escalade-alpi

Publié le 8 Août 2016

Dernier round à Chamonix avec François. On fait le tour des "petites" remontées mécaniques : Champex, Brévent, Montenvers et aujourd'hui Flégère. Ca suffira pour le porte-monnaie. Ici, on ne fait rien comme les autres. Les tarifs augmentent trois fois plus vite que les salaires, le croissant est à 1€10 alors qu'il a le même goût qu'ailleurs et la Joker 10% plus chère qu'au Vieux Campeur.

Alors certes le granit est unique en son genre (encore qu'au Soreiller ou à Sialouze...), la concentration d'itinéraires est sans égal autour du toit des Alpes mais le fait d'en profiter à ce point pour "racketter" le touriste relève d'une éthique détestable. Il est normal de payer un service mais de là à en faire tel profit... On me dira que si je ne suis pas content, je n'ai qu'à m'en aller ou ne pas venir et que c'est aujourd'hui comme cela que la société fonctionne. C'est une façon de voir les choses.

Revenons à nous moutons. Le budget alloué à cette parenthèse chamoniarde est bouclé (merci François pour ton accueil qui permet un hébergement ici à un tarif sans équivalent !) alors, voici la fin de ce petit séjour.

Cette fois, la vue sera au rendez-vous ; direction les aiguilles Rouges pour une voie de Thierry Renault à la Glière : "Chat pelé". Valériane et Guillaume rencontrés deux jours avant sont encore dans le coin et partent pour la classique juste à gauche. On fera la "marche d'approche" (dont les bennes) ensemble afin de papoter. Au départ, il y a de nombreuses cordées de guides mais tout le monde part dans la classique où ça déroule.

De notre côté, on est bien content d'avoir pris quatre coinceurs mécaniques car ça engage un peu entre les points jusqu'au 5c/6a avec un rocher parfois un poil douteux. Surtout au départ où, comme toujours, il faut le temps de "s'acclimater". Mais la voie est belle et notre cordée progresse vite si bien qu'à R4, nous sommes au relais commun avec nos amis. Ce sera toutefois le dernier moment de rencontre car eux vont continuer à monter dans du facile tandis que nous allons perdre du temps à traverser puis redescendre un peu dans du terrain délicat afin de rejoindre le deuxième ressaut, le plus soutenu de la voie.

Le troisième et dernier ressaut est plus facile, si bien que plutôt que tirer un rappel et faire trois longueurs, nous ferons les deux longueurs de la voie d'à côté (Oraison) après une traversée facile. Un très beau parcours sur un rocher magnifique. Nous avons adoré. Et cette fois-ci, la vue était belle et les cotations sans complaisance ! Nous avons enchaîné la voie à tous les deux ; François ayant pris un repos dans le 6c et bibi pas fait un pas dans un... 6b (L2) en raison d'une grossière erreur de lecture.

Descente en solo, assez exposée mais sans grande difficulté après la petite désescalade sommitale. Une course à la marche d'approche limitée mais assez complète. Une bien belle façon de finir le séjour que ce chat pelé, au milieu des chapelets de cordées à la Glière, Chapelle, Clocher, etc. Je reviendrai sans doute faire un jour les "portes de la Chapelle" juste à côté.

Chat Pelé (sortie Oraison), EDinf, 6a+ ; 6b ; 6b ; 6a+ ; jonction ; 6c ; 6b ; 6b ; jonction ; 5c ; 5a (6a+ obl). Parfois engagée dans le 5c mais tous les pas durs sont intelligemment protégés.

A noter que L3 est en théorie du 3 (plutôt que le 4a annoncé) mais en suivant les recommandations du topo, nous étions partis avec 13 paires. En clippant tous les points (dont trois clous) et un friend, il me manquait trois paires pour rejoindre le relais. J'ai donc fait un relais intermédiaire sous la dalle sommitale sur un spit + un friend.

Du (beau) monde dans la classique juste à gauche de l'attaque de "chat pelé"

Du (beau) monde dans la classique juste à gauche de l'attaque de "chat pelé"

L2, magnifique ; derrière, les cordées sur la classique

L2, magnifique ; derrière, les cordées sur la classique

La fin de L2 devenue le début de L3 !

La fin de L2 devenue le début de L3 !

