escalade-alpi

Publié le 4 Septembre 2010

P1130316 - copieJe n'avais jamais grimpé avec Marco. Nous avons déjà pas mal de souvenirs enneigés ensemble mais point de rocher. Il était temps de réparer cela. Devant être de retour dans le milieu de l'après-midi, il restait à trouver un objectif compatible. Entre temps, un coup de fil de Thibault qui est dispo aussi. Je préfère grimper à deux avec les avantages que cela procure (rapidité, réversibilité) mais j'avoue que pour le coup, je suis content de faire cordée avec mes deux amis. Thibault, fort grimpeur dP1130323 - copiee 7, ira devant et nous ferons les clients. Il restait à trouver un objectif centré sur le 6 pour que Thib se fasse plaisir mais pas trop soutenu pour que les seconds puissent suivre. Après un peu de réflexion, je propose d'aller voir la voie ouverte il y a pile un an par Laurent Perrod au roc de Pendet dans le nord de Belledonne. Cette petite voie de huit longueurs annoncées peu soutenues (ce n'est pas Presles) et courtes (25-30 m par longueur), d'accès rapide et au soleil du matin, devrait contenter tout le monde. Arrivés au pied de la voie après 1h15 d'approche tout en discutant, j'annonce que les taches seront partagées. Thibault grimpera en tête, de mon côté, j'ai conduit le véhicule et donc c'est Marco qui se chargera d'assurer le leader. C'est donc dans un très grand confort que j'attaque l'escalade et que j'ai tout le loisir de prendre des photos. J'aurais presque pu prendre le reflex pour une fois. Au relais, Marco reste souriant d'autant que le zigotto qui grimpe devant avale les longueurs les unes après les autres comme on va au bistrot. C'est ainsi qu'en second, on trouve souvent des spits non mousquetonnés volontairement, car jugés trop rapprochés par l'Animal. Pourtant, quand c'est équipé proche, c'est que c'est "dur", cette voie ayant été ouverte du bas. Mais le dur (ici 6c + max) reste, comme toute chose, très relatif.
  

P1130326 - copie     P1130322 - copie

Derrière, ça discute fort dans les longueurs. Marco est tantôt devant moi, tantôt derrière. Ca discute et ça épie aussi. "Va-t-il tirer au clou là ?" Les longueurs s'enchaînent assez vite car les difficultés, à part la longueur en 6c+ et le 6a+ du haut, ne sont pas très continues. On est loin du Verdon où l'on sort parfois les bras vidés au relais. Du coup, on se demande au final si cette voie vaut la cotation globale TD+. Sûrement pas au regard de l'équipement (très bon bien qu'éloignés dans le facile sommital avec des blocs parfois douteux - mais on peut y mettre facilement des coinceurs), ni de la difficulté gloable de la voie à mon sens. Par contre, si le 6a est obligatoire, alors ce sera dur de la laisser dans le niveau TD où on reste normlement dans le 5sup oblig. Ayant grimpé en second, j'ai du mal à me faire une idée. Il faudra donc que vous alliez voir par vous-même sur le terrain.

P1130328 - copie   P1130332 - copie 

Par longueur, cela donne les cotations suivantes (très proches de celles annoncées par l'ouvreur) :
L1 : 6a (court)
L2 : 5c
L3 : 6a+ (un peu plus soutenu que les longueurs précédentes)
L4 : 6b (bloc, un pas tout en dalle bien finaud)
L5 : 6c+
L6 : 5c (bloc douteux à la sortie de la longueur dans les genévriers)
L7 : 6a+ (un peu soutenu en fissures)
L8 : 5b (un pas au début puis facile sur l'arête un peu ruinée)

En ce qui concerne l'équipement, 10 dégaines suffisent (8 points max par longueur il me semble). Rapproché dans le dur (dès le 6a) et plus éloigné en-dessous. Un petit jeu de coinceurs et sangles ne paraît pas superflu. Thibault (ci-dessous dans le crux qu'il estime à 6c+) n'en a utilisé qu'un seul dans L7 sous mes insistants conseils.

