haut et apparaît dans les faces nord. Les passages totalement ombragés sont beaucoup plus courts et peuvent même faire du bien s'il fait doux.

- La sécurité. C'est là le critère principal. Il est clair qu'en hiver, les faces nord ne bougent normalement pas. Les couches fragiles demeurent. Cette année, les chutes de neige ont été nombreuses mais pas très épaisses. On a eu donc droit à un manteau de type "mille-feuille", favorable aux plaques comme en témoignent les accidents d'avalanche en hausse par rapport aux années précédentes. Voici l'analyse que je fais des conditions actuelles :

  • Y compris en faces nord, l'anticyclone de fin février - début mars avait détruit les couches fragiles.
  • Je suis moins inquiet après une chute de 80 cm que trois chutes de 15 cm
  • Le vent a plutôt soufflé du nord sans s'engouffrer dans ces vallons ; c'est plutôt rassurant pour les faces nord qui sont restées poudreuses et homogènes sauf à proximité immédiate des crêtes où la neige était plutôt dure, parfois avec 10 cm de neige rapportée.
  • Le test du bâton était favorable. Ce test tout bête qui consiste à "sentir" le manteau à chaque planté de bâton (tout en montant) n'est en rien une garantie mais par habitude, je sais qu'il correspond souvent à des situations de relative stabilité. En résumé, la neige était de plus en plus dense au fur et à mesure que le bâton s'enfonçait. On ne sentait pas de couche fragile. Attention, elles peuvent tout à fait passer inaperçues toutefois.
  • La conversion ne montrait pas de signe de faiblesse. En appuyant au-dessus de la trace, la neige ne se découpait pas. Là encore, c'est insuffisant comme critère mais nécessaire.
  • L'observation visuelle joue également un rôle important. Aucun départ de plaque n'était visible, juste quelques coulées mineures de surcharge, sans doute partie pendant ou juste après les chutes. En plus, de nombreuses traces dans le coin, y compris sur des talus raides, n'ont rien montré d'inquiétant.

Alors voilà, ce n'est pas véritablement de la science de haut niveau. La neige n'a pas fini de nous surprendre mais pour toutes ces raisons, j'ai dérogé aujourd'hui à la règle que je me fixe en hiver en parcourant ces faces nord aussi bien en descente qu'en montée. Le seul point qui m'a fait réfléchir fut la dernière pente nord de la dent du Pra sous les assauts d'un vent tourbillonnant créant quelques accumulations de surface. Ces zones n'étaient pas très vastes et il m'a semblé qu'en les évitant, le risque demeurait limité.

Je ne puis toutefois encourager les skieurs à foncer sur ces mêmes pentes dès aujourd'hui. D'abord parce qu'avec de telles quantités de neige fraîche en place, on ne peut rien garantir du tout ; et ensuite, parce que le vent qui continue de souffler du nord a pu redistribuer les choses depuis hier.

Pipay => Gypaète => vallons du Pra => dent du Pra (par le nord) => descente ouest (Vénétier) => cime de la Jasse => couloir nord-est jusqu'au chalet du Pra => Oudis => Roche Noire => face ouest sur Pipay (seulement deux traces à 13h, sur-bon...). D+/D- : 2300

