escalade-alpi

Publié le 22 Août 2016

Retour sur le mont Blanc avec Thibaut. La fraîcheur et le vent de Nord qui l'accompagne nous font choisir une escalade dans les aiguilles Rouges et décaler d'un jour notre projet d'altitude.  J'y suis déjà allé quelques jours auparavant mais étant alors dans le brouillard cela ne me dérange pas d'y retourner avec cette fois la vue et le soleil : direction le Brévent qui bénéficie d'un accès rapide et d'un retour nul par le téléphérique.

Nous choisissons la voie "poème à Lou" signée François Pallandre qui déçoit rarement par ses réalisations. Cinq longueurs seulement mais de très grandes longueurs : cinquante mètres sauf la troisième qui doit faire trente cinq mètres. 

Le niveau est homogène : 6a+ ; 6b ; 6b+ ; 6a+ (un passage 6c+) ; 5c

La voie est magnifique ; l'équipement béton mais sans concession avec de belles envolées au-dessus des points. Le rocher est excellent sauf les derniers mètres où il demande un peu de vigilance. Tous les ingrédients sont réunis pour passer une belle matinée. Nous sommes au deuxième relais quand un bruit fend l'air. Deux wingsuiters se sont élancés de ce spot mondialement réputé pour la discipline. Nous stoppons un instant pour les regarder. Le premier va faire un virage pour rentrer dans le couloir de l'ENSA entre des aiguillettes. Le second en fait de même mais à plus grande hauteur du sol. Nous ne savons pas encore que c'est Alexander Polli, véritable virtuose de l'activité et qu'il prévoit une figure pour se remettre à hauteur de son compagnon. Dans sa manœuvre, il heurte un arbre et s'écrase dans le pierrier sous nos yeux ébahis. Autant dire que l'escalade n'aura plus la saveur prévue. On a beau ne pas connaître la personne, être témoin d'un tel drame dans l'exercice d'une passion commune (les sports outdoor) ne peut laisser indifférent. Cette vidéo d'Alexander nous plonge dans l'ambiance. Je sais que certains, bien campés dans leur canapé, diront qu'il "cherchait" ; ils se trompent. Oui il cherchait à ...vivre, un peu plus intensément que le moyenne. Paix à lui.

Vivre et mourir en montagne
Vivre et mourir en montagne

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Rédigé par lta38

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Publié le 19 Août 2016

Pour se mettre dans l'ambiance. Facile à réaliser avec un minimum de matériel et de précautions météorologiques, d'autant plus en montant par la voie normale. Pour toi Gigi

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi, #paysages

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Publié le 18 Août 2016

Deux courtes vidéos des vie ferrate réalisées avec les filles en juin dernier. Rien de très intéressant pour l'internaute si ce n'est une éventuelle découverte des lieux mais nul doute que les filles se plairont dans quelques années à regarder (et se plaisent déjà) tous ces petits films témoins de leur enfance grâce à ces formidables outils dont nos parents ne disposaient pas une génération arrière

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 17 Août 2016

Quelques images animées qui ne cassent pas des briques mais qui retracent ce petit défi personnel. Je préfère parler de défi. Ce n'est pas un exploit. Des centaines d'autres l'ont déjà fait.

On peut tous aller plus haut dans des (bonnes) conditions de sécurité. Il "suffit" de se connaître. On adapte ensuite l'itinéraire et le matériel à soi (et non l'inverse). La montagne reste toutefois un milieu non maîtrisable à 100%, au mont Blanc comme dans les Calanques...

L'essentiel est que chacun s'y fasse plaisir, quel que soit le projet/but/défi...

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 14 Août 2016

Je l'ai déjà gravi cinq fois. Avril 97 à skis par les Grands-Mulets ; mai 97 à skis également mais par les Trois Monts, août 98 avec des copains par la voie normale du Goûter après une nuit à Tête Rousse, juillet 2001 seul à skis à la journée par les Trois Monts (montée en 4h depuis l'aiguille du Midi à la première benne) avec descente par la face nord jusqu'à la Jonction, août 2001 par le fameux pilier du Frêney avec François. Quinze ans donc que je n'y avais pas remis les pieds. Et bien dix que j'ai ce projet en tête, de le faire d'une traite depuis la vallée.