P1130336 - copie
En haut de la voie, nous avons poursuivi une trentaine de mètres jusqu'au sommet de l'arête afin de grignotter plus tranquillement qu'au relais pendu au bord du vide. Il vaut toutefois mieux s'assurer (becquet en place) pour redescendre au relais en chaussons dans les pentes d'herbes. On y jouit d'une belle vue sur les lacs et.. les parasols de la buvette du refuge. Nous avons mis (à 3) 2h30 pour gravir la voie.

La descente s'effectue en 4 rappels : c'est simple on double les longueurs avec une corde de 50 m. La paroi, dans laquelle la voie est annoncée pour un développement (probablement réel) de 240 m, ne fait donc "que" 200 m de haut. Les relais (pairs donc) servant à faire les rappels sont d'ailleurs équipés de cordelettes pour relier les deux points mais un seul d'entre eux (R2) était équipé d'un maillon rapide. J'ai rajouté des mousquetons aux autres afin de ne pas avoir à tirer les rappels sur les cordelettes. Compter 45 minutes pour ces 4 rappels.

Restait alors une petite heure pour descendre au parking. 15h tapantes à la maison pour Marco : contrat rempli. Et merci Thibault de nous avoir guidés dans cette belle voie qui s'évertue à rechercher les meilleurs passages dans cette face de granit truffée de vires herbeuses, d'où le nom de la voie.

P1130348 - copie

  

Voir les commentaires

Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

Repost0

Publié le 31 Août 2010

P1130261---copie.JPGEh bien voilà. Dernier jour de vacances avant la rentrée des classes demain. Ce blog a démarré en même temps que les "grandes vacances". 52è article : on pourra dire que j'ai bien pris l'air durant ces deux mois.

En ce dernier jour d'août donc, nous avions opté avec mon homonyme Lio Allemand, pour une escalade à la demie-journée. En sortant l'après-midi, nous laissions le temps à l'air de se réchauffer et cela me permettait de profiter de la famille le matin. Du coup, il fallait trouver un objectif sans trop de route, sans trop d'approche et que nous ne connaissions ni l'un ni l'autre. Après examen du cahier des charges, on jette notre dévolu sur une voie toute nouvelle réalisée en Matheysine où les escalade sont rares : la voie de l'accu au Grand Bec, au-dessus de l'Alpe-du-Grand-Serre. Cette voie a été ouverte l'été dernier par un duo du bureau des guides de la Mure (L. Falco et P. Huss).

Nous partons tous les deux dans l'idée de faire une petite voie sans grand intérêt compte tenu du terrain herbeux. Il n'en sera rien : l'après-midi sera magnifique.P1130270---copie.JPG

- D'abord la météo : une lumière d'automne, et une relative fraîcheur permettant de supporter le pantalon

- Le cadre : face à la chaîne de l'Armet, en mangeant des framboises tout au long de la montée. Y'a pire comme coin !

- L'approche est vite exécutée : 45 minutes seulement du parking à l'attaque sur un bon sentier. La partie hors sentier annoncée "sanglier" n'est pas si terrible et ne dure pas longtemps.

- Puis vient la première impression : ce secteur a du potentiel. C'est raide, joli (du style rochers de l'Homme à Chamrousse) et une voie à gauche est en cours d'équipement (corde fixe en place). On n'a pas encore mousquetonné un goujon et on parle déjà de revenir.

- L'escalade est bien équipée, très bien même dans les pas "délicats".

