Nous l'avons évoqué lors de notre sortie de samedi dernier... Qu'en est-il d'abord de la fréquentation hivernale de nos montagnes entre l'année 2000 et aujourd'hui par exemple ? Je n'ai aucun chiffre. Et je ne sais pas si quelqu'un en a de manière précise. Il faudrait peut-être voir du côté des ventes de skis et accessoirement de raquettes. En revanche, visuellement, le constat est sans appel. Ce que je ne suis pas capable de dire, c'est par quel nombre (supérieur à 2 sans aucun doute), il faut multiplier la fréquentation hivernale de la montagne sur vingt ans. Et c'est probablement nettement plus que 2. Pourtant, le nombre de décès par avalanche ne bouge pas d'un iota. Il n'y a en fait aucun lien avec cette augmentation. Cela dépend des hivers. Certains sont plus piégeux que d'autres. Mais globalement, on peut même dire que le nombre de morts est en baisse. Cela veut-il dire que les randonneurs / hors-pisteurs sont plus raisonnables qu'avant ? Je ne le pense pas. Il suffit de regarder les traces dès après une chute de neige. Parfois dans des endroits vraiment osés. Il y en a toujours un pour placer une courbe à un endroit complètement déraisonnable. Un des derniers exemples qui me vient en tête, est celui-ci : il fallait vraiment ne pas être au courant des événements et ne pas savoir observer le terrain une fois sur placer pour aller placer une courbe ici ce jour-là !!! (NB : pente > 35°, large donc sans ancrage, bombée, orientée sud-est, le lendemain d'une chute de neige de 40 cm avec vent de nord-ouest...). Fort heureusement a priori, pas de gravité pour cet incident et c'est tant mieux. La montagne est souvent (mais pas toujours) "gentille" ; on le savait déjà. Mais alors pourquoi le nombre de décès par avalanche est-il, proportionnellement au nombre du pratiquants, en régression ? Quelques éléments de réponse personnels.
- une succession d'hivers parsemés de coups de redoux stabilisant la neige. D'après les modèles, il semblerait que cette situation soit de plus en plus la norme. C'est à mon avis la première raison de la baisse d'accidents.
- une augmentation de la fréquentation qui a pour conséquence la stabilisation (relative certes) des pentes. Le "damage", le lissage, le "crayonnage", écrase les couches fragiles, tasse a minima la neige... Dans des massifs très fréquentés comme ceux autour de Grenoble ou d'Annecy voire maintenant certaines vallées du Queyras, je n'ai aucun doute sur l'effet bénéfique quant au risque d'avalanche.
- La vitesse de descente associée à la boucle. Il y a vingt ans et plus, très souvent, on remontait une pente avant de la descendre. Aujourd'hui, on essaie beaucoup plus de faire des boucles, c'est tellement plus esthétique. En choisissant généralement d'éviter de remonter les parties les plus raides que l'on se garde pour la descente. Ainsi, l'ascension se fait régulièrement par un versant facile et potentiellement moins dangereux avant de descendre à-vue. Et avec le matériel d'aujourd'hui, on skie un peu plus vite et si ça part, on peut réussir à s'en échapper en prenant rapidement la tangente. Cela doit arriver régulièrement.
- Tout le monde est a priori équipé du DVA, de la pelle et de la sonde. Les sauvetages sont réguliers. Bien évidemment, il ne faut pas compter dessus pour augmenter sa prise de risque même si inconsciemment, c'est certain que cela se produit ainsi. On ne ferait sans doute pas les mêmes choses seul dans un vallon désert...
- Et sinon, il y a certes beaucoup de monde mais surtout beaucoup de monde sur les grandes classiques surtracées et les sorties de style ski-fitness. Les traceurs en terrain vierge ne se bousculent pas au portillon, beaucoup de skieurs venant de la piste ou du freeride et donc, ont en tête une certaine envie de "rentabilité". Tracer pendant trois heures pour dix minutes de descente ne vaut pas le coup.
Autres réflexions de la semaine :
- sortie du mardi matin : de la peau dans les arbres, là où la neige serait sans doute la meilleure. Et ce fut bien le cas. En haut c'est soufflé et même craignos. On note plusieurs départs d'avalanches relatés par les skieurs. Le risque (d'avalanche) chiffré annoncé ne permet pas du tout de conclure en terme de probabilité de déclenchement. Il faut aller plus loin en lisant le bulletin mais surtout en observant sur le terrain. Après une chute de neige, on a rapidement une idée globale de ce qui se passe. Par exemple : risque 4 et personne ne se fait prendre. Situation in fine plus stable qu'on ne le supposait. Bonne liaison avec la sous-couche, vent moins important que prévu, pas de cohésion de la nouvelle couche... Inversement : risque 3 et ça part dans tous les sens. De la cohésion dans la nouvelle couche, etc. Nous sommes bien dans ce second cas et il y a fort à parier que ce n'est pas terminé. Il faut, à mon humble avis, s'abstenir pour le moment d'aller dans les grandes pentes, surtout d'orientation nord à ouest (vent d'est fort mardi matin). Cette recommandation n'est finalement pas très contraignante car le meilleur ski est plus bas, on n'aura de toutes façons pas de la neige de cinéma, la lumière est blafarde en ce moment, les visibilités pas au top ; en gros, on ne rate pas le super sortie. Tout ça étant pour se faire plaisir, j'ai toujours du mal à comprendre que, et notamment les gens qui sortent beaucoup (et donc ne sont pas "en manque"), n'arrivent parfois pas à avoir cette lucidité, surtout aujourd'hui avec les moyens de communications que nous avons et qui informent de tous ces "voyants allumés" ! Bon, du coup je me suis appliqué cette règle ce mardi matin. Tricotage dans les arbres du côté de Pipay/Grand Rocher. Quelques bons moments de ski, malheureusement trop courts car en forêt sous 1500 m, ça devient délicat par manque de neige.
- sortie du mardi après-midi : sur les pistes de Pipay avec Henri-Luc et Mathieu, sous les conseils de Mathieu. Skis de spécial avec rayon de 12,5 m. Je n'en avais jamais fait et j'ai pris une bonne leçon. Mais ça donnerait presque envie de s'y mettre. On a bien rigolé à (essayer de) tailler des courbes sur les carres. Ca redonnerait de l'intérêt à la piste en ce qui me concerne.
- sortie du mercredi après-midi, toujours sur les pistes des 7 Laux avec Emie cette fois. On bosse les pistes noires non damées. On aura fait les vallons mais aussi les Plagnes avec un mur bien raide qui l'aura impressionnée. Je me suis mis en-dessous au cas où ! En tous cas, d'excellentes conditions jusqu'en bas avec un bon enneigement sur l'ensemble du domaine et quasi toutes les pistes ouvertes.
Super les burgers des Cortillet. Je recommande. Loin de la mal bouffe. Y'a juste les frites qui restent des surgelés mais bon, pour un restau sur les pistes, franchement, c'est à retenir. Pour le reste, vallons du Pra excellents, Plagnes excellents, pistes excellentes en général. Et quelques réserves de neige de culture pour colmater. Les conditions sont globalement très bonnes sur l'ensemble du domaine si ce n'est une neige qui colle un peu sous 1500 m.