Il y a deux façons pour ce faire côté français : depuis Chamonix place de l'Eglise par les Grands Mulets et depuis Saint-Gervais. Les records (Kilian) sont faits depuis Cham' mais évoluer en solo au milieu des crevasses et passer sous les séracs du Petit Plateau ne m'enchantent pas. Je le ferai sans doute un jour mais à skis au printemps (avec montée par l'arête nord du Dôme pour éviter les séracs) et depuis la plate-forme du tunnel. Reste donc l'itinéraire de Saint-Gervais. Beaucoup partent des Houches à 1100 m (un peu plus direct) mais quant à être sur le versant Saint-Gervais, autant partir de là. Il y a trois départs possibles : le haut (parking de la Crozat à 1400 m, 300 m de dénivelé en moins que depuis les Houches mais plus de distance ; au final ça doit se jouer à un quart d'heure/vingt minutes à la montée), le centre et le Fayet. Le vrai départ serait pour moi du Fayet à 600 m en suivant les rails du TMB. C'est ainsi que je voudrais le faire mais avec le peu d'entraînement du moment, je joue la carte de la prudence en partant de la Crozat, dernier hameau de la commune touristique de la Yaute.

5h15. Départ 1400 m. Montée cool par le col de Voza

5h50. Bellevue 1800 m. On n'y voit pas encore grand chose

6h15. Col du mont Lachat 2080 m. La lampe frontale rentre dans le sac.

6h40. Nid d'Aigle 2380 m. J'avais établi un planning horaire prévisionnel, pauses comprises. Pour le moment c'est parfait.

7h15. Cabane de Rognes 2770 m. Je croise les premiers randonneurs qui descendent.

7h45. Glacier de Tête Rousse. 3150 m. La moitié du dénivelé est avalée en 2h30 mais avec l'altitude (et les pauses ; je ne me suis pas vraiment arrêté pour le moment), la majoration devrait être importante. On attaque les choses sérieuses. Je commence à doubler pas mal de monde dans la montée au Goûter (le couloir "de la Mort" se traverse en vingt secondes en courant).

8h55. Refuge du Goûter 3830 m. Je m'octroye une première vraie pause. Casse-dalle, crème solaire, coupe-vent, lunettes et crampons "anti-recul".

9h15. J'attaque la montée au dôme du Goûter.

10h10. Traversée du dôme du Goûter 4280 m (la trace passe un poil sous le sommet). Les effets de l'altitude commencent à se faire sentir. Je monte à Vallot et me pose dans la neige un poil en amont des refuges, juste avant la montée aux Bosses. Il est 10h30.

10h45. Après une petite collation, il est temps de repartir pour le dernier round. J'ai pris trente minutes de retard sur mes prévisions mais à vrai dire, je n'avais pas vraiment prévisionné ces deux "longues" pauses (Goûter et Vallot). En revanche, j'avais prévu large Vallot-Sommet (1h30) ; je ne mettrai qu'une heure finalement.

11h45. Sommet. Grosse émotion car c'est quand même un bel effort. Un projet de longue date qui s'accomplit même s'il faut encore garder toute sa lucidité pour la descente.

Celle-ci débute prudemment histoire de prendre le mesure de l'accroche des crampons de "Mickey" que j'ai emportés puis essentiellement en trotinnant en dépassant pas mal de monde et ce, jusqu'au Goûter atteint en une heure. Je m'y octroye une grosse pause et repars en monde short-tee-shirt. Un vrai touriste qui descend l'arête du Goûter baskets aux pieds et qui croise des alpinistes lourdement chargés qui montent. Un des paramètres permettant de diminuer la souffrance des prétendants au toit des Alpes reste le sac à dos. Chacun doit faire avec sa propre expérience et son propre matériel mais globalement, le sac est toujours (beaucoup) trop lourd. Il reste aussi le problème du niveau technique. Là où je passe en courant avec les "crampons-baskets" sans piolet et où je vois un gars qui descend face à la pente avec de vrais crampons, deux piolets et à une lenteur absolue, assurément, il n'est pas alpiniste. Mais comment, pour un simple randonneur, ne pas se laisser tenter par ce sommet mythique ? C'est tout le paradoxe de ce mont Blanc.

Une fois le couloir de la Mort passé, c'est la délivrance. Je me remets à trottinner. Les jambes sont déjà lourdes mais je veux en finir avec cette descente. A chaque fois je prévois une pause à tel endroit mais je ne la fais pas. J'enchaîne et descends d'une traite. 1h30 Tête Rousse - parking. C'est fait !

Nota : j'ai (donc) mis 10h30 A-R. Pour ceux qui me prennent pour un furieux, le record est detenu par Kilian depuis le centre de Chamonix (donc un peu plus long) en... 4h57 AR !!!

