Publié le 7 Juillet 2019
Voilà maintenant deux ans que je me suis lancé dans cette aventure passionnante, en plus du reste ! Beaucoup plus de temps passé sur le terrain que je ne le pensais. Beaucoup plus de temps aussi pour le placement des caméras. J'ai déjà publié quelques billets à ce sujet sur le blog et voici aujourd'hui des informations complémentaires sur ce que j'ai pu apprendre durant ces deux années en précisant que je suis loin d'en être encore un spécialiste !
- Première remarque. J'ai à ce jour cinq caméras. Et quand on en a cinq, il nous en faudrait six. Quand on en a vingt-huit, il nous en faudrait vingt-neuf. Bref. C'est sans fin !
- Choix du modèle. J'ai été enchanté par la qualité des images diurnes du Browning Extreme. Un must. Sans doute moins bon de nuit que d'autres modèles mais la nuit, je considère les images comme informatives. Ce que je recherche, ce sont de belles images de jour. C'est aussi un des plus rapides en déclenchement. On doit en trouver encore sur le marché mais le fabricant l'a remplacé par l'Advantage, un poil meilleur en tout (qualité de nuit, sensibilité) mais presque trop performant : il faut savoir le placer pour éviter les déclenchements intempestifs.
- Camouflage. Un bon piège, c'est un piège indétectable, que ce soit par l'humain comme par l'animal.
- Humain. Le risque, c'est évidemment de se le faire voler. Le meilleur cadenas du monde ne sera pas une garantie suffisante. Mieux vaut le rendre inaperçu. Petit tuto ici. On peut encore faire mieux en réalisant un masque en résine en se servant du blister de l'emballage qui épouse parfaitement la forme du piège. Je n'ai pas (encore) essayé. J'ajoute un câble Python Master Lock au cas où. Avec une pince Monseigneur, ça ne fait pas grand chose mais tout randonneur n'a pas une pince sur lui. Il lui faudra revenir.
- Animal. Ce que je ne savais pas au départ, c'est que les animaux détectent les ultrasons émis par le piège. Il semblerait que ceux-ci soit envoyés dans l'axe du piège. Il faut donc privilégier les prises de vues de profil. La distance joue également : plus on est proche, plus ça émet. Il faut donc choisir un recul minimum. Problèmes : les images de près sont quand même plus sympas, lorsqu'un animal se déplace assez rapidement comme le loup, les passages de profil ne sont pas les plus agréables, le terrain ne permet pas toujours le bon placement. J'essaie de plus en plus de privilégier le trois-quarts face qui est un bon compromis. Cela n'est pas sans problèmes : si l'animal est dans l'autre sens, il sera de trois-quarts dos, les ultrasons demeurent sensibles. Faites votre expériences et enlevez dès que cela génère du dérangement.
- Zone de Détection. L'idéal est que l'animal entre dans le cadre de visée légèrement en-dessous de la ligne médiane horizontale et de profil. Dans ce cas, le piège peut même se déclencher à l'entrée de l'oreille dans le champ. Bien positionné, ça marche aussi de trois-quarts mais de face, on peut avoir le déclenchement au dernier moment avec l'animal qui sort du cadre. Un fiasco. Les deux modèles cités de chez Browning ont à la fois un écran de contrôle pour visualiser le cadrage en live et un mode "motion test" qui permet de se mettre à la place de l'animal et de voir si le piège vous détecte grâce à une diode rouge.
- Intempestif. La caméra se déclenche par capteur thermique. Un animal a sang chaud pénètre dans le champ de détection et active le procédé. Toutefois, cela n'est pas imparable. Si la non-détection d'un animal est probablement très rare, la détection de "rien" demeure, elle, relativement fréquente. Cela semble le cas lorsque la caméra vise une zone au soleil avec de forts contrastes (neige + troncs sombres) au printemps mais aussi les jours de fort vent qui peuvent générer l'apparence d'un mouvement latéral d'un corps plus chaud (branche sombre etc) que le reste. Il faut donc veiller à éliminer toutes les branches parasites du champ de vision (au premier plan).
- Hauteur de placement. L'idéal reste la prise de vue à hauteur d'animal. Cela n'est pas toujours évident : au printemps, les arbustes et autres plantes (fougères, pétasites...) poussent vite et on se retrouve parfois avec un dispositif inopérant ; en hiver, la neige impose de réhausser le matériel, parfois, au bout de quelques heures. Au printemps, il faudra également revenir rabaisser le piège (et pas trop tard !), sous peine de s'imposer une escalade arbustive !
- Alimentation. Le matériel précité reçoit huit piles AA. Il est préférable de les équiper au lithium. C'est plus cher à la pile mais moins cher au nombre d'heures d'utilisation. Les Advantage disposent d'un réglage "alkaline/lithium" afin d'optimiser l'affichage du pourcentage restant. Dans tous les cas, ne pas se fier au pourcentage. Surtout sur les Extreme : un affichage 90% indique qu'on n'est pas loin de... la fin !!! Je me suis donc équipé (pour moins de 20€) d'un petit voltmètre compact acheté chez Casto qui me permet de tester les piles à chaque relevé. Une suffit ; si le jeu a été utilisé de manière homogène (et pas des piles dépareillées sans vérification), la tension de chacune d'entre elle sera la même. Les Lithium, contrairement à ce qui est écrit dessus, affichent normalement 1,81 ou 1,82 V lorsqu'elles sont neuves. En-dessous de 1,60 V, il ne leur reste plus grand chose : on les finira dans la souris bluetooth de l'ordinateur par exemple. A noter quand même que la valeur relevée sur le terrain remonte après deux jours de répit : un affichage 1,65 V indique donc des piles qui pourront encore durer un certain temps s'il n'y a pas de grand froid et si le piège n'est pas soumis à de l'intempestif. Au fur et à mesure de son expérience, on acquiert, comme pour tout, de la connaissance qui permettra de savoir s'il faut changer (ou pas) les piles en fonction de la fréquentation du secteur et de la date supposée du prochain relevé. Lorsque je sais que je ne vais pas revenir avant un certain temps, il m'arrive de changer des piles à 1,68 V, surtout en hiver. Je les réutilise à un autre moment, lorsque je sais que je vais revenir rapidement. Les piles sont rangées chez moi dans de petits sacs zip sur lesquels j'inscris la tension, prise deux jours après le retrait des pièges (elle ne variera plus). Browning propose aussi un rack externe permettant de rajouter un jeu de huit piles pour une plus grande longévité. J'y passerai sûrement l'hiver prochain.
- Stockage. J'utilise des cartes mémoires Sandisc SD Ultra 64 Go (18€). Attention à ne pas les utiliser dans d'autres appareils. Cela pourrait créer des dommages aux pièges. Dans tous les cas, il faut formater systématiquement pour être tranquille. Un "delete all" sur le piège suffit.
- Autre matériel : marqueur. J'ai fini par colorier la face avant supérieure (entre les led noires, autour de la lentille...) en noir car le camouflage Browning est trop clair et a tendance à s'éclaircir avec le temps. Sur du lichen c'est parfait mais pas dans toutes les autres configurations. Scie pliable : pour élaguer tout ce qui gêne. Ne pas oublier les clés des différents câbles python pour déplacer/enlever un piège si besoin. Attention, elles sont fragiles et cassent facilement à l'intérieur si on force comme c'est souvent le cas l'hiver avec le gel. Ne pas hésiter aussi à mettre un coup de WD40 de temps à autre pour éviter que le système ne se grippe.