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Publié le 25 Novembre 2020

En annonçant une ouverture des promenades à 20 km, le président a fait plus que je ne l'espérais. On pourra s'éloigner dès samedi jusqu'à 20 km de son domicile au lieu d'un seul. A titre personnel, cela m'ouvre officiellement les portes d'une bonne partie de la Chartreuse et d'une partie de Belledonne. Je précise au passage que de par mes activités professionnelles, cela ne change pas grand chose pour moi : juste que sur cette portion congrue, je n'aurai plus à justifier (voire prouver selon les demandes du contrôleur) d'une sortie à des fins professionnelles. Les trois heures octroyées (au lieu d'une seule) sont loin d'être proportionnelles à l'allongement de la laisse et ne permettent pas d'en profiter réellement. Seulement, ne souhaitant pas systématiquement râler, je constate que c'est une avancée et qu'en plus, en contournant la législation, il est facile d'en profiter beaucoup plus longtemps sans que l'on puisse prouver quoi que ce soit si on ne s'éloigne pas trop du parking (étant donné qu'ils n'iront pas jusqu'à chercher à faire la preuve qu'on n'est pas des presque Kilian, cela ouvre les portes de sommets perchés 1200 m au-dessus de la voiture). De ce côté-là, on s'en contente largement, surtout que ce n'est que pour deux semaines. On retrouve donc un accès à la nature.

Toutefois, on ne peut pas cacher les interrogations autour de cette levée : est-elle due à la pression mise à ce sujet ou tout simplement à la régression du virus (ou les deux) ? Car ce que nous sommes nombreux à souhaiter, c'est que cette règle du kilomètre ne soit pas reconduite à l'avenir dans une situation similaire à celle de novembre ou d'avril derniers. Et on n'en a aucune certitude.

On peut donc commencer à farter les skis et de toutes façons, il ne semble pas y avoir de neige avant la mi-décembre ce qui devrait correspondre à la possibilité pour tout le monde de rejoindre les montagnes. Le dieu de la neige, s'il existe, aura été clément pour éviter les frustrations et les jalousies. En revanche, notre président a jeté une bombe concernant l'ouverture des stations de ski. Alors qu'on s'attendait à ce qu'il annonce leur ouverture tel jour, ou au contraire leur fermeture durant les vacances (voire que des discussions étaient encore en cours entre tous les acteurs) le voilà qu'il leur rejette la faute en les culpabilisant : "ce ne serait pas raisonnable d'ouvrir" a-t-il dit ! Hallucinant ! Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que pétitions, interviews et réactions s'enchaînent pour crier au scandale.

Que penser de l'ouverture des stations de ski ? On pourrait déjà les classer en deux catégories. D'abord les (souvent) grandes (mais pas que) dont la clientèle est majoritairement touristique. Dans la conjoncture actuelle (peu de réservations, bars et restaurant fermés etc), elles risquent d'afficher une forte baisse de fréquentation et encore plus pour celles qui sont tributaires de clientèle étrangère. Financièrement parlant, il faudrait voir si une ouverture serait rentable. J'imagine que les études ont déjà été faites. Et puis, il y a les autres, celles à proximité des grandes villes où une (parfois grosse) partie de la clientèle est à la journée. Celles-ci pourraient tourner à peu près normalement y compris sans les bars et restaurants.
Au-delà de cette fréquentation prévisionnelle, la question est de savoir quelles sont les motivations à ne pas ouvrir. Concernant le risque de contamination, on peut d'ores et déjà l'écarter : d'abord, on est en plein air. Ensuite, les professionnels ont réfléchi depuis plusieurs mois à un protocole sanitaire exigeant avec masques dans les files d'attente, un siège sur deux à la montée, réduction des capacités des cabines et désinfection régulière de celles-ci etc. Et bien sûr, nous sommes en pleine décrue de contamination. Le problème semble ailleurs à mon sens et provient des accidents.
Autant au niveau des activités de pleine nature "à artifice limité", les accidents, réels, demeurent très faibles au regard de tas de choses toujours autorisées et cet argument ne tient plus (pas ?), autant en station, les collisions et autres chutes génèrent une véritable traumatologie. A titre d'exemple, en haute saison, l'hôpital d'Albertville recense 200 entrées / jour d'accidentés sur les pistes. Le hic, c'est quand on voit l'emploi que les stations génèrent, on ne peut pas faire l'impasse sur cette question capitale : ouvrir quand même ou pas ?