- L'escalade est belle avec un gneiss très raide et riches en prises, essentiellement des réglettes qui font de cette voie une voie soutenue dans son niveau et plutôt technique. En ce qui concerne les cotations, je n'ai d'ailleurs pas trouvé que la première longueur était la plus dure. Certes, elle est la plus délicate car le rocher est un peu cassant (au fur et à mesure des passages, il faut s'attendre à ce que des bacs disparaissent) mais l'équipement est parfait (presque trop). La plupart des longueurs présentent du 5c, plus ou moins soutenu. C'est donc homogène

P1130279---copie.JPG
P1130280---copie.JPGJe propose les cotes suivantes :

L1 : 5c (soutenu, très raide, prises peu rassurantes)

L2 : 5c (soutenu et raide, meilleur rocher)

L3 : 5c (moins soutenu mais à mon avis le passage le plus "dur" de la voie, superbe !)

L4 : 4c (très correct pour ce niveau)

L5 : transition entre le pilier et la suite.

L6 : 5c (plusieurs pas donc assez soutenu, superbe !)

L7 : 5b (un pas qui n'est pas si dur si on lit correctement le passage)

 

 

La voie est orientée légèrement sud-est ce qui fait qu'en milieu d'aprem à cette époque, elle repasse à l'ombre. La température est idéale et c'est même un réel plaisir que d'y être à une heure où, pour une fois, le soleil d'été n'écrase pas les perspectives. Nous grimpons la première partie avec le soleil rasant qui nous quitte au sommet du petit pilier où se termine L4.P1130290---copie.JPG

L'arrivée au "sommet" est un réel plaisir avec le soleil qui revient. Une petite remarque toutefois pour les ouvreurs qui sont en train d'équiper une autre voie juste à côté : il pourrait être intéressant d'équiper une ou deux longueurs supplémentaires au-dessus de la voie de l'Accu, sur l'arête. La cotation pourraît continuer à être homogène et le rocher semble bon dans cette facette orientée WSW. Ce prolongement permetrrait alors de gagner l'arête terminale du Grand Bec (que je suppose facile, à vérifier quand même) et de finir par celle-ci. Le retour serait alors simplissime par le lac de Brouffier ou le sentier qui ramène à la cabane du Périmètre. Cela donnerait encore plus la sensation d'une course en montagne.

Pour l'heure, nous ne sommes pas équipés pour poursuivre et, comme nos prédecesseurs, après avoir fait les fiers sur le pinacle sommital, nous dévalons le couloir de descente annoncé ignoble. En restant rive gauche, ça n'est pas si pire même en baskets. Après environ 200 m de descente, nous avons tiré à gauche pour franchir l'éperon et sommes descendus par un couloir dans la forêt : ça passe très bien et ça n'est que peu sanglier moyennant 10 mètres de main courante (ou rappel). Au total, une heure pour rejoindre la voiture, c'est efficace.

Vraiment une bien belle après-midi en Matheysine.

P1130299---copie.JPG


Voir les commentaires

Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

Repost0

Publié le 27 Août 2010

P1130167 - copieCe mercredi, c'est le dernier jour de congés de Jean-Marc. Au programme : du très grand beau temps. On décide de faire la route la veille au soir et de dormir à l'arrach' au parking avec la tente. Ca pinaille un peu (désolé Juanito d'annoncer ici tout haut que ça démarre de Grenoble avec 20 minutes de retard parce que t'en un peu à la bourre) d'autant que de mon côté, je dois faire le plein d'essence. Le pizzaïolo en remet une couche à Aime et on patiente un peu trop avant de manger. Bref, on arrive sur place, c'est déjà nuit, il fait 9°C et c'est trempé de partout. Pas une grosse motivation de dormir dehors avec le duvet que j'ai pris. Fort heureusement, le refuge de Rosuel situé au terminus de la route est quasi vide et on est accueilli comme des papes par le gardien. On passera une très bonne nuit. P1130127 - copie 

