Publié le 24 Mars 2019

Même si je me le note pour avoir une idée de mon volume et comparer mes saisons, une saison de ski ne se résume pas en dénivelé. Mais si certains confondent plaisir de la journée et cotation de la qualité de neige, une saison de ski ne se résume pas en étoiles. Même si j'apprécie de temps à autre de skier un beau couloir, une saison de ski ne se résume pas en nombre de pentes raides. Pour moi.

Même si chaque sortie n'est pas réfléchie pour être dans un fil conducteur, ma saison de ski mélange projets originaux, sorties entre copains, découvertes, beaux circuits, grosse poudre, sorties enfants... Parmi les projets, il y avait cette traversée de Belledonne. Amenée au grand public par Volodia (Shahshahani) et son récit de traversée non stop en moins de 24h Chamrousse - Gleyzin (4500 m de dénivelé) dans les année 90, cette traversée commence à être pratiquée régulièrement dans les années 2000. Si on se réfère aux information glanées sur les sites communautaires (qui restent une petite partie de la réalité, sans doute un peu plus pour les "grandes" réalisations), quelques groupes ont alors poussé plus loin, terminant majoritairement en Maurienne après le col du Tepey ou le Veyton (un peu plus de 5000 m de dénivelé). Pour des raisons logistiques mais surtout logiques, j'avais alors toujours eu l'idée d'aller plus au nord versant Grésivaudan, en dépassant la dernière ligne de crête marquée : celle du col de la Perche.

En 2009, avec Marco, nous partons de Chamrousse et réalisons le tracé suivant (voir sortie n°41) : Croix, la Pra, col de Freydane, épaule du rocher de l'Homme, roche Fendue, col de la Vache, rocher Blanc, col du Tepey, selle puy Gris, col Morétan, Coteau, col du Crozet, Saint-Hugon. Avec 5500 m de dénivelé, elle s'avère comme un nouveau parcours de référence mais il manque quelque chose : la traversée des férices vers les Grands Moulins puis la remontée pour traverser la Perche. L'année suivante, deux équipes dont Pierre Gignoux achèveront l'entreprise jusqu'au col du Grand Cucheron en dépassant les 6500 m de dnéivelé. Plus tard, Pierre fera même la traversée par dix sommets (près de 8000 m de D+, encore une autre dimension).

Je n'ai jamais eu la prétention de faire mieux que d'autres si ce n'est de trouver des idées qui parfois, sont originales. ici, plus d'originalité donc mais l'envie dans un coin de ma tête de faire cette intégrale. En tous cas de la tenter. En attendant, en 2013, avec Thibaut, nous faisons parler l'originalité en réalisant un Chamrousse -> Gleyzin en rajoutant des sommets et cols esthétiques en deux journées (ici et ) de dix heures avec nuit aux Sept-Laux totalisant 6500 m de dénivelé. Un très grand moment pour nous et vraiment une façon de faire que je recommande. Depuis 2016, j'ai la motivation pour tenter l'intégrale mais le créneau ne se présente jamais quand il le faut.

Cette année, il semble se dessiner un créneau fin mars et malgré une chute de neige intermédiaire, je décide de tenter l'aventure après quelques jours de beau. Seul. j'avais envie de me "mesurer" à cette entreprise en solitaire, notamment, tout l'engagement qu'il faut dans la partie de nuit. La Lune est à 85%, ce sera une alliée pour parcourir les montées sans lampe et avec de la visibilité pour anticiper. 

Sachant que je ne vais pas beaucoup dormir, je décide de partir à minuit et d'avoir de l'avance. Patrick "Toto" m'aura été d'une aide précieuse en me montant à Chamrousse et me prêtant son appartement au pied des pistes. Je démarre finalement un peu avant minuit. Montée tranquille sur les pistes de ski et trois-quarts d'heure plus tard, je suis à la Croix. Descente vers les Roberts puis remise des peaux et montée à la Grande Lauzière. La trace de montée est quasi parfaite. bravo au(x) traceur(s). Cependant, je vois bien comme présumé que la neige n'est pas encore bien transformée. Plusieurs inconvénients à prévoir :
- la surface manque de petits pénitents : le ski va zipper hors trace. Et dans la trace, comme c'est ciré, ça zippe aussi régulièrement. Grosse dépense d'énergie en plus à prévoir.
- en profondeur, il reste de la neige froide. Quand on appui sur le bâton, il passe au travers. Quand ce sera mou il faudra tracer. Et le soir, la traversée vers les Grands Moulins pourrait être dangereuse. 