Je n'oserai pas me prononcer car complètement partagé entre ma passion de la neige, ma compassion pour les professionnels de la neige et la réalité du problème. Mais il me semble que notre président a balayé un peu vite (et d'une vilaine manière) la possibilité d'ouvertures (partielles). Clairement, une petite station comme Saint-Hilaire-du-Touvet (Isère) ou Cordon (Haute-Savoie) n'a pas les mêmes attentes ni le même impact en terme d'accidentologie qu'un grand domaine. D'autre part, la neige n'étant pas encore là et la décrue bien amorcée dans les hôpitaux, n'était-ce pas un peu prématuré d'annoncer qu'on ne pourrait pas ouvrir d'ici trois semaines et demi ? D'autant qu'il ne faut pas oublier que l'argument d'encombrement des dispositifs de soin est à tempérer par le fait que le véritable problème c'est bien la réanimation et pas le nombre absolu d'entrées. Aujourd'hui, la vie continue et une entorse, un doigt entaillé ou un petit trou sur le front après une chute à vélo sont pris en charge comme d'habitude par les services de soin car ces derniers n'ont évidemment pas été démantelés. Le problème numéro un reste le risque d'entrer en réanimation en cas d'accident grave, presque toujours dus à une vitesse excessive. N'est-ce pas l'occasion de se pencher sur ce problème réel qui, indépendamment du Covid-19, est l'argument premier pour ma part, à hésiter d'aller skier en station avec les enfants ? Là aussi, il y a sans doute des mesures à mettre en place. Clairement, les vitesses sont beaucoup trop élevées sur des pistes-boulevards parfois très fréquentées et l'activité ski doit rester un plaisir. Ou alors passer à la compétition (comme pour la voiture, il existe des circuits pour les férus de vitesse ; sinon, il y a le code la route). En attendant des mesures pérennes, il y a sans doute des choses à mettre en place pour du ski apaisé et moins dangereux durant ces prochaines vacances de Noël. Au final, il semble que mon côté "compassion pour les professionnels" l'emporte ; pour ma part, si échec, nous mettrons les peaux avec les filles en attendant.

Les stations attendent la neige... et l'ouverture

Les stations attendent la neige... et l'ouverture

Vivre 20 ans comme un lion ou 100 en mouton rappelait Antoine. Ce soir-là, les moutons étaient dans le ciel.
Vivre 20 ans comme un lion ou 100 en mouton rappelait Antoine. Ce soir-là, les moutons étaient dans le ciel.

Vivre 20 ans comme un lion ou 100 en mouton rappelait Antoine. Ce soir-là, les moutons étaient dans le ciel.

L'écureuil fait ses réserves de noisettes. L'état aura-t-il assez de noisettes à distribuer ??

L'écureuil fait ses réserves de noisettes. L'état aura-t-il assez de noisettes à distribuer ??

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Rédigé par lta38

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Publié le 24 Novembre 2020

On se souvient de la manifestation qui avait rassemblé plus de 600 "skirandonneurs" en mars 2016 au sommet des Vans en formant un coeur humain pour dire "non" au projet d'extension de la station de Chamrousse. Et de l'abandon du projet qui avait suivi.

Depuis plus d'une semaine, d'autres coeurs "fleurissent" dans nos montagnes. Des coeurs de lumière. Le mouvement a été initié par une poignée de montagnards le vendredi 13 novembre, une date qui n'est pas tombée au hasard car pouvant tout autant servir d'hommage aux victimes du bataclan attaqué il y a exactement cinq ans que de pied-de-nez à ce fameux vendredi 13 en le présentant comme un jour d'espoir plus que de mauvais augure. Une affaire menée dans le respect des gestes sanitaires (moins de 6 personnes), dans la sécurité (il s'agit de montagnards confirmés sur un itinéraire volontairement choisi car ne présentant pas le moindre danger et donc, de risque de finir à l'hôpital). Ce point est important car les militants pour l'abolition de cette stupide règle du "1 km / 1h" dont je fais partie ne réclament pas le droit de pratiquer leurs activités alpines préférées, certaines pouvant générer, bien que faiblement, des accidents et parfois des réanimations. Ils demandent simplement le droit d'accès à la nature, pas uniquement pour eux, pas uniquement pour les ruraux ayant la forêt derrière leur maison, mais pour tous les Français. Le droit d'aller "prendre l'air" comme on dit, ce qui est bon pour la santé, pour le moral et ne génère aucun risque de contamination. Et à ce jour, la France est un des rares pays au monde qui l'interdit ce qui provoque une incompréhension chez beaucoup de concitoyens.

