escalade-alpi

Publié le 1 Novembre 2016

Chaque année, j'aime particulièrement faire des sorties escalade en "haute" montagne à cette période de l'année. La lumière est souvent fantastique. 

Quand j'ai bouclé le topo Belledonne Escalade en 2010, j'avais réalisé cette voie quelques mois auparavant, insuffisamment préparé. J'avais voulu la parcourir alors toute fraîchement ouverte afin de la faire figurer dans le topo. Autant dire que j'avais envoyé l'ami Etienne devant et avais couiné derrière du début à la fin. Depuis, j'ai changé de niveau. C'est l'occasion d'y retourner avec Julien qui n'a pas jamais les pieds dans le secteur hormis l'hiver à skis.

Ouverte par mon ami Stéphane Bauzac et son équipe en hommage à Pierre Chapoutot qui avait repéré la ligne, c'est une des voies difficiles du massif. Ce parcours m'aura permis d'en prendre une mesure plus "juste". Certes, les commentaires étaient un peu trop dithyrambiques, dans doute empreints d'un côté affectif mais je persiste sur le caractère sérieux de l'entreprise. Quant à la beauté, Ju vous dira que c'est une très belle voie. Certes, il y a des passages lichéneux qui ternissent un peu la beauté du rocher (et la précision des pieds...) ; des passages un peu délicats (équipement et/ou qualité du caillou). On n'est pas à la Dibona. Mais c'est une voie à faire absolument dans la catégorie des voies difficiles de montagne.

Petit topo, une fois n'est pas coutume.

Approche (1h30)

Du col du Glandon, gagner le petit lac de la Combe par un sentier bien marqué. Suivre ensuite une succession de croupes herbeuses (plutôt que les talwegs pierreux) jusqu'à la casse située au pied du grand couloir séparant l'aiguille d'elle de la Saint-Phalle. La voie attaque sur cette dernière, sur la gauche, au pied d'un profond couloir (névé persistant). Les trois premières longueurs restent à l'ombre jusque vers 11h en raison d'un promontoire gênant à droite.

Itinéraire (6h)

- L1 : Remonter un mur de gneiss surprenant aux prises arrondies (5c). 20 m. 2 spits.

- L2 : Monter droit dans une fissure et en sortir par un passage malcommode ; poursuivre par un mur raide splendide et difficile mais très bien équipé (6c+). 30 m. 6 goujons.

- L3 : Partir à droite (facile mais expo) jusqu'au pied d'un mur. Le remonter (un passage bien bloc) puis tirer à gauche en oblique sur des écailles et finir facilement en dalle (6b+). 45 m. 5 goujons, 2 pitons.

- L4 : Monter droit puis suivre une rampe caractéristique sur la gauche. Longueur technique (6a+). 30 m. 9 goujons.

- L5 : Suivre les points... Partir légèrement à droite puis monter droit avant de traverser à nouveau à droite puis droit pour gagner le relais. Gérer le tirage. Trois crux séparés par des repos (7b dalle !). 45 m. 11 goujons, 2 spits.

- L6 : Partir droit (protéger...) puis à droite pour passer deux murs légèrement surplombants, le second avec un passage retors un peu morpho. Gagner l'arête à droite puis remonter quelques mètres (6c+). 40 m. 6 goujons, 1 piton.

- L7 : Traverser à droite vers le couloir puis le remonter (à protéger) jusqu'à une brèche (4c). 35 m. 0 point.

- L8 : Remonter un mur raide mais bien prisu jusqu'à la tour rouge. La gravir par un crochet droite-gauche puis tirer à gauche dans une faiblesse lichéneuse (ne pas monter dans la fissure à droite, tentant mais pourri). Par un pas délicat, basculer dans la face à gauche et continuer en oblique ascendante vers la gauche jusqu'à l'arête (6a+ à protéger). Un (seul) goujon pour le relai. Longueur de 60 m mais le second peut commencer à faire les dix premiers mètres qui ne dépassent pas le 4. 3 pitons seulement.

- L9 : A corde tendue, gravir les cent mètres de l'arête terminale en évitant par la droite un ressaut plus raide. Rocher moyen puis meilleur sur le final (4a). 0 point.

