Publié le 27 Août 2010
Ce mercredi, c'est le dernier jour de congés de Jean-Marc. Au programme : du très grand beau temps. On décide de faire la route la veille au soir et de dormir à l'arrach' au parking avec la tente. Ca pinaille un peu (désolé Juanito d'annoncer ici tout haut que ça démarre de Grenoble avec 20 minutes de retard parce que t'en un peu à la bourre) d'autant que de mon côté, je dois faire le plein d'essence. Le pizzaïolo en remet une couche à Aime et on patiente un peu trop avant de manger. Bref, on arrive sur place, c'est déjà nuit, il fait 9°C et c'est trempé de partout. Pas une grosse motivation de dormir dehors avec le duvet que j'ai pris. Fort heureusement, le refuge de Rosuel situé au terminus de la route est quasi vide et on est accueilli comme des papes par le gardien. On passera une très bonne nuit.
Au petit matin, il fait frisquet et les 4°C du thermomètre ne nous font absolument pas regretter le choix de la veille, d'autant que le petit vent qui remonte le vallon ne nous permet pas de nous réchauffer malgré une progression rapide et une polaire. Il faut attenre une petite heure de marche pour que ça aille enfin mieux. Le sentier d'approche est très agréable et très efficace. On ne passe pas par le refuge du mont Pourri mais par le fond du vallon et sa rive droite où, après le passage d'une cascade puis d'une barre rocheuse, on se trouve à l'aplomb de l'objectif. Cette marche est vite torchée : en 1h45 on est au premier goujon. Il fait très froid et malgré ma polaire et mon gilet coupe-vent certes minable, je grelotte. Idem pour Jean-Marc qui est tout désigné pour aller en tête bastonner dans la première longueur. Pas que ce soit extrême (5c soutenu avec un pas de bloc au départ qui, ne soyons-pas des radins de la cotation, vaut son petit 6) mais avec les doigts insensibles dans ce rocher vertical, il devrait bien s'amuser. Ce choix a été fait car Jean-Marc ne voulait pas faire la longueur la plus dure de la voie en tête. En grimpant en reversible, il se devait donc de commencer. Mais comme on le sait, la longueur la plus dure, ce n'est pas la plus chiffrée mais souvent la première : le temps d'apprivoiser le rocher, de se chauffer...
Derrière, ça va un peu mieux mais grimper sans les mains, ça n'est pas évident.
Tout rentre dans l'ordre au premier relais avec l'arrivée du soleil. La suite ? 9 longueurs sur un gneiss d'exception et je dois bien confesser, malgré moi, que bien qu'ayant parfois, un peu exagérément peut-être, qualifié des voies de Belledonne comme superbes du point de vue de la roche, jamais dans le massif pour lequel j'ai un coup de coeur si particulier, je n'ai pu voir un si beau gneiss. Côté escalade pure, ça grimpe, c'est soutenu. L'équipement est généralement très bon mais je ne regretterai pas d'avoir pris quelques coinceurs car il y a parfois des envolées sans point proches de 10 mètres. Certes c'est facile mais c'est raide et on est jamais complètement à l'abri d'une prise qui casse. Côté cotation enfin, c'est cohérent mais quelque peu sévère. J'aurais bien vu un petit + dans chaque longueur. Plus que la cotation des longueurs, c'est la cotation globale qui est la bonne : cette voie est une vraie TD.
Le panorama est de plus en plus beau au fur et à mesure de la grimpe : Grande Motte, Grande Casse...
Et la récompense d'un vrai sommet même si l'on est loin du mont Pourri.
Au final, une belle course en montagne (5 heures d'escalade, 2h15 de rappels et désescalades où il faut rester concentré - cherchez Jean-Marc dans un rappel)
Quelques chiffres. Cotations par longueur : 6a ; 5b/c ; marche ; 5c ; 5c ; 6a ; 5b/c ; 5c ; 6a+ ; 3b ; 6a ; 5c ; 3b ; 3b -
hauteur : 400 m
Une fois au bas de la face, ça ne pinaille pas : une heure de descente par ce sentier toujours efficace, sous une lumière magnifique bien qu'un peu trop chaude. Et un dernier regard (en-haut, à gauche sur la photo), à notre pic pointu. Highly recommended climb.