Mon activité autour du loup est quelque peu ralentie. Comme souvent autour de la faune, j'aime prendre les espèces les unes après les autres et apprendre à les connaître. J'ai passé deux années et demi à essayer de suivre les loups d'une vallée et j'ai beaucoup appris. Alors certes, je me considère toujours comme novice et ai encore beaucoup à apprendre. Mais il faut reconnaître que l'ampleur de la tache est parfois décourageant : d'abord le terrain (du dénivelé, de la distance, du hors-sentier parmi le pire de ce qu'on doit rencontrer dans nos Alpes), ensuite l'animal (un fantôme, une intelligence), au final la goutte d'eau dans un vase bien plein, le vol de deux caméras cette année.
Si la pilule de la première a été assez rapidement avalée, la seconde est passée plus difficilement avec un peu de résignation. Certains doivent peut-être s'en réjouir en lisant ces lignes. Je pense notamment à ceux qui détestent le loup pour des raisons qu'on connaît. Grand bien leur fasse ; pour ma part, il ne me viendrait pas à l'esprit d'être content lorsqu'un berger farouchement opposé au loup se ferait prélever des brebis par Isengrin. Au-delà de ces considérations personnelles, on peut se poser la question concernant la pose de ce type de caméras qui se généralise et notamment pour la protection de l'intimité de chacun. Pour le moment, la règlementation n'interdit pas vraiment de faire quoi que ce soit, encore qu'il faille théoriquement l'autorisation du propriétaire. Il faut notamment le prendre en considération lorsque nous sommes en terrain public (ex : ONF). Pour le reste, je peux comprendre que des personnes soient gênées par cette pratique, qu'elles soient chasseurs ou "simples" randonneurs. De mon côté, j'atteste que tous les plans de personnes sont systématiquement mis à la poubelle, sauf dans deux cas :
1- Personnes non reconnaissables (loin ou de dos), lorsque le plan pourrait me servir ;
2- Personne(s) susceptible(s) d'avoir vu ma caméra (pour éventuellement essayer - probablement en vain - de retrouver le coupable d'un vol a posteriori). Je précise que dans ce cas, les images sont gardées à la maison et non diffusées.
Il reste que le "passant" qui tombe sur une caméra peut ne pas avoir envie d'être filmé et être tenté de la voler. En ce qui me concerne, l'acte n'est quand même pas "facile" car il aura fallu couper le câble de sécurité (ou les attaches arrière) ce qui signifie que les coupables possédaient dans leur sac le matériel adéquat et donc, étaient déjà bien intentionnés ! Précisons qu'il existe une manière toute simple de signifier son mécontentement : il suffit d'ouvrir la caméra et de voler uniquement la carte mémoire. Evidemment, j'en serais un peu dégoûté mais ce serait nettement moins pire...
Pour en revenir à mon activité autour de ces caméras automatiques, elles restent indispensables pour apprendre, comprendre. C'est toujours un grand plaisir que de mettre la carte mémoire dans l'ordinateur et découvrir ce qui s'est passé pendant des semaines. Cette caméra avait été posée autour du 20 septembre et je n'y étais pas retourné depuis. Une fois sur place, terrain méconnaissable mais je retrouve assez facilement le bon arbre. Il faudra creuser : pas moins de deux mètres de neige à cet endroit !!!
225 vidéos. Il y aura de quoi éplucher. Au final, beaucoup de cerfs (normal, c'est leur coin), mais aussi du loup, renard, lièvre variable, martre, oiseaux... Un régal !! Sans compter encore un bon moment dehors et beaucoup de plaisir à se déplacer à skis sur la neige, avec quelques petites pentes au passage... et plus de 1600 m de dénivelé. Quand on aime, on ne compte pas !