Descente (1h30)

Par l'arête est (3, rocher délicat) jusqu'un peu avant la brèche dominant le grand couloir sud. Un rappel de 25 m donne accès au couloir (on peut continuer à désescalader par un crochet versant nord et entrer dans le couloir sans rappel au niveau de la brèche). Descendre ce couloir en jonglant entre les talwegs et ses pierres croulantes et les bosses en gneiss poli magnifique et excellent. Un rappel est équipé à mi-hauteur pour un passage plus raide mais qui se désescalade également (3 max). L'horaire est un horaire normal pour une cordée au pied montagnard qui fait la descente en solo. Si on doit s'encorder et se protéger voire équiper des rappels, le majorer très nettement !

Retour (1h)

Par le même itinéraire.

Matériel

- Corde 2x50 préférable mais passe avec une simple de 50 m.

- 14 dégaines

- 4 grandes sangles

- Un jeu de friends (Camalot du 0,3 au 2)

 

 

Approche finale

Approche finale

Sortie de L3

Sortie de L3

Ju attaque L4

Ju attaque L4

L4 vue de R3

L4 vue de R3

Sortie de L5

Sortie de L5

Attaque de L6

Attaque de L6

La tour rouge (L8)

La tour rouge (L8)

Troisième Saint-Phalle pour bibi
Troisième Saint-Phalle pour bibi

Troisième Saint-Phalle pour bibi

En nord, ça sent l'hiver. Le glacier de l'Argentière a, malheureusement, quasiment disparu.

En nord, ça sent l'hiver. Le glacier de l'Argentière a, malheureusement, quasiment disparu.

Final (photo smartphone)

Final (photo smartphone)

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Rédigé par lta38

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Publié le 11 Septembre 2016

Reprise de l'escalade "sportive" parce que le granit de montagne, c'est beau mais ce n'est pas avec ça qu'on va garder des avants-bras. Cela faisait donc deux mois que je n'avais pas pratiqué ce type de grimpe.

Séance couenne avec Candice lundi dernier chez "Roger", un spot qu'on ne connaissait ni l'un ni l'autre autour de Grenoble. Frais le soir, c'était un bon choix. Nous avons fait une voie d'échauff' dans le 6a+ puis un beau 6b+ nous avait (déjà) mis les bouteilles. On a ensuite travaillé le 6c de gauche mais les avants-bras étaient bien fatigués au premier essai. C'est assez bloc, quoique (une dizaine de mouvements). Une lecture pas facile à vue et une section dure uniquement sur prises sikatées. Puristes d'abstenir. C'est vrai que c'eut été superbe si ces prises avaient été naturelles car l'enchaînement des mouv' est splendide.

Aujourd'hui, direction l'Alpe-d'Huez avec Gérald pour fuir la chaleur. Le soleil n'arrivant qu'autour de quatorze heures trente sur la falaise, nous eûmes tout le temps de grmper à l'ombre en t-shirt avec une petite laine pour les relais. Nous avons fait trois petites voies :

- Sonate d'été : 5c ; 5b ; 6c ; 6a. Section dure de L3 bloc (7-8 mouv'). L3+L4 passent avec cinquante mètres. Descente en deux rappels de cinquante mètres en groupant les longueurs par deux et encore, c'est ultra limite pour le dernier, petite désescalade nécessaire pour finir.

- Cathydrale : 6a+ ; 6b ; 7a. Très belles L2 et L3 avec mention spéciale pour la première moitié de chacune de ces deux longueurs. Un beau festival de réglettes sur murs légèrement déversants. Descente en deux rappels cinquante puis trente cinq mètres.

- Contrat : Juste à gauche de la précédente. 6a+ ; 6b+. Une dernière longueur (dure) a été équipée mais le rocher n'inspire pas confiance (chips) bien qu'il soit fort beau. La chaleur aidant (arrivée du soleil), nous nous en sommes tenus là.

Toujours un plaisir de revenir sur cette falaise qui présente bien des atouts, surtout avec un Gérald en pleine forme.

