Comme chaque année, j'aime bien me poster une ou deux matinée à l'affût du tétras-lyre. Après avoir beaucoup appris sur cette espèce entre les printemps 2013 et 2017, je ne cache pas que la motivation n'est plus la même car on reste toujours sur le même sujet et un sujet connu. Il n'empêche que le plaisir est intact ; cela me permet aussi de tirer quelques conclusions sur les populations d'oiseaux qui s'effondrent malgré les mesures mises en place.
En effet, sur trois places de chant suivies depuis une dizaine d'années, toutes sont passées d'une dizaine à trois coqs au maximum. J'entendais déjà parler de cette baisse catastrophique des effectifs à la fin des années 90. Je serais curieux d'en faire la comparaison avec aujourd'hui. Il y a probablement un facteur de dérangement hivernal prépondérant mais cela reste hypothétique. A titre personnel, je dérange très rarement des coqs en hiver (par chance ?) mais même accidentellement, multiplié par le nombre de randonneurs (en forte augmentation...). Faudra-t-il en arriver à des règlementations (sévères) de zones ? Pour la survie de cette espèce, peut-être mais je ne suis pas sûr que ce soit simple à mettre en place (et accepté). Par ailleurs, il y a sans aucun doute du "prélèvement" involontaire (à la belle saison, donc notamment des jeunes oiseaux) par les (très nombreux) chiens des randonneurs non tenus en laisse. Sans doute aussi un facteur climatique (régularité des printemps complètement pourris, au moment des naissances). Quant à la chasse, même si elle reste anecdotique (pas partout et prélèvements très faibles), elle s'y ajoute et on peut noter les comptages (en vue d'ouvrir ou non la chasse) réalisés par les chasseurs de la pire façon qui soit : au chien et sur les places de chant : dérangement total en pleine période de reproduction !
Après les mauvaises nouvelles climatiques (fonte des neiges record cette année), voici les mauvaises nouvelles concernant cet emblème de notre biodiversité alpine. C'est pourquoi, malgré la petite baisse de motivation de ma part, je mesure la chance que j'ai de pouvoir contempler ces oiseaux de près aujourd'hui. J'en profite pour rappeler les règles pour les photographes ou observateurs même sans appareil photo :
- repérage a priori des places de chant, à distance puis sur place mais après 9h du matin pour peaufiner l'emplacement
- installation sur place (à proximité, pas en plein milieu de la zone, et si possible à proximité d'un arbre ou d'un arbuste) avant l'arrivée des oiseaux : soit très tôt le matin (4h), soit en arrivant la veille au soir
- tente affût obligatoire pour masquer intégralement les mouvements (filets de camouflage à proscrire)
- départ de l'affût après les oiseaux, en général, après 9h
En attendant, quelques images de ce beau moment