Au petit matin, il fait frisquet et les 4°C du thermomètre ne nous font absolument pas regretter le choix de la veille, d'autant que le petit vent qui remonte le vallon ne nous permet pas de nous réchauffer malgré une progression rapide et une polaire. Il faut attenre une petite heure de marche pour que ça aille enfin mieux. Le sentier d'approche est très agréable et très efficace. On ne passe pas par le refuge du mont Pourri mais par le fond du vallon et sa rive droite où, après le passage d'une cascade puis d'une barre rocheuse, on se trouve à l'aplomb de l'objectif. Cette marche est vite torchée : en 1h45 on est au premier goujon. Il fait très froid et malgré ma polaire et mon gilet coupe-vent certes minable, je grelotte. Idem pour Jean-Marc qui est tout désigné pour aller en tête bastonner dans la première longueur. Pas que ce soit extrême (5c soutenu avec un pas de bloc au départ qui, ne soyons-pas des radins de la cotation, vaut son petit 6) mais avec les doigts insensibles dans ce rocher vertical, il devrait bien s'amuser. Ce choix a été fait car Jean-Marc ne voulait pas faire la longueur la plus dure de la voie en tête. En grimpant en reversible, il se devait donc de commencer. Mais comme on le sait, la longueur la plus dure, ce n'est pas la plus chiffrée mais souvent la première : le temps d'apprivoiser le rocher, de se chauffer...

Derrière, ça va un peu mieux mais grimper sans les mains, ça n'est pas évident.

P1130129 - copie

P1130131 - copieTout rentre dans l'ordre au premier relais avec l'arrivée du soleil. La suite ? 9 P1130134 - copielongueurs sur un gneiss d'exception et je dois bien confesser, malgré moi, que bien qu'ayant parfois, un peu exagérément peut-être, qualifié des voies de Belledonne comme superbes du point de vue de la roche, jamais dans le massif pour lequel j'ai un coup de coeur si particulier, je n'ai pu voir un si beau gneiss. Côté escalade pure, ça grimpe, c'est soutenu. L'équipement est généralement très bon mais je ne regretterai pas d'avoir pris quelques coinceurs car il y a parfois des envolées sans point proches de 10 mètres. Certes c'est facile mais c'est raide et on est jamais complètement à l'abri d'une prise qui casse. Côté cotation enfin, c'est cohérent mais quelque peu sévère. J'aurais bien vu un petit + dans chaque longueur. Plus que la cotation des longueurs, c'est la cotation globale qui est la bonne : cette voie est une vraie TD.
P1130147 - copie

Le panorama est de plus en plus beau au fur et à mesure de la grimpe : Grande Motte, Grande Casse...

 

P1130139 - copieDes longueurs exigeantes

 

P1130157 - copie

Et la récompense d'un vrai sommet même si l'on est loin du mont Pourri.

 

P1130159 - copieAu final, une belle course en montagne (5 heures d'escalade, 2h15 de rappels et désescalades où il faut rester concentré - cherchez Jean-Marc dans un rappel)

Quelques chiffres. Cotations par longueur : 6a ; 5b/c ; marche ; 5c ; 5c ; 6a ; 5b/c ; 5c ; 6a+ ; 3b ; 6a ; 5c ; 3b ; 3b -
hauteur : 400 m

Une fois au bas de la face, ça ne pinaille pas : une heure de descente par ce sentier toujours efficace, sous une lumière magnifique bien qu'un peu trop chaude. Et un dernier regard (en-haut, à gauche sur la photo), à notre pic pointu. Highly recommended climb.