Des sections plus faciles parfois bien engagées (on ne tombe pas !)

Des sections plus faciles parfois bien engagées (on ne tombe pas !)

Un cadre irréprochable

Un cadre irréprochable

Après une semaine, va te raser !

Après une semaine, va te raser !

Des cordées encore, ici sur la classique de l'Index

Des cordées encore, ici sur la classique de l'Index

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 7 Août 2016

Entre la neige qui doit encore rester sur la partie haute et le mauvais temps annoncé pour mardi plus tôt que prévu et qui pourrait poser des problèmes en cas de bivouac supplémentaire, nous troquons l'arête sud de la Noire de Peuterey pour un aller-retour à la journée depuis le Montenvers à l'arête sud intégrale du Moine ce qui est déjà un ambitieux projet.

Bien nous en a pris car François récolte les fruits de la sortie en tee-shirt à Orny, ressentant les symptômes d'une "pseudo-bronchite". Midi à l'attaque. Le timing est respecté mais on n'a pas le droit à l'erreur si on veut passer sans bivouac et nous sommes partis light. Le départ nous prend du temps. Le topo c2c, trop précis, est très difficile à suivre. Le mieux est de se fier à son instinct et d'avancer. Ca grimpe plus que ne le laissent supposer les cotations mais ça le fait très bien en grosses. Ces Adidas Scope GTX, au risque de me répéter, sont vraiment exceptionnelles sur le granit. Je les recommande sans modération. Nous rattrapons une cordée partie le matin du refuge. Ils avancent très lentement et à les voir, seront à coup sûr loin du sommet à la nuit tombée. Je n'ose pas leur dire qu'ils devraient renoncer lorsqu'on se met à communiquer, de peur de passer pour un donneur de leçons. A mon grand soulagement, ils m'annoncent qu'ils vont battre en retraite car ils sont trop lents. Il est quatorze heures. C'est parfait pour nous. On pose un rappel de vingt-cinq mètres dans un couloir, signalé sur le topo mais personnellement, je ne suis pas emballé. La cordée qui nous précède et s'apprête à poser le rappel mais de l'autre côté en échappatoire pense que c'est ici, tout comme François. Je me rallie à la majorité, loin d'être convaincu. Une fois au bas on n'a plus le choix. On décide de tirer la corde. Et soudain, c'est le drame. Coincement. Irrécupérable. Le temps commence alors à s'écouler et on n'en a pas besoin. Il faut remonter. C'est difficile. La cordée qui n'a pas encore quitté l'arête se propose de nous lancer une corde. On accepte bien qu'intérieurement, j'aurais aimé me démerder tout seul. Retour sur l'arête. Près de quarante minutes de perdues.

Sagement, nous décidons de laisser tomber. La course est encore longue, mon compagnon n'est pas dans une grande forme physique et on n'a pas envie de passer la nuit avec une simple doudoune de deux-cents grammes. Cette décision ne nous coûte pas grand chose. Il fait grand beau. Le cadre est superbe et ça fait partie du jeu. N'ayant plus vingt ans, bien que restant "hyper actif" de par mes nombreuses sorties, je n'ai plus le même rapport avec "l'obligation du résultat".

Là encore, la cordée précédente nous propose de nous prêter sa corde de rappel (cent mètres) pour s'échapper plus facilement qu'avec notre unique brin de cinquante. Nous déclinons car il est tôt et on a tout à fait les moyens de nous en sortir avec notre matériel. Cela nous vaudra quelques ruses mais passera sans aucun souci. Pour la petite histoire, au passage, nous décoincerons la corde de nos voisins bloquée à son tour derrière un becquet. Match nul.