Sonate d'été, L1

Sonate d'été, L1

Cathydrale, L2

Cathydrale, L2

Cathydrale, L3

Cathydrale, L3

Contrat, L2

Contrat, L2

Contrat, L2

Contrat, L2

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Rédigé par lta38

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Publié le 26 Août 2016

Une journée de repos s'imposait après les Jorasses. Avec la canicule en cours, pas question de remettre les pieds en haute montagne sur des ponts de neige fragiles ou sous des faces mixtes prêtes à libérer leurs pierres. Thib' serait bien partant pour aller au Grand Cap' mais à la journée, ce serait vraiment difficile d'attraper la benne et je n'ai pas envie de payer un refuge de plus. J'ai aussi envie d'une "petite" course à la journée sans trop de marche d'approche pour finir cette session d'alpi/escalade d'été. Nous tombons d'accord sur la face nord-ouest de l'aiguille de l'M. Approche et voie se feront à l'ombre. Parfait. Souhaiter balader les coinceurs, nous choisissons une vielle voie : la Ménégaux. Suivant une ligne de dièdres sur la partie gauche de la face, elle semble assez esthétique.

L1 : départ austère. Dièdre en 4c (35 m) pour s'échauffer. Les protections sont faciles à poser.

L1 : départ austère. Dièdre en 4c (35 m) pour s'échauffer. Les protections sont faciles à poser.

R2 : un vaste choix de coloris

R2 : un vaste choix de coloris

L2 : toujours austère, toujours 4c. Une trentaine de mètres. Granit de type face nord : gris et moins adhérent que la protogine rouge.

L2 : toujours austère, toujours 4c. Une trentaine de mètres. Granit de type face nord : gris et moins adhérent que la protogine rouge.

L3 : ça commence vraiment à grimper. 5c+ (bon disons 6a, c'est quoi cette connerie de cotation en montagne ?) paraît-il en prenant la dülfer à droite. Thib', et idem pour moi derrière, passons par la fissure de gauche. Longueur soutenue. 6b je dirais.

L3 : ça commence vraiment à grimper. 5c+ (bon disons 6a, c'est quoi cette connerie de cotation en montagne ?) paraît-il en prenant la dülfer à droite. Thib', et idem pour moi derrière, passons par la fissure de gauche. Longueur soutenue. 6b je dirais.

L4 : 5b en dièdres après un départ en passant sous une énorme écaille (on a probablement fait le R3 trop à gauche) qui ne fait pas envie

L4 : 5b en dièdres après un départ en passant sous une énorme écaille (on a probablement fait le R3 trop à gauche) qui ne fait pas envie

L5 : 6a (un pas) puis du 5. A la sortie, on se demande si on n'a pas fait le relais trop à gauche (un autre pas délicat - 6a au moins - non mentionné sur les topos), d'autant qu'on s'écarte du dièdre final

L5 : 6a (un pas) puis du 5. A la sortie, on se demande si on n'a pas fait le relais trop à gauche (un autre pas délicat - 6a au moins - non mentionné sur les topos), d'autant qu'on s'écarte du dièdre final

L7 : un pas de 5c en traversée puis un autre de 6a, le reste facile, pour sortir sur l'arête NNE par laquelle (une longueur de 3) on gagnera le sommet). Peut-être la confirmation de notre erreur. La L6, non représentée en photo, m'a fallu de franchir, en une petite vingtaine de mètres, une première fissure puis une seconde bouchée avec pas mal de clous en place. Je me suis agrippé un peu à tout, tandis que Thibal libérait en second. Son estimation ? "Difficile, il faut se placer et serrer quelques petites prises, peut-être 7a..."

L7 : un pas de 5c en traversée puis un autre de 6a, le reste facile, pour sortir sur l'arête NNE par laquelle (une longueur de 3) on gagnera le sommet). Peut-être la confirmation de notre erreur. La L6, non représentée en photo, m'a fallu de franchir, en une petite vingtaine de mètres, une première fissure puis une seconde bouchée avec pas mal de clous en place. Je me suis agrippé un peu à tout, tandis que Thibal libérait en second. Son estimation ? "Difficile, il faut se placer et serrer quelques petites prises, peut-être 7a..."

Petits, grands Charmoz, Blaitière ! Quel panorama ! Un rappel de 25 m, un autre de 7m, une désescalade et on est au col de la Bûche, ayant dépassé deux cordées dans le haut de l'arête NNE

Petits, grands Charmoz, Blaitière ! Quel panorama ! Un rappel de 25 m, un autre de 7m, une désescalade et on est au col de la Bûche, ayant dépassé deux cordées dans le haut de l'arête NNE

Après une pause à l'ombre au col (c'est dire si ça cogne), on attaque la descente par le couloir avant l'arrivée des autres cordées afin de ne pas subir un éventuel parpinage.