P1130164 - copie

Voir les commentaires

Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

Repost0

Publié le 24 Août 2010

P1130101 - copieRetour au granit pour cette journée où la météo devrait nous laisser le temps de grimper. Certes des nuages menaçants sont annoncés dès la mi-journée mais à priori sans conséquences. Ayant déjà testé "l'orage-du-soir-qui-arrive-avant-midi", nous optons pour un secteur peu engagé où l'on peut tirer des rappels. La cascade d'En-Bas se situe rive droite du Vénéon dans les Ecrins, quelques kilomètres avant la Bérarde. Pour une reprise en douceur, nous partons dans "chaude pisse", une voie TDinf de 200 m de long, très centrée sur le 5/5+. C'est suffisant pour commencer car il faut retrouver ses marques sur ce rocher. Jean-Marc n'a pas grimpé depuis plusieurs mois et moi je n'ai fait que deux voies faciles cet été. Dire qu'il y a quelques années je courrais sur les dalles d'Ailefroide dans tout ce qui était inférieur au 6b. Aujourd'hui, on en est loin. Je n'ai pas encore réapprivoisé l'adhérence extraordinaire de ce rocher. "Chaude pisse" s'avère peu homogène : après un coup de cul en 5c dès le départ, la suite de L1 est (trop) facile. Ensuite vient L2 qui est très belle. Annoncé dans le 5b, elle doit comporter un pas de 5c/6a. L3 est plus facile dans le 5b. Suivent deux longueurs un peu végétatives (5a puis 3b) pour aller rejoindre le magnifique dièdre chamoniard dans lequel Babeth resplendit sur la photo du topo de Jean-Michel (Cambon of course). Ca doit valloir 6b cette affaire. Deux petites longueurs en 5 et on est sorti pour aller prendre les 3 rappels de 45 m qui conduisent, efficacement, au bas de la face.

P1130113 - copieIl n'est alors pas tout à fait midi et le ciel s'est couvert ce qui est une aubaine compte tenu de la chaleur ambiante  et de l'endroit où nous sommes (face su d, 1700m d'altitude). Les nuages n'étant encore pas trop menaçants, on décide de partir pour une autre voie : "un p'tit pipi au lit". Elle est annoncée un peu plus dure, très centrée sur le 5+. Une TD de 200 m également. La première longueur met dans le bain : un 5c de conti avec des points parfois fort éloignés, loin de ce dont nous a habitué JMC dans ses dernières réalisations : une toute petite dizaine de dégaines suffisent pour cette longueur de 40m. Jean-Marc fait la même remarque pour la longueur suivante en 5b/c. Dans L3, ça commence à dérouler de mieux en mieux et le petit mur en 6a qui clôture la longueur ressemble fort au gneiss des tours de l'Homme à Chamrousse. L'équipement est rapproché pour ce passage athlétique. Rebelotte pour les dalles à plat ventre dans L4 où tout est sur les pieds (5c). L5 est magnifique, un 6a+ à placements : dommage qu'il fasse si chaud (le soleil perce quelque fois et on sue comme des gorets sous nos casques). Je finis la longueur le casque au baudriller. Le 6a+ de la dernière longueur passe finalement assez bien : un mur athlétique très bien protégé. Il faut, par contre, assurer sur les 3 premiers points car une chute du leader finirait à coup sûr sur l'assureur avec les conséquences (désastreuses) attendues : assureur assomé, corde lâchée, leader 50 mètres plus bas... Pour éviter cela, l'assureur a intérêt à être vaché avec du mou et ne pas hésiter à plonger d'un côté en cas de chute du leader. Une traversée facile ramène aux rappels de la première voie. Pour finir, on va se baquer dans le ruisseau de la cascade d'En-Bas : un vrai bonheur pour se rafraîchir. On en sort presque refroidis !

 

diedre

Jean-Marc dans le dièdre chamoniard de "chaude pisse"

Voir les commentaires

Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

Repost0

Publié le 21 Août 2010

P1130074 - copieVoici un point culminant (celui des Aravis), sur lequel je n'ai jamais posé mes pieds. La veille au soir, je me décide à combler cet écueil etant donné que le parking n'est "qu'à" 500 m au-dessus de Sallanches, je décide de partir tout en bas depuis la ville. 2300 m de dénivelé d'une seule traite avec des passages qui demandent de l'attention et même un peu d'escalade. Je me fixe comme but de parvenir au sommet en 3h00. Pour la descente, je projète de passer par un autre sentier qui, une fois revenu sur l'épaule face aux 4 Têtes, part vers le sud jusque sous la pointe de Chombas. Ainsi, mis à part les 500 m sommitaux, je pouP1130076 - copierrai faire une boucle. En contre-partie, ce retour est plus long que l'aller avec pas mal de distance. Compte-tenu que la partie rocheuse sera sans doute plus longue à la descente, l'horaire ne devrait pas être très différent de celui de la montée. Je l'estime à 2h30. Avec 15 minute de pause au sommet, je dois donc boucler l'ensemble en un peu moins de 6 heures. 

