Publié le 18 Juin 2023
On en perd un peu la boule avec la nomenclature des sommets de ce coin du Dévoluy. Outre la Norvège et ses trente-six Skarven, je n'ai pas souvenir d'un tel autre méli-mélo dans les Alpes. A en croire la carte IGN (et les panneaux signalétiques sur place), l'histoire se passe au-dessus des hameaux des Bas et des Hauts-Gicons, avec un C et un S. Mais la montagne qui le domine s'appelle la montagne de Saint-Gicon, sans le S donc. Et son point culminant est le Gigon, avec un G ! Un peu en-dessous se trouve le Piéroux (é + 1r) mais un peu plus haut, c'est le pic Pierroux (avec deux r et donc logiquement sans accent). Pour couronner le tout, le Piéroux, petit sommet fort pointu sur lequel se situent de magnifiques voies d'escalade, s'appelle aussi le pic Crillon (avec un C). A ne pas confondre avec le magnifique pic Grillon (un G !) situé juste de l'autre côté de la crête. Un intéressant imbroglio toponymique sur toute cette partie nord de la branche orientale du Dévoluy. D'ailleurs, en recherchant quelques liens (dont je m'étais servi pour préparer la course) afin d'étayer la suite de mon billet, je m'aperçois en écrivant ces lignes que je ne suis pas le seul à me poser ces questions : quelques éléments de réponse ici.
Le Dévoluy est un massif calcaire situé aux confins de l'Isère et des Hautes-Alpes. Séparé en deux par la Souloise, il est constitué de deux chaînes de montagnes abruptes aux allures parfois dolomitiques (toutes proportions gardées) et de point culminant de proche altitude (entre 2700 et 2800 m). A l'est, le chaînon de Bure s'étend, du sud au nord, du pic de Bure (voir la célèbre voie Desmaison) au Pierroux en suivant la chaîne de Faraut. A l'ouest, nous trouvons les sommets les plus prisés du massif, principalement entre l'Obiou (point culminant, tout au nord) et la tête de Garnesier, en passant notamment par le Grand Ferrand, la tête de l'Aupet ou encore le rocher Rond.
Nous resterons au nord et à l'est. En ce premier jour de ce mini-séjour, nous voici sur l'itinéraire vertigineux décrit par Pascal Sombardier. Enfin, pas tout à fait. Des Hauts-Gicons, nous montons au pic Pierroux par la voie normale avant de rejoindre le départ de la grande vire en face est moyennant une courte descente (un pas délicat en désescalade). Cette vire traverse toute la face est en descendant régulièrement. A la fin, il faut remonter au pas de l'Arche. De là, nous avons suivi une fois de plus le cheminement de Pascal en face nord, passant à la grande baume et vers l'Aiguillette. C'est vraiment très beau.
Quelques remarques :
- Ce départ versant sud du pas de l'Aup réduit le dénivelé à environ 1400 m et supprime la longue approche depuis le Monestier-d'Ambel. Mais il ne permet pas de faire le bas de la face nord du pas de l'Arche. Un autre avantage est de ne pas avoir à bouger si on décide de grimper dans le secteur des Gicons comme nous le lendemain.
- Pas d'eau sur l'ensemble de l'itinéraire. Et full soleil. Un litre chacun c'était un peu juste.
- Pas de difficulté technique dans la vire est (sauf un passage de cinq mètres en traversée terreuse). MAIS il semble relativement peu parcouru au regard de la qualité de la trace (rien à voir avec les "boulevards" des sangles de Chartreuse). Après coup, je me demande si ce sens est le plus judicieux (descente) : c'est quand même bien craignos. Certes, encore une fois, c'est facile mais il n'y a absolument pas le droit à l'erreur. Je pense que dans l'autre sens, surtout si on arrive par le bas du pas de l'Arche, c'est bien plus tranquille.
- Je n'y emmènerais pas mes filles. Ne pas compter sur un quelconque assurage
- Itinéraire majeur et magnifique.
- Pas croisé le moindre bipède de la journée, jusqu'à notre retour au niveau de la cabane de l'Aup où nous avons pu compter, sur les doigts des deux mains, quelques promeneurs du début de l'après-midi.
- Flore et faune remarquables. Je ne détaille pas et vous laisse découvrir
- Compte tenu de deux pas d'escalade en 2/3 + grande exposition et pied sûr indispensable, je rangerais cette course dans le niveau F de l'alpinisme.
- Un grand merci à Pascal Sombardier pour le partage de ces découvertes