Je m'étais mis en tête d'y retourner et d'y aller une fois par saison. Après l'été en 2017, voici donc le printemps. Bon, ce n'est pas la porte à côté (+ de 1000 km depuis Grenoble) et avec la hausse du prix de l'essence, il faut prévoir un budget augmenté, déjà grévé par les infrastructures routières (tunnel du Fréjus et autoroutes italiennes pas données). Ceci étant, une petite parenthèse sur le prix de l'essence. Ayant décidé de bouger ici et en Espagne (séjour précédent) dans le courant de l'hiver, je m'étais imposé de limiter mes déplacements en voiture de manière drastique durant les sept semaines de la troisième période de l'année scolaire donc avant la guerre en Ukraine (et la hausse du prix des carburants). Passons sur la réduction des déplacements qui n'est pas toujours réalisable pour certaines personnes pour se rendre sur leur lieu de travail. En revanche, j'ai adapté ma conduite sur deux critères :
- Rouler à 110 au lieu de 130 sur autoroute, 100 au lieu de 110 sur les portions concernées
- Rouler de manière fluide (pas d'accélération brutale, ne pas monter dans les tours etc)
Ce faisant, j'ai réduit ma consommation de 25%, ce qui correspond peu ou prou à l'augmentation du prix à la pompe. Quand je vois le nombre de véhicules qui circulent encore à 130 sur autoroute (ou plus, notamment en Italie), je me dis que l'essence n'est sans doute pas encore assez chère ! Fin de la parenthèse (NB : 110 au lieu de 130 = "perte" d'un gros quart d'heure sur un Grenoble - Marseille).
Retour donc sur les Abruzzes, après le séjour de 2017 avec Nico. Cette fois-ci avec les filles à qui je voulais montrer cette belle région. Du coup, pas question de lever à 5h tous les jours pour faire des affûts. L'idée était de faire de petites randonnées, visiter les beaux villages (ce que nous n'avions pas pu faire avec Nico à cause des températures caniculaires), observer la communion entre la nature et l'homme, et pourquoi pas croiser l'ours ou le loup.
Les Abruzzes, ce sont aussi des rencontres. Avec grand plaisir, je retrouvais Sophie qui nous avait si bien accueillis en 2017. Des retrouvailles comme si c'était hier. Encore un immense merci à toi pour ta gentillesse et ta bienveillance. C'est aussi ici que l'on croise des Français venus souvent pour les mêmes raisons que nous comme Nathalie et Michel, ou encore Didier en travail avec son groupe. L'occasion aussi de rencontrer Pietro, un des guides locaux les plus connus. Sans lui, nous n'aurions probablement pas pu mettre dans nos jumelles l'ours du séjour. Même si cette observation fut brève et dans la pénombre, ce fut une première pour nous et la satisfaction de voir les filles le trouver du premier coup aux jumelles. L'habitude paye. Merci Pietro ! Malheureusement, je ne pourrai pas vous le montrer en image ici. Une prochaine fois j'espère.
L'ours a immédiatement été la cible des filles. Le loup, elles l'ont déjà entendu à deux reprises, vu des traces. Elles le verront sûrement un jour dans nos montagnes. L'ours, c'est plus compliqué, plus gros, plus "mythique" pour elles. C'est lui qui les a le plus motivées. Nous avons fait quatre soirs d'observation pour cette courte rencontre. Nous l'avons aussi cherché en journée, on ne sait jamais.
L'ours, comme le loup (les photos prises ici sont dans l'enclos de Civitella) font la vie ici. En France, dans les villages, les locaux sont parfois/souvent réservés (ou pire). On parle du loup comme une gêne pour les éleveurs. L'ours également, comme pour les apiculteurs. Les cerfs causent des problèmes aux forestiers, les renards aux poulaillers, les blaireaux aux potagers. Les animaux empêchent les gens de travailler. Dans les Abruzzes, tout n'est pas parfait non plus. Il y a beaucoup de braconnage, chacun défendant son "bifteck". Mais cela me gêne moins que les tirs organisés en France ou les déterrages des blaireaux. Les éleveurs sont aussi mieux organisés. En France, un troupeau de 2000 brebis est laissé seul dans la nature, avec quelques chiens et parfois un seul berger. Une aubaine pour le loup. En Italie, c'est la règle du "333". Le troupeau de 2000 est divisé en 6x333. Chaque sous-troupeau (de 333 donc) est gardé par 5 chiens, des bergers des Abruzzes. Contrairement à notre patou des Pyrénées, il ne vient pas agresser l'humain. Il doit le reconnaître car il se contente seulement d'aboyer et s'arrête après identification. Les randonneurs sont tranquilles. Chaque sous-troupeau possède son propre berger. A la fin de la journée, les 333 bêtes sont parquées...
Les villages ne vivent pas contre le loup ou l'ours mais au contraire avec. Des panneaux d'informations partout. Les noms des bars, restaurants, auberges, reprennent lupi e orsi. De nombreuses propriétés mettent des statuettes de cerf, d'ours, de loup. Au lieu de dire que les animaux empêchent les hommes de faire leur travail, ils le leur offrent ! Dans les villages, les cerfs n'ont plus peur de l'homme avec lequel ils cohabitent. Inutile d'acheter une tondeuse à gazon, les cerfs s'en chargent. Il faut juste penser à mettre un grillage (voire une double clôture électrique) autour de son potager. Et si on ne veut pas d'animaux dans son jardin, on lui court après (avec un bâton ?) pour qu'il comprenne qu'il ne doit pas venir ici. Les renards ne craignent souvent pas non plus les hommes. Pas de déterrages abusifs comme en France, pas de chasse. Cette année, le parc fête ses 100 ans.
Bien sûr, il y a des contre-parties comme l'interdiction de sortir des sentiers balisés durant certaines périodes. Ces règles sont acceptées. Les Abruzzes, c'est un territoire d'une richesse exceptionnelle. Je n'en connais pas grand chose mais il faut vraiment venir ici pour se rendre compte de toute cela. Nous avons passé une semaine formidable, bien aidés par une météo cinq étoiles. A la fin de ce séjour, je commence à comprendre son fonctionnement et la façon de le vivre pour son plaisir personnel (et notamment les rencontres d'animaux sauvages) et pour le respect du territoire. A suivre quelques articles thématiques.