Publié le 1 Mars 2020
Non nous ne sommes pas en Argentine mais toujours en Norvège. Aujourd'hui c'est grand beau. Vous l'aurez compris, la journée se passera dans un paysage grand blanc (suite aux chutes de neige de la veille), enserré entre le bleu du ciel et celui de la mer. Ce sont tout particulièrement ces paysages qui m'attirent ici. Skier entre ciel et mer. La montagne et la mer ne sont si éloignées : ce sont les deux milieux sur/dans lesquels se pratiquent les sports d'engagement. Ce n'est pas que je snobe les autres sports, pas du tout, mais il faut reconnaître qu'un boxeur, un coureur automobile, un tennisman, un judoka, un perchiste (je dis "un" mais bien évidemment ce peut être tout autant "une"), peut stopper à tout moment son activité. Une fatigue brutale, une blessure. On peut dire stop et rentrer aux vestiaires. Les sports qui se pratiquent en mer et en montagne impliquent un engagement commun : il faut rentrer à la maison. Le mariage de ces deux décors est fantastique...
Nous reprenons ce qu'il reste de nos traces de la veille au-dessus de la cabane jusqu'à la même bosse à partir de laquelle la neige change de consistance. Du vent, il y en a eu. Il va falloir s'en méfier. Pour le coup, il fait froid, sans doute un bon moins quinze degrés, mais pas un poil de vent. Le paysage est somptueux. On s'engage naturellement sur le grand triangle blanc qui nous domine, en prenant soin d'éviter les zones à risque. La neige est dense. La trace exténuante. Au-dessus de 1000 mètres, la neige a colmaté toutes les brèches. Blanc sur blanc. Les rochers sont complètement plâtrés. L'antécime nous arrête ; il n'y a plus rien à skier au-dessus. Un couloir nous tend les bras. L'entrée est fort raide. Un gros bombé dont on ne sait pas ce qu'il va donner en terme de nivologie. La neige il y en a. Tout ça pour rejoindre ensuite un couloir dont la pente ne semble pas bien méchante. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Assurément non. Par ailleurs, quand bien même le couloir serait majeur, il n'y a pas lieu de prendre de risque inconsidéré. Nous redescendrons sans regret par la voie de montée.
Petit plaisir au retour : celui de faire sa trace en prenant droit au milieu du lac pour rejoindre la voiture "à vue de nez". Bingo pour le tracé qui rejoindra la route principale à trente mètres de la voiture. En revanche, quant à tracer une ligne droite, c'est raté. C'est un exercice intéressant par ailleurs. Essayez donc de tracer le plus droit possible dans un grand champ peu raide. Retournez-vous et vous verrez que la ligne ne ressemble à rien !
Neuvième jour de ski consécutif sur le secteur. Ce soir, nous serons à Tromsø après un dernier bas, un dernier coucher de soleil et toujours ce fabuleux décor.