Cette image de loup fait beaucoup mieux en termes de likes, partages, commentaires... qu'une belle photo de paysage de montagne. Pourtant, elle souffre de nombreux défauts : basse qualité, chromie laissant à désirer, animaux de dos... C'est dire la place qu'a cet animal dans notre société.
Il ne laisse personne indifférent. Si la majorité des Français demeure favorable à sa présence, beaucoup n'hésitent pas à le dire, tout comme ses détracteurs et le sujet prend parfois une place démesurée au regard d'autres problèmes paraissant plus importants.
Cette dernière phrase mérite qu'on s'y attarde. Car finalement, avons-nous "le droit" de dire que nous sommes favorables (ou non) à la présence du loup ? Les années 2000 ne sont qu'une infime fraction de l'histoire de l'être humain. Durant des siècles, les hommes ont fait face à des problèmes posés par la nature, problèmes qui contrariaient les activités humaines. Massivement, ils y ont répondu par la destruction. Sans qu'il y ait véritablement d'impact. Aujourd'hui, la démographie mondiale, couplée à notre technologie doit nous faire réagir. L'homme consomme davantage que ce que la planète régénère. Si un tel calcul est compliqué et reste arbitraire, le côté unanime des scientifiques, la concentration historique en dioxyde de carbone, l'emballement de la machine climatique, les taux de pollution, la disparition des espèces d'animaux et de plantes... sont un signal sans précédent.
Il est urgent que nos dirigeants prennent des mesures drastiques concernant la démographie, les déplacements, l'alimentation mais en attendant, de ma petite analyse personnelle, il me semble que la bonne attitude devant un problème posé par la nature, est de trouver des solutions qui minimisent notre impact. Ce n'est pas la solution de facilité mais dans la majeure partie des cas, c'est possible, y compris pour le loup comme me le confirme un berger habitué des attaques et qui a résolu beaucoup de problèmes avec des chiens de protection en quantité suffisante et un dressage adéquat.
Le gouvernement, pour faire passer "la pilule", annonce désormais que les prélèvements pourraient passer dès cette année de 12 à 17%. C'est exactement l'inverse de ce que nous sommes nombreux à préconiser d'autant qu'il n'est même pas certain que les mesures de prélèvements soient efficaces. Notons tout d'abord qu'elle induisent un éclatement des meutes et donc une dispersion des animaux ce qui signifie des attaques à des endroits où il n'y en avait pas auparavant. D'autre part, on ne sait pas si le loup prélevé est le véritable "responsable". Ca fait un peu un système infantile de "vengeance" comme me le disait ce même berger. "Moi je ne cherche pas à me venger d'un animal sauvage qui n'est pas dans l'optique de me nuire mais qui vit simplement sa vie. Lorsqu'ils ont essayé de prélever l'animal qui avait pu me causer des dégâts, ils sont venus à une semaine de la clôture de le saison, ça ne servait à rien". Le gouvernement, coincé entre les pros et les anti-loups, ménage la chèvre et le chou. Le chèvre, ou plutôt le mouton, en autorisant un certain nombre de tirs a priori inutiles, et le chou en ne dépassant pas un certain quota pour rester dans les clous au regard du statut du loup. Et quand on a le cul entre deux chaises, eh bien, on se casse la figure.
Le loup comme toute espèce fragile emblématique de notre biodiversité doit avoir aujourd'hui toute notre bienveillance. Je continuerai donc sans relâche, essentiellement par l'image, à favoriser la connaissance et le respect de l'espèce. Au-delà d'une simple observation d'un animal comme le loup, une démarche. Une belle randonnée jusqu'à un lac d'altitude, une sortie à skis de rando, une soirée repas entre amis, un beau film au cinéma... sont des moments importants de détente de notre vie. Mais à mon sens, ils restent très loin des émotions que l'on peut ressentir lorsque l'on sort des sentiers battus. Entre l'observation d'un chamois et d'un loup, il y a la mer. L'émotion, l'émerveillement, est certainement ce que la vie peut nous offrir de plus beau. Ce blog est en partie une invitation. J'ai observé des tétras-lyres à plusieurs reprises lors de sorties en montagne. Mais le travail effectué pour la recherche d'une place de parades et les nombreuses montées de nuit, dans le froid, parfois sous la pluie pour aller se poster en affût par moins cinq degrés et le résultat obtenu après toutes ces heures passées là-haut n'a pas de prix. Cette sortie des "sentiers battus" m'avait été suggérée par un randonneur croisé à skis alors que je n'avais que vingt ans. Me montrant des couloirs sans nom taillés pour le ski, il m'avait invité "Faites de l'inédit les jeunes".
Sentir ces émotions nous permet de prendre soin de tout ce qui nous permet de les vivre. C'est la démarche personnelle entreprise maintenant depuis des années que ce soit sur les skis, sur le rocher ou à travers une espèce symbolique comme le loup.
Voici donc la vidéo correspondant à l'image fixe. Vous noterez à quel point il est difficile de les compter en suivant leurs traces : non seulement ils mettent exactement la patte de derrière dans la trace de celle de devant mais en plus, les suivants utilisent les mêmes emplacements ! Suivent d'autres espèces "capturées" lors de cette quête passionnante.