Après une pause à l'ombre au col (c'est dire si ça cogne), on attaque la descente par le couloir avant l'arrivée des autres cordées afin de ne pas subir un éventuel parpinage.

Quelques infos techniques pour parcourir cette voie :

- Accès : train Montenvers (1h30), plus efficace que le plan de l'Aiguille qui, certes, dépose plus haut mais il faut redescendre un peu (donc remonter au retour) avec davantage de distance et la queue à faire à la benne (ou alors, bivouac la veille au soir - bonne option).

- Difficulté : TD+, 200 m, 6a obligatoire

- Jeu de friends du 0,3 au 2 + petit câblés + sangles ; corde à simple 50 m

- baskets suffisantes pour la descente (sauf en tout début d'été quand le couloir de la Bûche est encore en neige)

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Rédigé par lta38

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Publié le 24 Août 2016

Traversée Rochefort - Jorasses. J2

L'aube point. La température reste élevée (2°C au petit matin à 4020 m) : très bien pour ne pas avoir froid au réveil et suffisant pour opérer un certain regel. La cordée d'Italiens attaque en premier, suivie par le guide français et son client, tous fort sympathiques. L'Italien nous dit qu'il a un topo décrivant de passer par le second dièdre. Nous sommes dubitatifs. Les Français suivent. Thibaut reste persuadé qu'il faut suivre notre topo mais je le convaincs de nous rallier à la majorité. Finalement, les Français font demi-tour : trop dur. Nous-aussi. Retour à la case bivouac. 7h40. Quelques minutes de perdues mais ce n'est pas très grave.

Nous gravissons le dièdre en 4c de la Marguerite ; la suite sera un beau parcours d'arêtes facile mais demandant l'habitude d'évoluer en terrain montagne à corde tendue.

Descente du sommet de la pointe Marguerite, premier 4000 (4065 m) du jour

Descente du sommet de la pointe Marguerite, premier 4000 (4065 m) du jour

Remontée à la pointe Hélène, second 4000 (4045 m)

Remontée à la pointe Hélène, second 4000 (4045 m)

La pointe Croz (4110 m)

La pointe Croz (4110 m)

De mon côté, la forme est revenue. Thibault reste imperturbable. On avance vite, désormais devant nos deux cordées. Au niveau de la pointe Croz, il faut remettre les crampons. Je prends le temps de bien les ajuster sur mes baskets d'approche, laissant passer les Français. La course (du moins la montée) n'est plus qu'une formalité. Pointe Whymper, puis Walker. Ce mythe des Grandes Jorasses est enfin là devant nous. Au final, cette traversée aura été beaucoup plus rapide que prévue. Seulement 5h30 cumulées de Canzio à la Walker et encore, avec probablement trente minutes de perdues avec la cordée d'Italiens qui, peut-être impressionnée par le difficile passage franchi lors de leur variante improvisée du matin, a tiré plusieurs longueurs de la Marguerite à la brèche Hélène - Croz. Pour une cordée acclimatée et qui a l'habitude de gérer ce terrain montagne à corde tendue, 6/7h pour la traversée Rochefort et 6h pour celle des Jorasses me paraît (donc) être un horaire abordable, sans compter les pauses bien sûr.

Pointe Whymper (4185 m) depuis la Walker (4208 m) ; la cordée italienne arrive

Pointe Whymper (4185 m) depuis la Walker (4208 m) ; la cordée italienne arrive

La cordée française attaque la descente de la Walker

La cordée française attaque la descente de la Walker

Contents ! Mais il va falloir rester concentrés pour cette descente réputée compliquée

Contents ! Mais il va falloir rester concentrés pour cette descente réputée compliquée

