Publié le 17 Février 2023
Branle-bas de combat pour cette nouvelle journée en Ubaye. Nous sommes bien décidés à en découdre avec la montagne... En fait, pas du tout. Nous nous préparons tranquillement pour décoller vers 9h30 ; c'est amplement suffisant. Mais dès 7h du matin, nous sommes réveillés par le bruit des couteaux qui tintent dans les couloirs. Le petit groupe qui partage l'auberge est déjà sur le pied de guerre. Les couteaux, ces engins hostiles et anti-glisse sont déjà sur les skis avant même d'avoir touché la neige. L'expression, à couteaux tirés prend vraiment tout son sens en ce qui concerne mon aversion pour ces outils. Bon, je confesse que dans certaines conditions, ils peuvent nous épargner une petite bagarre avec la neige et que j'exagère un tantinet. Mais j'ai réellement choisi de m'en passer pour plusieurs raisons déjà évoquées dans ce blog : l'encombrement dans le sac à dos et la pénibilité de progression avec, d'autant que dans la grande majorité des cas, en ayant acquis petit à petit (mais au final assez rapidement pour qui veut) un bon sens de l'accroche, on se fatigue moins sans. Au choix, on peut passer à pied en crampons (voire sans) ou continuer à peaux en acceptant de temps à autre une petite dérobade du ski aval, toujours moins pénible que de passer une demi-heure avec des couteaux vissés sur les fixations. Bref, le couteau, ce sera le petit Spatha de chez Petzl, aussi apte à couper une cordelette que le saucisson et qui sera de sortie au sommet de la pointe basse de Mary pour le petit casse-croûte du midi, après 1200 mètres d'ascension tranquillement. Nous restons à admirer le panorama sur le chaînon du Chambeyron. Nous ne savons pas encore que ce n'est que le début de la plus belle journée du séjour...
Plongeon dans la face est de la montagne. Neige vierge. Un peu de cailloux en haut en raison du décapement éolien puis une neige miraculeusement restée douce, sans la moindre trace. Des virages de rêve qui nous mènent au grand plat de Chabrière qui n'est pas sans rappeler les longs glaciers norvégiens. Remise des peaux et remontée du vallon de la Bouteille dans un four. La neige transforme ; les peaux mordent et, manches retroussées, nous arrivons assez vite sur la crête de Gandin d'où nous basculons versant nord. La wilderness absolue. Quelques rares traces plus de trois semaines après la dernière chute de neige.
Je finis par convaincre Cécile de remettre les peaux vers la tête de la Gavie. Là encore, le soleil réchauffe une neige douce facilitant la montée. De l'autre côté, le couloir nord est resté poudreux. Certes, il y a parfois quelques légères croûtes de vent voire un caillou affleurant mais au fur et à mesure de la descente, les conditions s'améliorent. La neige est restée poudreuse dans ce versant nord-ouest et les courbes s'enchaînent jusqu'au plan de Parouart. Il reste quelques kilomètres pour à peine 100 mètres de dénivelé jusqu'à Maljasset mais au final, ce sera bien agréable. Sans remettre les peaux, nous alternons petites glissades, pas alternatif et pousse-bâtons. Déchaussage devant l'auberge où Hub' nous attend avec la bière.
Un superbe tour d'environ deux kilomètres verticaux. Trois sommets, trois descentes froides et pas un skieur rencontré entre Basse Mary et Parouart. Un circuit qui se mérite (25 kilomètres) mais quand même accessible.
Vio et Mika, venus eux-aussi de Grenoble et avec qui nous partagerons le repas du soir, apprécieront à juste titre ce tour qu'ils réaliseront le lendemain. De la grande Ubaye !