J'aime tout autant me retrouver seul en montagne que la partager avec les amis. Après plusieurs années de silence mutuel, Lolo a eu la très bonne idée de me recontacter et je l'en remercie. Lolo, c'est un mec complet. Aussi à l'aise skis aux pieds qu'avec une planche deux fois plus large, c'est aussi un bel athlète, ne dédaignant pas un mont Blanc en baskets depuis sa maison des Houches et prenant beaucoup de plaisir à tracer un couloir avec de la neige jusqu'aux genoux. Mais pas que. Laurent Dupré, c'est aussi un amateur d'Italie. Une sortie là-bas, ça commence par un café et ça finit par la pizza ou la polenta. Dernier trait particulier du personnage qui le rapproche du lagopède. Dès que la température dépasse cinq degrés, il halète au repos. L'idéal pour lui, c'est moins quinze degrés les manches retroussés. De loin le plus résistant au froid (et le plus sensible à la chaleur) que je connaisse, loin devant le numéro deux, Nico Büsch, c'est dire ! Je me souviens d'un jour où j'étais passé récupérer du matos chez lui. J'arrive aux Houches. Moins douze degrés au thermomètre. Je sors de la voiture en doudoune. Lolo sort de chez lui pour m'accueillir, en t-shirt et caleçon. Au bout d'un quart d'heure de discussion "Dis-moi, tu veux pas qu'on rentre deux minutes pour finir de discuter ?" Celui qui avait froid, c'était celui qui avait la doudoune.
Bref, venons-en aux faits. Aujourd'hui, Lolo me sert la journée sur un plateau. Rendez-vous avec Timot' et Hervé. Tout le matos est chargé dans le fourgon et go pour l'Italie. Enfin, "tout"... Sauf la batterie de Timothée qui se verra obligé de laisser l'appareil photo au parking. On part pour le val di Rhemes. Un couloir paraît-il. Pour la première fois, je ne sais même pas le nom du sommet sur lequel je suis censé aller. Café et pain au chocolat plus tard, c'est parti sur les chapeaux de roue. "On y va tranquille aujourd'hui". La montre affiche 17/18 (m/min). Effectivement, on part vraiment tranquille.
Un petit vent frais rafraichit l'atmosphère une fois dans le vallon d'Entrelor. Une aubaine pour notre cheval de course. Une petite trace pour gagner un collu et nous voici dans les grandes pentes qui mènent au couloir. Histoire de ne pas faire que le client, je prends la trace jusqu'au cône d'attaque. Puis Lolo se chargera du couloir. Les conditions de neige sont correctes mais changeantes : des sections de poudre succèdent à des passages en grain fin, d'autres en neige cartonnée, heureusement souvent portante.
Hervé le diesel, l'homme qui aime les couloirs en neige dure, nous rejoint assez vite au sommet après un départ plus tranquille. Comme quoi. Qui va piano va sano va lontano ! Aigle et gypaète volent ensemble autour de la tour rocheuse sommitale. Classe ! C'est ça aussi l'Italie et le Gran Paradiso.
La descente n'est pas de tout repos entre les compagnons qui avoinent, la neige parfois exigeante et ma fixation à talonnière trop haute qui m'oblige à une position bien en avant un peu fatigante. Mais cette sortie remplit toutes mes attentes : enfin une sortie avec Lolo, les retrouvailles avec Timot' suite à cette sortie mythique il y a un an jour pour jour, la rencontre d'Hervé ; bref une sortie avec les copains, un peu de pente, la découverte d'un nouveau coin et de la bonne bouffe, comme c'était le cas la veille lors de notre incursion transalpine avec Val à la pizzeria du Tunnel à Courmayeur. Car la journée n'était pas finie : elle s'est poursuivie par le petit troquet local (50€ pour quatre personnes bière/plat/dessert/café) et par un somptueux repas le soir aux Houches, chez Manue et Lolo avec Val et les filles. Merci Lolo !
PS : ah oui, le sommet c'était becca di Tsanbeina !