10h40. Nous attaquons la descente par l'éperon sud des rochers de la pointe Walker. Ce n'est pas difficile mais il faut rester concentré. Personellement, je suis bien à l'aise là-dedans et j'aurais même préféré être décordé. Mais on ne va pas mettre et remettre la corde à chaque fois que besoin. En revanche, je ne brille pas sur la neige lors de quelques passages en glace affleurante. Thib' marche droit en piolet canne ; moi je suis à quatre pattes. L'an prochain, je me rachète une paire de vraies chaussures de montagne. Fort heureusement, ces passages sont très courts cette année et la descente en est presque débonnaire. On traverse en trottinant sous les séracs pas vraiment menaçants cette année (mais sait-on jamais...) pour rejoindre le bas des rochers Whymper où quatre rappels sont équipés. Nous perdons du temps avec une cordée ayant fait l'aller-retour par la voie normale et qui rame vraiment pour poser les cordes et descendre. Ils coincent le troisième rappel. Nous le leur décoinçons. Mais nous coinçons aussi à notre tour (saloperie d'écaille mal placée). Personne en amont. Il faut remonter, décoincer, redescendre. Thibault s'exécute vite et bien.

Avant de traverser sous le sérac

Avant de traverser sous le sérac

Les rochers Whymper avec la cordée pas très rapide en aval

Les rochers Whymper avec la cordée pas très rapide en aval

Une traversée neigeuse amène aux rochers du Reposoir où nous pouvons dépasser la cordée et descendre vite. Enfin, tout est relatif. Nous nous faisons doubler par un Italien qui "court". Il a fait lui-aussi la traversée des Jorasses,... en solo !!! Ces rochers sont faciles. Dans le bas, ça se redresse. On pourrait désescalader mais cinq rappels tous neufs ont été installés. On ne va pas s'en priver. Il fait chaud. On est mort de soif. La fatigue commence à se faire sentir. Corde !

Sur les rochers du Reposoir

Sur les rochers du Reposoir

Il ne reste plus qu'à contourner les crevasses, bien présentes mais finalement encore bien bouchées pour la date et se laisser glisser jusqu'à Boccalate. Pour compléter les informations horaires, il nous aura fallu trois heures pour atteindre Boccalate dont une bonne demie-heure probable de perdue avec la cordée devant nous et la corde à décoincer. Certes, ces aléas sont à prendre en compte pour garder de la marge en cas de météo douteuse mais personnellement, je ne m'engage pas dans une telle course si le second jour est annoncé comme possiblement orageux en toute fin de journée. Je préfère me donner une marge en cas de bivouac imprévu. Bon pour le coup, la marge était énorme...

Grosse pause au refuge et sympathique discussion avec le gardien. Une cordée française en termine aussi après être partie de Canzio (nous avions discuté avec eux la veille).

Thib' devant une grosse crevasse. On sent la quille et la détente

Thib' devant une grosse crevasse. On sent la quille et la détente

Les séracs du glacier de Planpincieux

Les séracs du glacier de Planpincieux

Les discussions vont bon train et nous nous attendons tous les quatre à une descente cool en taillant une bavette ("Je vais y aller cool" avais-je annoncé ; "Ca me va, j'ai mal au genou" m'avait-on répondu). Très rapidement, avec la chaleur et la soif malgré le remplissage des bouteilles au torrent (rapidement vidées), l'envie d'en terminer prend le dessus. En une heure, les 1300 m jusqu'à Planpincieux sont avalés en courant. Les Français nous paient Coca et bus en "échange" d'un retour motorisé sur Chamonix (ils étaient partis de l'aiguille du Midi avec une première traversée vers Torino). Les quatre-vingt-dix minutes d'attente au tunnel nous poussent à empiler glaces et bières puis pizzas à Courmayeur avant de renter plus tard dans la soirée.

Une bonne adresse : la pizzeria du tunnel à Courmayeur. Dément ! Merci Lolo (Dupré) pour le tuyau et pour tout le reste, comme d'hab'.

Une très grande course, pas très difficile mais très engagée et très montagne. Une des plus belles que j'ai pu faire avec le pilier du Frêney, la traversée des aiguilles du Diable, la traversée de la Meije ou la Pierre-Allain. Merci Thibault, compagnon sans faille !

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Rédigé par lta38

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Publié le 23 Août 2016

Semaine montagne avec Thibault. Nous espérions réaliser une grande course. La météo nous offrant la plus belle semaine de l'été (plusieurs jours consécutifs de grande stabilité), il est temps de mettre en place un projet de longue date. La veille, la fraîcheur était encore de mise en altitude après le coup de mauvais du samedi avec un peu de vent. Afin de partir le plus léger possible, nous repoussons d'une journée et allons grimper au Brévent.