Le matos

Le matos

Le matériel vestimentaire :

- tee-shirt manches courtes en première couche

- tee-shirt manches longues X-Bionic Apani Merino (très bonne isothermie) en deuxième

- coupe-vent Adidas ultra-light en trois

- doudoune légère dans le sac à dos au cas où

- un buff

- une paire de gants

- un pantalon alpi léger

- une paire de chaussettes de rando Socks Extrem light

- une seconde paire de chaussettes hautes et épaisses pour les mille mètres sommitaux

- un short léger minimaliste dans le sac pour le retour (en-deça du refuge du goûter)

Le matériel technique :

- "crampons" Ice traction forestier (Climbing Technology) = le minimum syndical

- pas de piolet

- deux bâtons pliables (Gipron quatre brins) avec mini-rondelle

- un baudrier léger (ski-alp) avec une broche, un mousquif à vis et une sangle en cas de pépin

- lunettes de soleil catégorie 4

- pas pris de casque

L'alimentaire :

- 2 litres d'eau dont un bidon de 50 cl accessible directement

- 1 paquet de cacahuètes pour le salé

- petits biscuits sucrés

- 2 barres céréalières

Accessoire :

- la GoPro pour faire quelques images

- une carte d'identité si jamais on me retrouve dans vingt ans dans une crevasse

Le tout dans un petit sac de vingt litres. Poids du sac variable (en fonction des vêtements/matériel porté et de l'eau qui diminue au fur et à mesure de la course). En moyenne : un peu moins de quatre kilogrammes !

 

Le Goûter, 3800 m. Déjà une bonne chose de faite car il faut bien le reconnaître, à part quelques passages avec une jolie vue sur le glacier de Bionnassay et l'aiguille éponyme, toute la montée jusqu'ici est bien bouseuse

Le Goûter, 3800 m. Déjà une bonne chose de faite car il faut bien le reconnaître, à part quelques passages avec une jolie vue sur le glacier de Bionnassay et l'aiguille éponyme, toute la montée jusqu'ici est bien bouseuse

Au-dessus de 4000 m, de vrais séracs, pas encore touchés visuellement par le réchauffement climatique

Au-dessus de 4000 m, de vrais séracs, pas encore touchés visuellement par le réchauffement climatique

Sur l'arête des Bosses

Sur l'arête des Bosses

La vue vers Chamonix ; à droite, l'aiguille du Midi, Tacul, Maudit...

La vue vers Chamonix ; à droite, l'aiguille du Midi, Tacul, Maudit...

Deux morceaux choisis prouvant de la grande souffrance des "alpinistes" engagés sur ce sommet.

- Je gravis la première Bosse et arrive à la cote 4500. Il me reste donc trois-cents mètres de dénivelé pour lesquelles je pense mettre une heure tout au plus, compte tenu de la fatigue et surtout, de l'altitude. Je croise à cet endroit-là un Anglais complètement cuit, défoncé. Il descend à tâtons, plus lentement que je ne monte. Il me regarde et me montre du doigt en disant "Three hours !". Je le regarde, étonné. Il réenchérit "Three hours for you, for the top !" (certainement le temps qu'il a dû mettre depuis cet endroit). Je le regarde, incrédule : "Quoi ? Non ! Non ! One hour, I think...". Et lui de relancer "No, Three hours, you will see". Quel enc... Pas bien encourageant. Pour la petite histoire, j'ai mis quarante minutes. Fuck.

- J'arrive sur la dernière ligne droite (altitude 4740 m). Il ne me reste que soixante-dix mètres de dénivelé.  Le sommet est en vue. Un gars est devant moi. Il pose un pied devant l'autre comme le font ceux qui arrivent au ressaut Hillary à la télé. Je le double peu après cet endroit en l'encourageant, disons à 4760 m d'altitude. Il me regarde à peine. Il ne peut pas répondre. Il semble à demi-conscient. J'atteins le sommet. J'y reste un quart d'heure. J'attaque la descente et le croise à dix mètres (en dénivelé) du but. Dans le même état. Je ne sais même pas s'il me voit passer. Il aura gravi quarante mètres de dénivelé en... vingt minutes.

Le mythe fait payer très cher à ceux qui sont insuffisamment préparés.

Mont Blanc : d'en-bas à la journée

PS : pour ceux qui sont tentés par l'expérience (solo, d'une traite ou tout simplement à la "normale"), précisons que si la question du sac est primordiale, chacun doit rester autonome et maître de ses compétences. Moi-même qui me considère comme ultra-light suis plus chargé qu'un Kilian (Jornet) et n'ai pas sa capacité à réagir face à un imprévu. Il y a aussi la connaissance passée que l'on a de la montagne et l'information dont on dispose le jour J-1 sur les conditions. Aussi, pour tenter l'expérience dans ces conditions de sécurité acceptables, je conseillerais de prendre, en plus de matériel décrit plus haut :

- le casque (pour la montée au refuge du Goûter notamment)

- une corde de vingt mètres en 7 mm (donc être deux et pas solo)

- un petit kit de mouflage avec poulie

- un piolet léger par personne

- une paires de crampons avec de vraies pointes (alu ok)

- des chaussures un peu plus "conséquentes", notamment pour l'isolation sur la neige

- un litre d'eau supplémentaire (ou ravito - cher payé - au refuge ; l'eau trouvée sur place risquant d'être souillée)

- davantage de vivres de course

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Rédigé par lta38

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