Cette initiative, soldée par un magnifique coeur au sommet du Grand Colon, surplombant Grenoble, a été réalisée grâce à une quarantaine de lampes frontales collectées par les acteurs. Elle est le point de départ de plusieurs actions similaires, à la Tournette, à la pointe d'Andey, au Criou (Haute Savoie) mais encore en Isère (la Molière), au-dessus de Bourg-Saint-Maurice (Savoie), à Yzeron (Rhône) ou à Argelès dans les Hautes-Pyrénées !! Un mouvement qui pourrait/devrait prendre de l'ampleur si Emmanuel Macron n'annonçait pas un assouplissement de ladite règle ce soir.

En écoutant les médias ce matin, j'entendais que le président annonçait cohérence et clarté pour son discours de ce soir. Mieux vaut tard que jamais. Bien que de telles restrictions durant une crise comme nous la vivons aujourd'hui ne puisse être parfaite et fera toujours des grincheux, une ligne de conduite globalement cohérente demeure indispensable pour être comprise donc globalement acceptée... et appliquée par la majorité des Français !

Petite réaction personnelle au docteur qui réagit dans cet article : que sont les accidents dus aux activités de plein air au regard de tous les autres toujours possibles avec le confinement actuel ? Probablement une goutte d'eau en terme d'occupation des hôpitaux. Une goutte d'eau qui serait amoindrie du fait que la fréquentation de la montagne en novembre est à son plus bas niveau et qu'en plus, ce qui est demandé par ces manifestations est un accès responsable à la nature et pas le droit de "faire le zinzin sur un pic" comme disait Antoine Chandellier dans un billet récent. Ne nous trompons pas de cible. Si on veut vraiment limiter les entrées dans les hôpitaux, il y a d'autres combats à mener en urgence plutôt que de courir après quelques zigotos se baladant dans les forêts.

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Rédigé par lta38

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Publié le 13 Novembre 2020

En ces temps difficiles, deux petites lueurs de bonnes nouvelles. Ce vendredi 13 novembre, une demi-poignée de passionnés a rejoint le sommet du Grand Colon pour y déposer des lampes et faire briller un grand coeur sur l'agglomération grenobloise dans la soirée. Cela m'inspire très positivement même si j'ai peu d'espoir de voir Castex and co infléchir leur politique.
- Ce coeur, face à l'hôpital Michallon, est une bouffée d'air pur pour les soignants plongés au coeur de la crise sanitaire, même si ce n'était pas forcément le but premier.
- Bien qu'en montagne, il se voulait être un lueur d'espoir pour toutes celles et ceux (et ils sont nombreux) qui souffrent de la règle des 1 kilomètres / 1 heure, règle dont nous sommes nombreux à juger contre-productive pour le Covid (confine la population sur un petit espace et par définition, augmente les interactions sociales), en plus de tous les maux qu'elle suscite (mal-être, tensions famillio-conjugales, atteinte à la santé corporelle, augmentation des accidents domestiques...)
Réalisée dans le respect des règles sanitaires et sur un itinéraire facile et maîtrisé par des acteurs, peut-être détenteurs d'une attestation professionnelle par ailleurs, elle demeure une réponse à la préfecture qui avait refusé une manifestation décrite a priori comme bien contenue.

La seconde bonne nouvelle est venue de mes amis de Petit Bivouac qui concrétisent ici un beau projet. Plusieurs années de travail, et beaucoup de plaisir aussi, pour parvenir à proposer des produits qui respectent au mieux l'environnement. Certes, un achat reste un achat. Mais nous avons besoin de nous habiller, nous nourrir et aussi de petits plaisirs, surtout en ces temps douloureux. Nous n'avons pas la prétention de revenir au temps des cavernes. Alors tant qu'à faire, autant soutenir les beaux projets comme celui-ci. Le mieux est de vous faire une idée sur le lien au-bas de cet article. Longue vie à eux et merci de votre visite sur leurs pages. Sans doute des idées de cadeau de Noël.