L'anecdote du jour :
Au sommet des Oudis, on s'apprête à faire la dernière descente en face ouest mais Hélène et Marco, partis de Prapoutel, préfèrent profiter de la combe menant au bas du Gypaète pour ne pas saboter la fin par une piste plate. Du coup, je propose à Guillaume (parti lui-aussi de Pipay), de descendre 100 m et remonter à la Roche Noire où deux skieurs semblent en train de se régaler dans le couloir ouest (et où il n'y a pas d'autre trace). On enlève les peaux et on rejoint le petit col en haut de Mataru. Je pars droit et amorce le virage pleine vitesse. Et là, je me retrouve sur ce passage assez étroit, face à deux groupes qui montent les uns à côté des autres. Pour éviter de les empaler, je dois placer un gros dérapage brutal. C'est là qu'un ski déchausse. Et bim au tapis. Ca a beau être presque plat, avec la vitesse j'ai du mal à m'arrêter et doit appuyer avec le pied déchaussé pour éviter de m'encastrer dans le premier groupe qui ne parvient pas à récupérer le ski. Heureusement, le second s'en charge. J'aurais été mal si j'avais dû annoncer à Ronin Skis, la perte d'une planche à 1200€ lors de cette journée test. La honte devant ces deux groupes apparemment débutants. "Mais Monsieur, il faut mettre des lanières.". Ils étaient très sympa et m'ont pris pour un bleu. Pas possible de m'embarquer dans une discussion pour expliquer le choix de ne pas mettre de leaches. De toutes façons, sur les Plum Race... Et c'est bien là le problème : sur ces fixations, l'espace entre les ressorts de la mâchoire et le ski est supérieur à celui des Dynafit et la glace s'y met régulièrement. S'il en reste trop, on le voit immédiatement au chaussage avec le jeu dans la butée. Par contre, ça peut être limite et on peut ne pas s'en rendre bien compte. C'est ce qui a dû se passer. Ca n'aurait sûrement pas déchaussé avec le type de ski pratiqué tout le long du week-end mais ce braquage brutal en neige damée était sans doute trop violent. Cela conforte aussi mon choix d'avoir des peaux avec tendeur à l'avant (et donc une spatule fendue, d'origine ou maison avec une scie à métaux) ce qui permet, outre de gagner du tempos dans la manip', d'éviter de déchausser avant de descendre. Double avantage supplémentaire : on ne perd pas de ski au sommet et on est certain que la mâchoire est bien fermée puisqu'elle a tenu toute la montée. Bon, je ne sais pas si Ronin aurait apprécié le coup de la scie à métaux...

Quelques images prises dans la montée à la dent du Pra nord, parce qu'il fallait tracer et que les compères ne pouvaient pas trop bourriner. Le reste du temps, impossible de prendre des photos, même avec l'appareil prêt à dégainer sur la bretelle du sac
Quelques images prises dans la montée à la dent du Pra nord, parce qu'il fallait tracer et que les compères ne pouvaient pas trop bourriner. Le reste du temps, impossible de prendre des photos, même avec l'appareil prêt à dégainer sur la bretelle du sac
Quelques images prises dans la montée à la dent du Pra nord, parce qu'il fallait tracer et que les compères ne pouvaient pas trop bourriner. Le reste du temps, impossible de prendre des photos, même avec l'appareil prêt à dégainer sur la bretelle du sac
Quelques images prises dans la montée à la dent du Pra nord, parce qu'il fallait tracer et que les compères ne pouvaient pas trop bourriner. Le reste du temps, impossible de prendre des photos, même avec l'appareil prêt à dégainer sur la bretelle du sac
Quelques images prises dans la montée à la dent du Pra nord, parce qu'il fallait tracer et que les compères ne pouvaient pas trop bourriner. Le reste du temps, impossible de prendre des photos, même avec l'appareil prêt à dégainer sur la bretelle du sac

Quelques images prises dans la montée à la dent du Pra nord, parce qu'il fallait tracer et que les compères ne pouvaient pas trop bourriner. Le reste du temps, impossible de prendre des photos, même avec l'appareil prêt à dégainer sur la bretelle du sac

Ah si, en bas des descentes. Ici dans le couloir nord-est de la Jasse, vierge et sur-rempli. Ronin 98 : 1 ; Pierra Menta 65 : 0

Ah si, en bas des descentes. Ici dans le couloir nord-est de la Jasse, vierge et sur-rempli. Ronin 98 : 1 ; Pierra Menta 65 : 0