Première benne à Entrèves à sept heures. Direction la pointe Helbronner avec le nouveau Skyway, un téléphérique à cabine tournante ! Nous attaquons la course à huit heures. La traversée des arêtes de Rochefort est somptueuse. Il est franchement dommage de ne la faire qu'en aller-retour mais il n'y a guère le choix si on n'enchaîne pas avec les Jorasses. Du sommet de l'aiguille de Rochefort, la vraie traversée est loin d'être finie. Il faut rejoindre le second 4000 de la journée, le Dôme et de là, gagner les six rappels donnant accès au plateau du bivouac Canzio en traversant des brèches avec de nombreuses manip'. Nous débarquons au bivouac à quatorze heures. Pile les horaires du Rébuffat ! Nous nous posons une heure puis repartons dans l'idée de bivouaquer quand nous pourrons (nous avons en tête les vires sous le sommet de la pointe Marguerite).

La face ouest de la pointe Young se grimpe alors agréablement en tee-shirt. Nous ne tirons pas de longueur. Les "grosses" se posent admirablement sur les reliefs et l'escalade n'est jamais difficile. Nous grimpons à corde tendue à quinze/vingt mètres en plaçant régulièrement des protections. Nous sortons au sommet de la Young par une variante en 5c/6a nous permettant d'éviter le mixte/pourri de l'itinéraire classique (à vrai dire, nous étions un peu monté trop haut sur la gauche). Au final, c'est sans doute plus joli de faire ainsi avec de beaux passages en rocher. 

La suite prend un peu de temps. Arête, désescalade, rappel, grimpe, rappel... Pour rejoindre les vires de bivouac sous le sommet de la Marguerite où sont en train de s'installer deux cordées, il faut emprunter un couloir d'une centaine de mètres de dénivelé qui ne nous inspire pas. Nous le saurons le lendemain mais une cordée aura, par erreur, évité ce passage en restant continuellement sur l'arête : et ça passe très bien en acceptant une longueur dure sous le sommet (5c peut-être). Nous gravissons ce couloir un peu pourri. Nous sommes à 4000 m en versant ouest. L'isotherme zéro est élevé (4500 m) ; il est dix-huit heures. Un petit bloc se détache du couloir et va heurter une "machine à laver" posée en équilibre sur une dalle. Cela a pour effet de la désolidariser. Le mastodonte se détache quelques mètres au-dessus de Thibault qui a tout juste le temps de faire un jump réflexe pour l'éviter. Gros fracas. Grosse frayeur. "Ca va les gars ?" nous crie-t-on depuis les vires bivouac une longueur au-dessus...

Nous rejoignons ces vires et décidons de nous en tenir là. Personnellement, la fatigue se fait sentir. Je n'ai sans doute pas totalement récupéré du mont Blanc de la semaine précédente. On n'a plus vingt ans.

Les vires sont précaires et nous savons que la nuit ne sera que veille. Nous nous installons quelques mètres l'un en-dessous de l'autre. Nous allons profiter du spectacle : coucher du soleil, voie lactée, lever de lune et suivre l'évolution des frontales sur l'ensemble du massif. Très peu de sommeil mais une nuit absolument magique. Il ne fera que deux degrés au plus froid de la nuit, nous permettant de n'avoir aucun problème avec le "petit" sac de couchage emporté. Demain sera une autre course.

Au début des arêtes de Rochefort

Au début des arêtes de Rochefort

Dans le rétro, la dent du Géant, 4000 pris d'assaut

Dans le rétro, la dent du Géant, 4000 pris d'assaut

Thibaut sur l'aiguille de Rochefort (4001 m)

Thibaut sur l'aiguille de Rochefort (4001 m)

Après le dôme de Rochefort (4015 m - tout comme le dôme des Ecrins), une courte arête pourrie qui prendre un peu de temps

Après le dôme de Rochefort (4015 m - tout comme le dôme des Ecrins), une courte arête pourrie qui prendre un peu de temps

Attaque de la pointe Young : quel rocher !

Attaque de la pointe Young : quel rocher !

Traversée des bandes mixtes sous la pointe Young

Traversée des bandes mixtes sous la pointe Young

Vue sur le glacier du mont Mallet, les Périades, le Grépon... Classe !