Vivement que l'accès à la nature soit rendu à tous... et que chacun la parcoure de manière responsable !

Décor d'automne
Décor d'automne

Décor d'automne

Bec-croisés des sapins (femelle et mâle puis mâle derrière un tarin des aulnes)
Bec-croisés des sapins (femelle et mâle puis mâle derrière un tarin des aulnes)
Bec-croisés des sapins (femelle et mâle puis mâle derrière un tarin des aulnes)

Bec-croisés des sapins (femelle et mâle puis mâle derrière un tarin des aulnes)

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Rédigé par lta38

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Publié le 5 Novembre 2020

Si on m'avait dit que je vivrais un confinement qui arriverait aussi brutalement que celui de mars je n'y aurais pas cru. Une drôle d'année que ce cru 2020 même si je n'ai pas vraiment à me plaindre, loin de là, jusqu'ici. J'entends déjà des voix disant qu'en ces temps où les gens affluent dans les hôpitaux pour des problèmes beaucoup plus graves, il n'est pas opportun de discuter sur ce sujet. Pourtant, la misère du monde a toujours existé, y compris aux portes de chez nous (SDF, chômage et pire...) et pourtant, cela n'empêchait pas chacun d'entre nous de vivre sa vie en espérant y échapper ou en s'évadant un moment pour oublier ses propres soucis. Jusqu'ici, personne n'avait honte d'aller chez le médecin et de profiter de la sécurité sociale pour un "petit" bobo pendant que d'autres luttaient pour survivre. A moins d'un cas de force majeure de type guerre mondiale, il n'est pas malvenu d'observer la situation et de la critiquer de manière constructive.

Ce nouveau confinement prête parfois à sourire tant il y a de dérogations possibles. Et pourtant, il faut bien continuer à vivre. Le retour de la chasse dans nos forêts en a fait bondir plus d'un. Il est vrai qu'à première lecture, cela peut faire s'hérisser les poils quand on voit qu'en parallèle, une balade sur un petit sentier à deux kilomètres de chez soi est passible de 135€ d'amende. Mais pour comprendre cette mesure, il faut remonter plus en profondeur dans le sujet. Tout d'abord, à titre personnel, je conçois ce confinement comme une privation de nature et de loisirs en général, essentiels à l'équilibre de chacun. Je ne débattrai pas sur l'utilité d'un tel confinement ici. D'ailleurs, bien malin celui qui pourra affirmer sans l'ombre d'un doute son utilité ou son inutilité. Laissons cette question aux spécialistes médicaux (déjà pas tous d'accord entre eux) et surtout à l'histoire à écrire qui nous apportera peut-être des réponses. Mais ce qui m'intéresse dans cette discussion, ce sont les conséquences d'un tel confinement, à mon avis assez graves en terme de santé : impact mental jusqu'à la dépression, violences conjugales, mauvais équilibre de son corps... Mais aussi en terme économique malgré certaines aides de l'Etat. J'ai donc tendance espérer un assouplissement plutôt qu'une restriction ; souhaiter la réouverture de la nature à tous, plutôt que la fermeture aux chasseurs. Jalouser son voisin parce qu'il peut faire quelque chose qu'on n'est pas capable de faire ou qui nous est interdit n'est pas constructif pour soi-même. Je préfère de loin essayer de progresser moi-même...