Le lendemain, il fait encore nuit quand je quitte l'église de Sallanches. Pour rejoindre Burzier (parking de départ habituel), je guenille dans la nuit : le sentier annoncé balisé sur la carte ne l'est pas et ça dénivelle moins bien que prévu. J'ai perdu 10 minutes (45 au lieu de 35 minutes estimées) une fois arrivé à Burzier. C'est un peu décourageant mais cela ne va pas m'empêcher de poursuivre. Doran, col de Doran, ça déroule. Entre le col de Doran et celui des Verts, il faut monter en traversant de grandes pentes herbeuses puis caillouteuses sur lesquelles évoluent des bouquetins. Ce sera le plus délicat de la journée : éviter les nombreuses pierres envoyées en bas par les grands ruminants cornus. J'ai trouvé le passage assez craignos avec ce paramètre dont il faut tenir compte.

P1130079 - copie

J'arrive enfin au pied des difficultés rocheuses : une suite de cheminées aménent en face sud où l'itinéraire devient moins raide. Plusieurs ressauts faciles mais demandant un pied sûr (de l'escalade niveau 2 voire un ou deux petits pas de 3) amènent à l'aérienne arête terminale par laquelle on finit.

P1130081 - copieP1130083 - copie

Je regarde la montre : 3h10 !! Mon estimation aurait été parfaite sans les égarements du début. Mais fi des horaires, il fait beau, le panorama est à 360° et je suis seul. Pas très longtemps car un jeune couple monté par le versant ouest arrive à mes côtés. La fille a visiblement été très impressionnée et se demande comment elle va redescendre. Le gars (qui prépare la CCC - bonne chance à lui) la réconforte. J'empoigne mes bâtons et entame la descente. Je décide de garder les cannes à la main pour les portions faciles où je suis plus efficace mais ils me gênent dans deux ou trois passages où je les les lance avant de descendre.

Rapidement, je suis au bas de la face où deux cordées attaquent. Dans la traversée herbeuse, c'est rebelotte les bouquetins : deux grosses cocottes minutes me passent à dix mètres à une vitesse ahurissante. Casque ou pas (je n'en ai pas étant parti ultra light avec juste 1,5 litre d'eau et quelques biscuits) c'est la boîte en sapin si un tel blocos avec son inertie venait à vous percuter la tête. Aussi, je ne traîne pas et me retrouve rapidement sur le sentier qui traverse vers le sud et l'alpage de Chombas. A partir de là, je vais souffrir de la chaleur jusqu'au bout. 13°C le matin au départ, ça laissait présager une journée chaude. C'était déjà chaud à la montée mais supportable (perso, ma température optimale pour ce type d'effort est aux alentours de 7°C - 5°C c'est un poil froid, 10°C, c'est déjà trop chaud - à chacun son curseur - celui de Laurent Dupré est sans doute inférieur de plusieurs degrés !). Les chalets d'alpages et les hameaux défilent sous mes yeux. Les jambes sont bien là et la fin s'avèrera moins pénible avec des passages boisés et ombragés. Le chrono affiche 2h30 pour la descente.

L'horaire, qui n'est pas une fin en soi et, dans le cas présent, loin d'être un record, m'apporte nénamoins une grande satisfaction : celle de pouvoir prévoir à l'avance avec exactitude, le temps dont j'ai besoin pour faire une grande course. 

Voir les commentaires

Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

Repost0