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Rédigé par lta38

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Publié le 20 Mars 2021

Devant les conditions semblant exceptionnelles et pas trop inquiétantes malgré la quantité de neige fraîche, je lance une proposition à Ju' et c'est parti. Pipay 7h. On pousse les skis dans les traces de la veille mais rapidement, le petit vent a comblé les tranchées et il faut s'y atteler. Je n'avais pas prévu de forcer comme ça sur le domaine de la station. Sommet du Gypaète et c'est parti pour une première descente grosses courbes dans les vallons du Pra. On remet les peaux pour franchir le col de l'Evêque. C'est ici qu'on prend la mesure des conditions. Le bâton s'enfonce parfois jusqu'à la poignée mais la résistance de la neige est de plus en plus forte au fur et à mesure que l'on s'enfonce. C'est plutôt bon signe. Ces conditions sont homogènes : aucun passage n'échappe à cette règle. Il n'y a pas de signes visuels de plaques récentes. A chaque conversion, il n'y a aucun signe de détachement. Ces trois conditions ne peuvent pas être suffisante pour garantir la sécurité dans ces grandes pentes à 35 degrés avec autant de neige fraîche. Mais de notre expérience, nous sommes confiant. Nous faisons donc le choix de poursuivre. De l'autre côté, c'est l'autoroute... On se cale dans la trace montant à la Belle Etoile et on finit par rattraper le premier traceur et donc, s'atteler à nouveau à la trace, heureusement facile sur le nez final. Sommet. On plonge sans attendre en face est jusqu'au lac. De là, on remet les peaux direction les Cabottes. Le final est toujours aussi beau et aérien. Le vent est tombé. La descente des Cabottes, faite il y a peu, sera dans les mêmes conditions que la dernière fois. Cette fois, pas de couloir en S mais la directe ouest avec son attaque toujours raide et béton. Rapidement, ce sera grosse poudre. Cette grosse poudre sera continue de 2650 à 1350 m. Sans commentaire... C'est plié en moins de dix minutes. Nous attrapons le brouillard qui aura privé de soleil tous ceux qui auront choisi les Préalpes ou seront partis trop tard ce jour. La remontée au Playnet puis jusqu'à l'Oursière sera donc sous puis dans le nuage. L'ultime descente, en face ouest des Oudis nous offre la chance de passer sous le nuage et donc, une excellente visibilité, achevant la plus belle sortie de la saison avec 2800 m de dénivelé.

Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
Ouch la sortie !!! (II)
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Ouch la sortie !!! (II)

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Rédigé par lta38

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Publié le 17 Mars 2021

L'hiver calendaire n'est pas encore terminé. Et de manière générale, en moyenne montagne, la plus grosse chute de neige ne survient pas forcément au coeur de la saison froide. Cela varie de novembre à avril et ce gros paquet, venant subitement remettre l'hiver au goût du jour après trois semaines de printemps précoce, n'a rien d'anormal.

La Chartreuse a été un des massifs les plus touchés avec 70 cm sur le plateau des Petites Roches à 1000 m d'altitude. Un léger redoux a humidifié la neige jusque vers 1200 m mais de toutes façons, il ne faut pas espérer la conserver à cette altitude une fois le beau temps revenu. La bonne nouvelle pour le skieur, et pour remettre la venue du printemps à une date plus normale, c'est que la saison d'hiver est prolongée. Les prévisions annoncent que l'on devrait rester sous les normales saisonnières pendant encore une semaine ce qui signifie que début avril, on ne sera probablement pas revenu au point où l'on était au début mars. On pourra alors commencer à entrevoir à quoi ressemblera la fin de saison pour le skieur et notamment les limites d'enneigement qui déterminent le portage et avec, la motivation.

Côté ski, il va cependant falloir attendre un peu. Les compte-rendus s'emballent sur la toile. On confond souvent la réelle qualité de la neige et le plaisir d'être en montagne dans ces paysages magnifiques. Au Grand Rocher avec les filles, dans une belle tempête qui nous verra chausser avant la crête terminale, légèrement à l'abri sous un sapin, l'épaisse couche de neige était assez dense. La tassement du mardi s'est opéré avec le soleil qui commence à toucher les versants nord. Seule la couche supérieure tombée ces dernières vingt-quatre heures (+15 cm) était réellement légère. Le ski était physique et les filles n'auront pas démérité. Il fallait a minima 95 au patin pour faire quelque chose. Plus large aurait été meilleur. Sans parler de la nivologie. Les observations du début de semaine ont été douteuses. On va attendre un peu avant de s'aventurer dans les étages supérieurs.

La plus grosse chute de l'hiver
La plus grosse chute de l'hiver

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Rédigé par lta38

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