Le deuxième angle de réflexion concerne le fonctionnement de la chasse elle-même. Si elle demeure une activité de loisir pour le chasseur, aux yeux de l'Etat, elle reste aussi une activité "professionnelle" réalisée gratuitement par des bénévoles (on fait des économies ainsi...) afin de répondre à des questions de régulation. Ce qui induit une grande question : la régulation est-elle nécessaire ? Ma grande divergence avec le monde rural est que je pense que la nature se régule d'elle-même : pas besoin de chasseurs pour tuer les prédateurs qui s'auto-régulent en fonction de la nourriture disponible comme il n'y a pas besoin de moutons pour tondre la montagne ; pas besoin de chasseurs pour tuer les chevreuils et les cerfs qui sont régulés par les grands prédateurs, etc. Là où en revanche, je suis plus modéré, c'est sur la régulation en fonction des activités humaines. Je ne vais pas revenir sur ce point qui mérite un billet à lui tout seul mais oui, le loup gêne les éleveurs, les cerfs posent des problèmes aux forestiers, les sangliers créent des dégâts aux agriculteurs... Il est tout à fait légitime que l'homme essaie de se protéger pour satisfaire à des activités économiques indispensables (lister). C'est ce qu'il a toujours fait depuis la nuit des temps. Le hic, c'est qu'aujourd'hui, avec sept milliards d'individus, la sonnette d'alarme est tirée concernant la biodiversité. Par conséquent, nous devons en tout premier lieu épuiser toutes les solutions pour résoudre les problèmes sans régulation (protections, effarouchements etc). Il n'en demeure pas moins qu'une régulation peut s'avérer inévitable pour certaines espèces, essentiellement le sanglier, le cerf et le chevreuil, réintroduits dans la seconde moitié du XXè siècle après avoir été "surchassés". Certes ces réintroductions ont souvent été initiées par les chasseurs eux-mêmes, dans l'espoir ensuite de les chasser, mais en l'absence de prédateurs (le lynx est présent en toutes petites population et le loup revenu seulement en 1992), ces populations ont explosé.

Ce sont justement ces trois espèces qui justifient aujourd'hui ces opérations de régulation selon les plans de chasse établis pour le cerf et le chevreuil. Sans cette régulation, des dégâts seront à payer aux agriculteurs. Voilà donc pourquoi la chasse réouvre durant le confinement mais il faut garder présent à l'esprit que sauf opération locale ponctuelle (pigeon ramier, faisan - presque toujours issu de lâchers - à quand leur interdiction ?), la chasse aux 64 espèces d'oiseaux est fermée, de même que celle de ce qu'ils appellent le petit gibier. Pour clore la liste, il reste la situation des animaux considérés comme nuisibles. Je suis beaucoup plus radical sur ce point car la notion de nuisible n'a pas de sens : le cerf est nuisible pour le jeune sapin, le renard pour le poulailler, le lapin pour les salades du jardin... mais aucune espèce ne devrait être nuisible par définition car ce serait renier le principe de la chaîne alimentaire. A la limite si : une espèce non endémique jamais présente et introduite (exemple avec la pyrale du buis). Mais pour en revenir au confinement, il semble que la chasse au renard soit ouverte également. Il y a là un gros travail d'information à faire car avec le nombre de rongeurs qu'il élimine, le renard est bien plus utile qu'ils le pensent mais on sort là du sujet initial.