Au bas de la face, pause repas au soleil. On est bien là. Je n'ai aucun regret bien qu'il y ait forcément un petit goût d'inachevé. François préfère ne pas traîner pour essayer d'attraper le train bien que n'ayant pas pris le billet retour car pensant rentrer à la nuit. De mon côté, je décide de profiter de la beauté des lieux, de rester ici à contempler et de rentrer plus tard à Chamonix. Je passe une heure à flâner. Dix-sept heures. Les bonnes choses ont une fin. Je plie les affaires et attaque la descente. Glissade sur névés, refuge du Couvercle, sentier, échelles, mer de glace... Une heure quarante après avoir quitté le pied de la face sud du Moine je suis au Montenvers. L'endroit est désert. Coup de fil à François. Les enc... de la compagnie du Mont-Blanc ont refusé de lui faire payer la différence entre l'aller simple et l'aller retour (5€50) et lui demandaient 25€ pour le retour. Il a eu beau leur expliquer les circonstances (on n'a pas pris le retour car on devait faire telle course et on serait rentré à la nuit mais comme je suis malade etc), rien n'y a fait. Il a donc décidé de rentrer à pied par le sentier bucolique des Mottets.

De mon côté, je trace en empruntant la ligne de descente la plus directe qui m'amène à Chamonix en une petite heure.

Une belle journée en montagne même si on n'a pas fait la course désirée. C'est ça aussi la montagne. Comme l'aurait dit Georges Brassens et se plaisait à le répéter en toutes circonstances mon regrété ami Nicolas Cardin : putain de Moine !

 

Le vieux refuge du Couvercle

Le vieux refuge du Couvercle

Sur l'arête sud du Moine

Sur l'arête sud du Moine

Petit rappel face aux Jorasses

Petit rappel face aux Jorasses

Quel décor !

Quel décor !

Au retour, la vue sur les drus

Au retour, la vue sur les drus

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 6 Août 2016

Journée de transition météo avant une grosse journée le lendemain. François me vend une voie ED label Piola au Brevent. Avec le mont Blanc fraîchement enneigé en toile de fond, je suis immédiatement d'accord. 

Le temps d'arriver au pied de "la fin de Babylone" et les inévitables bourgeonnements préalpins nous enveloppent. Tant pis pour la vue. On grimpera par température agréable sans mal de pied. Mais seconde surprise : les cotations. Une fois n'est pas coutume notre ouvreur préféré devait être en grande fatigue le jour du premier parcours. On a vraiment trouvé ça facile dans le niveau annoncé. Ici on n'est pas au Portalet !

Autant dire qu'entre le décor et la difficulté, on n'a pas vu grand chose aujourd'hui !

Dans tous les cas, une belle escalade (merci aux ouvreurs ; cette histoire de cotations reste tout à fait anecdotique) et partages fort sympathiques avec la cordée qui nous précédait et celle qui nous suivait. Un itinéraire hautement recommandable.

"La fin de Babylone" au Brévent (cotations ouvreur/(perso)) : 6a (5c) ; 6b (6a) ; 6b+ (6b) ; 6c (6b+) ; 6b ; 6c (6b+) ; 6a+ (6a) ; 6a (5b !). Equipement excellent ; 6a+ obligatoire.

La traversée esthétique de L4

La traversée esthétique de L4

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 4 Août 2016

Bon ce n'était pas le programme initial. Après cette belle voie au Portalet, nous avions prévu avec François d'aller grimper dans les aiguilles Dorées, peut-être le plus beau granit du massif. Oui mais la perturbation est annoncée en avance avec un ciel pouvant se couvrir dès le début d'après-midi et les premiers orages possibles en milieu d'après-midi (même si probablement plutôt en soirée). N'ayant pas envie de courir et de grimper à l'ombre dans le froid ou de devoir battre en retraite si loin à l'intérieur du massif, nous choisissons un itinéraire plus proche et un peu plus court dans la face sud de l'aiguille d'Orny. Le gardien de la cabane nous vend "Gérémiade". Avec quelques variantes, ce devrait être une voie homogène dans le petit 6 tandis que BBX et Evelyne en feront de même dans la voie juste à droite (Quiche Moraine).

Au pied de la face le petit vent d'ouest devient nul et il fait même bon. Le soleil ne devant pas tarder nous partons avec un tee-shirt manches-longues et un coupe-vent pour deux. Erreur ! Non seulement, le soleil ne va pas arriver tout de suite mais le vent va forcir ce qui nous vaudra une belle caillante jusqu'au sommet !

Fort heureusement, l'escalade était magnifique. Et à l'heure avec beaucoup de marge pour le dernier siège de dix-sept heures.

