La neige vient d'arriver en force. D'abord en moyenne montagne mardi puis en plaine vendredi. De nombreuses régions de France sont touchées : Vosges, Massif Central, Alpes, Provence jusqu'aux Calanques. Les gens sont comme des gosses si l'on en croit les publications diverses et variées sur les réseaux sociaux et sites météo.
Ca commence par les petites sorties de proximité des uns et des autres. Certains sortent les skis sur les Bouches-du-Rhône, d'autre vont faire de la luge à côté de la maison. Les enfants sont à fond mais les adultes loin d'être en reste.
Le week-end suivant verra à coup sûr son lot de sorties en montagne. Il ne s'agit pas de précipitation. Et les trois hivers précédents ayant laissés les randonneurs hivernaux sur leur faim n'y sont pour rien. Les gens sortent tous les jours, par tous les temps. Bien sûr, quand il fait mauvais, que les conditions sont délicates, ils sont moins nombreux. Mais il est toujours possible de sortir dans de bonnes conditions de sécurité. D'ailleurs ce dimanche, nous avons mis le nez dehors avec Nico et avons fait un beau dénivelé dans des espaces vierges.
Mais tout le monde n'a pas eu cette chance. En Chartreuse, trois randonneurs ont laissé la vie. L'un sur la dent de Crolles, les deux autres au Petit Som, tous a priori en raison d'avalanches. Des gens partis comme chacun d'entre nous pour s'aérer. Pas de suicidaires, pas des trompe-la-mort. Des gens qui aimaient la vie et qui se sont retrouvés devant un choix à faire à un moment : je continue ou je rebrousse chemin ? Ils ont fait un choix qu'ils pensaient être le bon. Il s'est avéré le mauvais.
Pour nous qui sommes toute l'année sur le terrain, ce genre de départ est insupportable et nous choisissons parfois d'émettre un petit message de soutien à l'attention des proches ; plus généralement préférons adopter une attitude de silence.
Et pourtant, à chaque fois, c'est la même avalanche de mots (maux), essentiellement (mais pas que) émis par des gens qui ne pratiquent pas la montagne à ce niveau-là (ou même pas du tout). Au nom de quoi se permettent-ils non seulement de juger des choix des autres alors qu'ils n'étaient pas sur le terrain à cet instant ? Au nom de quoi se permettent-ils de lyncher les disparus ? Au nom de quoi se permettent-ils de mépriser à ce point les proches des victimes ?
Florilège des habituels commentaires : "c'est bien fait !" ; "Ils l'ont cherché" ; "Ils ont joué avec la mort" ; "Ce sont des suicidaires"... A cela, il faut ajouter les leçons données "la météo était mauvaise" ; "le risque d'avalanche était annoncé". Quand ce n'est pas l'argument de la mise en danger des secouristes.
Tout cela est pitoyable, insupportable !! Le danger est présent partout. L'accident, qu'il soit grave ou bénin est presque toujours le fruit d'une erreur humaine, qu'il soit en montagne, domestique, routier... La montagne n'est pas un cas particulier.
Alors je lance un message à tous ces donneurs de leçons : la meilleure chose que l'on peut faire dans ce genre de situation, c'est de fermer sa grande gueule !!!