Cette analyse doit nous faire comprendre que cette réouverture (très partielle et limitée à quelques espèces dans des conditions plus strictes que d'habitude) n'est pas aussi illogique qu'on ne le pense et ne vient pas forcément des chasseurs eux-mêmes. Certes, le patron des chasseurs a travaillé dans ce sens mais la pression est sans doute tout aussi importante du côté des agriculteurs et des sylviculteurs. Néanmoins, des questions subsistent, les gens s'interrogent et des faits sont à remarquer :
- Certaines fédérations de chasse ont refusé la reprise : d'un côté, des départements qui refusent de séparer chasse-loisir et chasse-régulation, de peur qu'à l'avenir, cela tende vers une chasse professionnelle uniquement destinée à la régulation comme dans le canton de Genève ; d'autres, par respect d'un confinement strict (certes peu nombreux mais à souligner).
- Durant le premier confinement, avec des services de santé moins encombrés que cette fois (dans la région Rhône-Alpes-Auvergne en tous cas), on a interdit toute pratique outdoor afin d'éviter de surcharger la réanimation en cas d'accident grave et là on autorise la chasse. Est-ce cohérent ? Et c'est tout là le problème de ce confinement. Je suis intimement convaincu qu'une mesure, pour être acceptée par la population, doit limiter les incohérences, doit être claire et faire comprendre aux citoyens que c'est bon pour eux. Certes, la situation urgente ne permet pas d'être au point sur tout, soyons clair, mais il n'empêche qu'autoriser la chasse (20 morts/ans - à cause de l'arme - pour 900.000 pratiquants) et pas la randonnée (150 morts/an mais pour combien ? 50.000.000 de pratiquants potentiels ?) peut paraître une grande injustice. La comparaison reste difficile mais si on considère que le nombre d'accidents de randonnée augmente énormément durant les vacances d'été (les chiffres des secours sont là pour le confirmer), on peut considérer qu'à l'automne, la chasse est environ 10 à 20 fois plus accidentogène que la marche, sachant que le chasseur est aussi un marcheur quand il chasse.
- Toujours, sur la cohérence, là où de nombreux secteurs professionnels sont mal en point, les agriculteurs tirent leur épingle du "jeu" car le produit de leur labeur - la nourriture - reste indispensable. Ils continuent à vendre car il nous faut bien manger. Du coup, il semblerait cohérent qu'ils acceptent d'être aussi un peu touchés par les dégâts des sangliers non régulés, non pas pour priver les chasseurs de la chasse mais pour éviter qu'un chasseur blessé ne prenne la place d'un malade du Covid en réa.
- J'ai eu vent de plusieurs secteurs non exploités (agri/sylvicultures) par l'homme dans lesquels la régulation est active. De même dans les plaines quasi exclusivement consacrées à la culture du maïs et où celui-ci a déjà été récolté. Ce n'est donc pas de la véritable régulation et ce genre de généralisation rend plus discutable cette dérogation accordée aux chasseurs. Ne devrait-elle pas être effective uniquement dans les endroits où les espèces en question partagent les exploitations humaines ?
- Pour aller dans le même sens, il existe des chasses au chamois qui ont été rouvertes (Vosges par exemple, mais pas que). En quoi le chamois peut-il être nuisible à l'homme ?? Là pour le coup, avec toute la meilleure volonté du monde, je ne vois pas.

Pour ouvrir la discussion, le problème ne me semble pas être cette autorisation de la chasse ; en parallèle, les brevets d'état, les éducateurs sportifs, ont aussi le droit d'arpenter la nature dans le cadre de leur entraînement et c'est tant mieux. Et ils ne sont pas les seuls. Ne nous élevons pas par jalousie encore une fois. Ma conclusion (provisoire) serait plutôt la suivante :

L'accès à la nature me paraît indispensable pour des raisons d'équilibre mental et physique. Sa privation a également un impact sur nos vies professionnelles et sociales. Alors, plutôt que de pester contre la réouverture (très) partielle de la chasse, nous devons nous élever pour revoir cette règle absurde du "kilomètre-loisir". Je plains particulièrement le citadin de centre-ville avec son petit cercle d'évolution dont il ne peut utiliser qu'un dixième, 100% bétonné ou presque, avec des risques accrus pour la contamination en partageant cette surface avec tous ses voisins. Cette règle doit être revue. 10 kilomètres me paraît être un minimum si on maintient cette politique de "pseudo-confinement". En parallèle, à nous aussi d'être vigilants dans ce que l'on fait. Ce n'est peut-être pas le moment d'aller faire une goulotte de glace dans la face nord des Droites ou du parapente thermique. De même en voiture, nous devons redoubler de vigilance, comme à la maison en cas de bricolage. La majorité des accidents surgit par habitude d'un geste pouvant être dangereux mais banalisé depuis des années. A un moment ou à un autre, l'inattention porte préjudice. Militons donc pour un accès responsable à la nature et faisons-le avec réflexion et dans le respect des gestes barrière.

PS :
- Extrapolation. Je travaille dans un collège où des élèves se croisent par centaines dans un hall et des couloirs plusieurs fois par jour et on m'interdit d'aller me promener sur un sentier tout seul.
- Saturation et pensée. Les services de réanimation sont quasi saturés à Grenoble ; je suis extrêmement vigilant dans chacun de mes gestes et souhaite beaucoup de courage au personnel soignant et à tous ceux qui sont touchés plus ou moins gravement par le Covid-19
- Fatalité ? Bien qu'il soit une maladie très contagieuse, le Covid-19 n'est pas forcément une fatalité. Si nous nous retrouvons entre amis en catimini pour l'apéro du soir (interdit mais incontrôlable et donc couramment pratiqué), le risque est sans commune mesure avec celui d'avoir un accident grave en randonnée. Si nous ne nous lavons pas les mains très régulièrement, nous risquons davantage la contagion. A titre personnel, je prends très au sérieux l'application des gestes barrières !