Lever de soleil sur feu la face nord du Portalet

Lever de soleil sur feu la face nord du Portalet

Le petit clocher s'embrase à son tour

Le petit clocher s'embrase à son tour

L1 et L5 (6a, tout comme L2 et L4)L1 et L5 (6a, tout comme L2 et L4)

L1 et L5 (6a, tout comme L2 et L4)

L5 encore

L5 encore

L7 : 6a toujours

L7 : 6a toujours

L8 : variante majeure et longue en 6b avec une section dure au début (6c+ peut-être, pas réussi le pas)

L8 : variante majeure et longue en 6b avec une section dure au début (6c+ peut-être, pas réussi le pas)

L9 : 5c pour sortir

L9 : 5c pour sortir

Un rappel de 25 m au sommet puis marche. Merci à Steph pour le prêt des Salomon S-Lab X-Alp

Un rappel de 25 m au sommet puis marche. Merci à Steph pour le prêt des Salomon S-Lab X-Alp

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 3 Août 2016

Cette montagne, je la connais (au moins en photo) depuis plus de trente ans. J'avais à peine dix ans lorsque j'ai serré la main à Gaston (Rébuffat), alors que je connaissais son livre par coeur (les 100 plus belles du massif du Mont-Blanc ; par coeur, comprenez, quelle course à quel numéro !). Dans cette bible de l'alpinisme d'antan, une page était consacrée au Petit Clocher du Portalet. Sa construction yosémitique m'impressionnait.

Il a fallu attendre et puis...

Alors certes, on n'a grimpé ni la face est (de profil), ni la face nord (de face) mais même si la face sud est de loin la moins impressionnante de toutes, l'escalade n'est pas une simple promenade et la voie "le chic, le chèque, le choc" des frères Rémy laissera des traces sur les mains insuffisamment protégées et meutries par un granit abrasif qu'il faut serrer. Si l'an dernier j'avais tout enchaîné à vue la voie Palandre (déjà réputé pour ne pas être tendre avec les cotations) au Moine (le Druide), cette fois, il faudra repasser.

L1 : 5c. ben ça court déjà pas ! Ca promet pour la suite.

L2 : 6a+. Ben c'est pareil mais en plus dur. J'ai l'impression d'être proche de mes limites.

L3 : 6c. Je rate le crux de départ mais la suite déroule bien sauf que la seconde partie ne comporte aucun point sur vingt mètres alors que les quinze premiers sont bien équipés. Je doute de l'itinéraire et pinaille. Pourtant, il n'y a pas d'autre issue. Il faut grimper et se protéger et ce n'est pas facile, mais alors pas facile du tout. 

L4 : 6c. cette fois ça coche, mais en second ;)

L5 : 6b. C'est court mais c'est dur !

L6 : 6c. Ah bon ? On a rien compris au pas de départ ni l'un ni l'autre. Si on avait lu 7a ou 7a+ sur le topo on n'aurait pas dit que c'était une cotation bradée ! Il parait qu'un certain BBX croisé le soir au refuge et passé par là la veille aurait trouvé le pas bien bien dur (mais il l'a réussi lui...).

L7 : 5c. Sans la bonne technique, c'est (au moins) 6b+. Sinon, c'est amusant mais ils sont durs avec les cot' les frérots. 

Descente en rappel dans la voie et montée au refuge d'Orny en vue de la suite.

A noter le tarif (15€ l'aller, 19€ l'aller-retour du siège (pas donné) de Champex pour économiser sept-cents mètres de dénivelé. On mange très bien dans cette cabane (faut dire cabane et non refuge en Suisse).

Tout finit par arriver
Tout finit par arriver
L1 : 5c (!!!)

L1 : 5c (!!!)

L2 : 6a+ (magnifique)

L2 : 6a+ (magnifique)

L3 : 6c très exigeant à protéger

L3 : 6c très exigeant à protéger

L4 : 6c

L4 : 6c

L5 : 6b

L5 : 6b

L6 : 6c mutant !

L6 : 6c mutant !

Sommet !

Sommet !

Cordée en rappel dans la face nord, terrible !!!

Cordée en rappel dans la face nord, terrible !!!

L'envie de revenir grimper cette face mais le niveau est doute un peu juste

L'envie de revenir grimper cette face mais le niveau est doute un peu juste

Remontée à la cabane d'Orny

Remontée à la cabane d'Orny

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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