Grosse réflexion aujourd'hui sur la choix de la course. Etants dans cette vallée d'Olden, nous souhaitions y faire une sortie mais les limites de l'enneigement sont plus hautes que dans les vallées plus à l'est. Et tous les accès se font en bas. Il y a bien une route tout au fond de la vallée mais on nous dit qu'elle est fermée. Le parking autorisé reste toutefois à 160 m d'altitude avec une neige supposée trois-cents mètres plus haut. Faut quand même pas exagérer, on ne fait pas mieux sur les classiques de Belledonne en ce moment. En revanche, on ne sait pas trop ce que vont donner l'itinéraire de montée envisagée par le raide Kattanakken et la descente supposée par le Tjøtabreen.
Le mieux est d'aller voir sur place... On a fait quatre jours de super ski ; si on doit buter, on le fera sans regretter quoi que ce soit. Ce genre d'aléa fait partie du jeu que nous avons choisi.
Au départ, on découvre un site touristique : une petite route fermée (l'été ce serait sans doute l'enfer sinon) et le choix entre deux-cents mètres de dénivelé à pied pour rejoindre le lac glaciaire sous le Briksdalsbreen (qui a désormais reculé comme tous les autres) ou un transport par petites voitures électriques. Pour nous, ce sera les baskets évidemment, d'autant que dans la dernière section de cette balade touristique, nous allons passer rive gauche sur le sentier du Kattanakken.
A ce stade de la journée, nous ne savons pas si nous allons skier. La neige est plus haute que lors de nos dernières sorties. Le couloir de descente convoité ne passe pas. La montée au Kattanakken ne semble pas taillée pour le ski : ça sent les mille mètres sur les mollets (au moins) et sans la certitude de pouvoir descendre par le glacier. Bref, ça ne sent pas très bon.
Départ dans un site splendide. Mais va-t-on skier ?
Au fur et à mesure de la montée, on découvre un passage possible, bien raide et le long d'une cascade, vers 750 m d'altitude, permettant de prendre pied sur les faciles pentes supérieures. Reste à savoir quelle neige on y trouvera, surtout si on descend à six heures du soir... D'un autre coté, une langue de neige le long des barres rocheuses, permet de skier au retour à peine cent mètres au-dessus du lac moyennant un court déchaussage. Finalement, on va peut-être skier...
Nous poursuivons à pied par le sentier, plus rapidement que par ces bandes de neige puis posons les baskets sous le couloir repéré. Crampons et piolet sont de rigueur et en dix minutes, le passage est sorti. La neige est excellente. Avec ces conditions, le ski ne devrait pas poser de souci au retour même s'il y a une section à cinquante degrés et un tout-droit obligatoire sur une bande de glace avec réception à un bon quarante, heureusement non exposé !
On poursuit encore un peu avec les crabes car c'est vraiment exposé et les pentes restent un peu soutenues puis on peut passer enfin en mode peaux et nous prenons tranquillement de la hauteur.
On reprend de la hauteur avec les peaux cette fois
Des pentes plus douces sur le glacier
Une fois sur le glacier, j'apprécie d'avoir un peu de débattement dans les chaussures même si je n'ai pas emporté les Gignoux. La TLT6 reste correcte sur ce point de vue et la différence est sensible avec Thibaut qui se promène avec des quatre crochets. Le faux-plat nous prend un peu de temps pour finir au sommet mais quelle vue et quel dépaysement ! Il aurait été dommage de s'arrêter avant cette bosse du Ramnane.
Premiers virages avec un peu de pente devant l'atypique falaise sommitale
La descente est connue car nous allons revenir sur nos traces : une petite pente sympa, un long schuss où il faut se concentrer pour ne pas empaler un ski dans les nombreux reliefs causés par le vent puis une pente transformée excellente au milieu des séracs. Un peu de neige dure puis du gros sel nous amènent au passage clé qui se négocie presque facilement dans ces conditions. Encore du névé, un court déchaussage sans avoir oublié de récupéré les baskets et hop, on déchausse au soleil juste au-dessus du petit lac glaciaire. Quelle descente et quel itinéraire ! Personnellement, j'ai adoré. Et pas la moindre trace de ski, sauf sur les glaciers tout en-haut où les locaux doivent se balader en traversée ski-cross.
Un peu de portage en baskets pour finir