Localisation : Grenoble centre. Cercle de 1 km = "prison" ; cercle de 5 km = peu d'ouvertures ; cercle de 10 km = respiration. Le 10 km (a minima) semble s'imposer pour les agglomérations.
Localisation : Grenoble centre. Cercle de 1 km = "prison" ; cercle de 5 km = peu d'ouvertures ; cercle de 10 km = respiration. Le 10 km (a minima) semble s'imposer pour les agglomérations.
Localisation : Grenoble centre. Cercle de 1 km = "prison" ; cercle de 5 km = peu d'ouvertures ; cercle de 10 km = respiration. Le 10 km (a minima) semble s'imposer pour les agglomérations.

Localisation : Grenoble centre. Cercle de 1 km = "prison" ; cercle de 5 km = peu d'ouvertures ; cercle de 10 km = respiration. Le 10 km (a minima) semble s'imposer pour les agglomérations.

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Rédigé par lta38

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Publié le 20 Septembre 2020

Petit à petit, l'oiseau fait son nid. Petit à petit, l'homme grignote sa planète. Ce n'est pas comme si on n'était pas prévenu. C'est pourquoi, tout aménagement nouveau est de plus en plus soumis à une sévère règlementation. Ouf ! dira-ton ! Sauf que malheureusement, les décisions finales ne sont pas toutes dans la même logique et on sait bien que celui qui aura la force d'appuyer sur ses "bons" arguments en minimisant les négatifs aura plus de chance de réussir. Et cette force de communication, de persuasion... est souvent possible par la puissance financière. Fort heureusement, des gens n'hésitent pas à mouiller la chemise et prendre parfois le dessus sur les entrepreneurs. Cela reste rare mais pas impossible (cf aéroport ND des Landes, Center Parcs de Roybon).

Plus généralement la question mérite d'être posée ? Doit-on être systématiquement opposé à tout nouveau gros aménagement ? Oui et non. Oui parce qu'il y a urgence à stopper ce grignotage sur la nature. Non parce que l'espèce humaine doit s'organiser pour poursuivre sa vie. Alors quelle solution ? J'aime assez ce qu'on appelle le principe de compensation. Mais non pas une compensation en "achetant des points CO2" mais une véritable compensation sur le terrain. A titre d'exemple, une station de ski qui souhaiterait développer son domaine en construisant une nouvelle remontée mécanique devrait rendre à la nature une surface équivalente, par exemple en démantelant une autre partie de son domaine ou en rachetant (et démantelant) une autre station par un partenariat... etc. 

Il y a encore plus grave qu'un bâtiment ou une remontée mécanique qu'on pourra toujours démanteler un jour : une cicatrice quasiment impossible à combler. C'est bien ce qui menace le massif du Mont-Blanc encore aujourd'hui. Une route forestière de 14 kilomètres est en passe d'être créée. Outre la cicatrice visuelle dans le paysage, ce qui est déjà très grave dans un forêt balafrée par des aménagements plus ou moins anciens (remontées mécaniques, pistes forestières...), on note d'autres arguments dont ceux-ci :
- risque de pollution des sols par le revêtement goudronné prévu
- dérangement d'une espèce nicheuse emblématique et très en danger (extinction proche en France) : le pic tridactyle
- traversée de zones humides et cours d'eau
- apport de nuisances sonores en plus de celles de l'exploitant (4x4 en période de chasse, moto-cross...)

Tout cela pour permettre à de longs camions (grumiers) de faire ce qui est actuellement fait en tracteur.

Le dossier complet est à chercher sur cette page.

Les observations sont à transmettre avant le 8 octobre à cette adresse.

Petit aperçu sur cette carte :
- en jaune, une portion de route forestière qui sera recouverte du liant bitumé
- en bleu d'anciennes pistes forestières qui seront élargies et aménagées
- en rouge les sections entièrement nouvelles

Nouvelle menace sur le Mont-Blanc

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Rédigé par lta38

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