L'arrivée de Canon dans le domaine des hybrides et la sortie en quelques mois de nombreux objectifs et boîtiers montre que le monde de la photo subit un second basculement après le passage au numérique au début des années 2000 : celui du passage au viseur électronique. Nous avons déjà vu ici les avantages et inconvénients de chaque système mais pour le résumer à nouveau rapidement, on pourrait dire qu'en acceptant un matériel un peu plus énergivore et en perdant la visée optique (argument moindre car je suis étonnamment surpris par les viseurs numériques), on gagnera sur les points suivants :
1- Compacité et poids du matériel (argument capital pour moi qui transporte tout ça en montagne)
2- Rapidité des obturateurs et des AF
3- Contrôle direct de l'exposition (argument moindre car l'histogramme demeurait à mon sens suffisant)
Pour ce passage à l'hybride, j'avais le choix entre conserver la totalité de mes objectifs et opter pour un boîtier performant ou prendre un boîtier d'entrée de gamme (tout en restant en plein format) et m'offrir un super télézoom pour les plans serrés et l'animalier. J'ai choisi cette seconde solution, sachant que le boîtier me conviendrait suffisamment pour 95% de mes images et que la qualité serait de toutes façons au rendez-vous.
Avec trois télézooms (70-200 f/2,8 et f/4 puis 100-500), Canon bouscule les standards en mettant la barre très haute concernant le critère poids/encombrement :
- RF 70-200 f/2,8 = 1070 g
- RF 70-200 f/4 = 695 g (et collier de pied inutile vue la compacité)
- RF 100-500 f/4,5-7,1 = 1370 g
C'est clairement ce troisième qui m'a immédiatement intéressé car ultra polyvalent, plus léger qu'un 70-200 f/2,8 en montures classiques et faisant office de super télé pour l'animalier. Confiant sur la qualité optique (ce que confirment toutes les "reviews"), deux points restaient toutefois négatifs :
- le tarif : 3100€ !!
- l'ouverture glissante à f/7,1
Pour le second, après observation du petit tableau ci-dessous, on se rend compte qu'il se comporte pratiquement comme le 100-400 Canon à focale équivalente (f/5,6 jusqu'à 363 mm) et mieux que le 100-400 Tamron ! Finalement, le f/7,1 n'intervient que sur la toute fin de la plage focale. On peut donc considérer ce téléobjectif comme un 100-400 classique auquel on peut aussi utiliser 25% de grossissement en plus. Et cette différence n'est pas minime car en plein format, la focale de 400 mm reste un peu juste. C'est véritablement à partir de 500 mm qu'on peut être considéré bien équipé en animalier.
En ayant donc gagné ces 25% (20% si on considère mon ancien ensemble 300 f/4 + TC 1,4) ainsi que 30% de définition permettant un peu de crop (EOS RP = 26 mp vs EOS 6D = 20 mp), l'ensemble devient fort intéressant.
Restait le tarif. Et là, je dois dire que j'étais refroidi. Cependant, l'offre Canon "créer votre kit" rembourse 300€ sur cette optique en l'achetant séparément avec un boîtier. Et sinon, il reste le 100-400 Tamron a un tarif redoutable.
Pour celles et ceux qui seraient intéressés par ce 100-500, voici quelques points de comparaison :
- Piqué : Pour s'en convaincre, voir ces images de chevêchette : monté sur le petit RP, le plus bas de gamme des hybrides, c'est supérieur à mon Canon EF 300 f/4 (sans extender) monté sur l'excellent 6D et ce, quelle que soit la plage focale. Ce zoom est au top de la technologie actuelle concernant la qualité d'image. Pour plus de précisions, je renvoie aux différents tests en ligne qui le donnent meilleur que les 100-400 de marque.
- En mains : le fût est un peu gros lorsqu'on travaille à main levée. Il faut s'y adapter quand on vient d'un 300 f/4 ou d'un 100-400 Tamron. En revanche, il semble du même gabarit que le 100-400 Canon dernière version.
- Poids réel. Si le poids correspond exactement à celui annoncé par le fabricant, il faut y ajouter le poids du pare-soleil (qui était inclus car télescopique sur le 300 f/4). Ainsi, tout compris (pare-soleil et bouchons), on est exactement à égalité avec le 300 f/4 + extender et 200 g au-dessus du 100-400 Tamron. Notons toutefois qu'il aurait fallu utiliser la bague EF/RF pour ces deux-là soit 125 g de plus, ou alors rester sur un boitier reflex (donc plus lourd). Grosso modo, le gain de poids n'est pas significatif voire nul mais en revanche, on gagne en qualité et en range.
- AF. Il m'est apparu précis. Et bien plus rapide que celui du 100-400 Tamron. Il paraît qu'il est nettement moins bon sur le RP que sur un R6. Ca doit donc dépoter.
- Stabilisation : j'ai fait beaucoup d'images de chevêchette (qui ne bougeait donc pas) au 500 mm à 1/50è de seconde à main levée et il n'y a quasiment aucun déchet. L'optique est annoncée 5 stops. Et ce, sans compter sur une éventuellement stabilisation supplémentaire du boîtier.
Au final, je trouve que ce 100-500 est une excellente alternative aux gros blancs compliqués à transporter en montagne et a minima deux fois plus chers. Avec une qualité qui s'en rapproche : je n'ai vu un tel piqué qu'en utilisant un 300 f/2,8 ou un 500 f/4 (série L of course) prêtés par Doms. En comparaison avec ces gros blancs, il faut considérer que le tarif, la polyvalence et le poids/encombrement ne se paient au final que par l'ouverture, autour de 1,5 IL en moyenne.