Vue sur le glacier du mont Mallet, les Périades, le Grépon... Classe !

Traversée sous la Young pour rejoindre une longueur en 5c/6a donnant accès à l'arête.

Traversée sous la Young pour rejoindre une longueur en 5c/6a donnant accès à l'arête.

Le gendarme sous le sommet de la Marguerite (bivouac juste à gauche de la brèche) et le putain de couloir sud de merde

Le gendarme sous le sommet de la Marguerite (bivouac juste à gauche de la brèche) et le putain de couloir sud de merde

Le même gendarme depuis le bivouac

Le même gendarme depuis le bivouac

Coucher de soleil sur l'aiguille du Midi et le mont Blanc

Coucher de soleil sur l'aiguille du Midi et le mont Blanc

Installation précaire sécurisée par deux friends en cas de glissade nocturne

Installation précaire sécurisée par deux friends en cas de glissade nocturne

Quelques mots techniques

- Topo. Nous avions pris le c2c. Personellement, je ne l'ai pratiquement pas regardé, me fiant à l'instinct. Il est pratiquement inutile sur la traversée des arêtes de Rochefort. Tout est évident. Sur la traversée des Jorasses, il est préférable de le consulter de temps à autre mais j'ai trouvé, et ce n'est pas la première fois, que ce genre de topo est souvent difficile à suivre sur le terrain. Les dièdres et autres fissures remarquables ne le sont parfois que pour ceux qui les ont déjà vus. Le souci du grand détail est aussi parfois contre-productif. On va trouver deux lignes pour une courte longueur puis une courte phrase pour les trois-quarts d'heure suivants. Difficile à anticiper sur le terrain, sauf quand ce dernier est évident (mais du coup, on n'a pas besoin de topo). Il est très bien que ce topo existe et reste sans doute un des meilleurs disponibles mais il faut savoir le lire avec du recul à mon sens. Grosso modo : Topo inutile sur les arêtes de Rochefort. C'est évident. Six rappels permettent de descendre sur le plateau de Canzio. Corde 50 m suffisante (et bien spur pour le reste aussi). Young s'attaque en rive droite d'un couloir évident et on suit une ligne de fissures obliques ascendantes droite-gauche (tout ça bien visible depuis les précédents rappels) en 4c. On change légèrement d'orientation pour trouver un terrain plus mixte et un rocher plus douteux. Nous avons poursuivi au mieux en ascendance gauche jusque sous des rochers raides trente mètres sous la crête puis gagné celle-ci par une longueur en 5c/6a (cordelette rouge en place). Une courte désescalade sur le fil amène à un relais de rappel et celui-ci, à une brèche aérienne. Une longueur en 4c (dix mètres) puis une traversée en face sud conduit à un autre petit rappel qui dépose au pied de l'évident (putain de) couloir (de merde) à remonter au mieux jusqu'aux vires de bivouac. Helbronner => Canzio : 6h ; Canzio => bivouac 3h

- Matériel. Je suis parti avec les Adidas Scope GTX aux pieds (ne me tapez pas sur la tête !). Un véritable régal de confort et de précision sur le rocher. En revanche, les quelques passages en glace affleurante sur les arêtes (et le lendemain dans la descente) m'ont vu me mettre à plat ventre avec le piolet. Mieux vaut de vraies chaussures d'alpinisme avec davantage de rigidité en semelle et en cheville. Pour l'assurage : corde de 50 m la plus fine possible (on la mettra en double pour grimper), six dégaines, un jeu de friends (Camalot 0,3 ; 0,4 ; 0,5 ; 0,75 ; 1 et 2), cinq petits câblés, six sangles 120 cm avec mousqueton sur chacune. Une paire de crampons et un piolet par personne. Pour le couchage, un tapis de sol sommaire (mousse avec face alu) et un sac de couchage (Valandré Mirage pour tous les deux, 0°C confort, 770 g). Vêtements : t-shirt manches longues, seconde couche (petite polaire), doudoune light, veste gore-tex. Une paire de gants légers.

- Hydratation. Deux litres chacun. Très loin d'être suffisant. Faire fondre de la neige à Canzio pour refaire le plein ; sinon, on trouvait quelques traces de neige au niveau du bivouac.

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Rédigé par lta38

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