Je prends donc un petit coup au moral car je sais que tout cela sera pénalisant. Deuxième coup au moral dans les descente de la face nord de la Grande Lauzière que je rajoute à l'ensemble pour l'esthétique : la neige en nord n'est pas top. Trop profonde avec beaucoup de traces. Zones soufflées/croûtées là où il n'y a pas de trace. Je force un peu. C'est pas très bon. Je descends à l'économie sans aller très vite. Idem pour monter au col de Freydane et en descendre de l'autre côté. Je me pose cinq minutes sous l'écrasante muraille du grand Pic. Je peux vous dire qu'à trois heures du matin, seul avec les étoiles, Belledonne prend ici une autre dimension qu'en été en short au soleil. c'est un moment énorme. Je sais que si j'échoue, cette traversée nocturne en solitaire sera en elle-même une réussite et ne me fera absolument rien regretter.

Rocher de l'Homme. Bonne trace pour monter mais pas bon en descente. Les jambes tirent au bas de chaque descente. C'est pas terrible. Arrivé à Roche Fendue, j'ai reperdu un peu de temps sur l'avance que j'avais ; aussi, je ne perds pas de temps à essayer de remonter pour rester le plus haut possible et traverse vers le pas de la Coche. je me sais énormément secourt. La neige est béton lustrée. Il ne faut pas se la coller. De nuit, il m'est impossible d'anticiper les passages à l'avance. C'est une erreur de passer ici de nuit, sans connaître parfaitement le tracé. Je décide d'aller le plus loin possible sans remonter mais me retrouve sous la traversée habituelle vers le plat de l'Aigleton dans un passage fort raide. j'ai suivi une trace qui me paraissait bonne mais le gars est passé en neige molle. Moi c'est béton et dessous ça plonge. La pente atteint quarante degrés légèrement nord donc encore plus lisse en surface. Je décide de ne pas m'y engager. C'est trop risqué à mon goût. Arrête au niveau d'un sapin je chausse les crampons et remonte. Quand je rejoins l'itinéraire normal, je me rends compte que toutes les tergiversations dans cette traversée, la manip avec le crampon qui ne tient pas bien (un des défauts du réglage du système Cord Tec de Petzl, c'est l'écart trop grand entre deux crans, il faudrait une molette micrométrique sur la talonnière) et cette remontée m'ont coûté trois quarts d'heure. Me voilà donc avec trente minutes de retard sur l'horaire prévu. Rien de catastrophique mais coup au moral ajouté à beaucoup d'énergie dépensée. Je doute beaucoup d'arriver au bout dans ces conditions. Un peu plus loin, avec le jour qui point, je m'aperçois qu'il faut traverser des zones lustrées par les coulées récentes. Bétonnées par le regel. Il va encore falloir forcer sur les carres...

Ce n'est pas ce que je suis venu chercher ici. J'ai toujours été dans une recherche des conditions. Mon niveau moyen de skieur m'a toujours poussé à rechercher la bonne neige dans le ski de couloir. Pour la sécurité. Ici, pour la sécurité mais surtout pour optimiser les chances de réussite, il me fallait d'autres conditions. Moins fatigantes. Je sais que je n'irai pas au bout. Je n'ai pas envie de me battre contre ces conditions. Je reviens sur mes pas et monte me poser faire une sieste au soleil sous les arêtes du Pin.

En descendant à contre-courant vers Prabert, je croise de nombreuses connaissances à qui j'explique pourquoi je redescends ici à cette heure incongrue : Sandrine et Yves, Laurent, Hervé, Steph, Benoit, Estelle et Pierre... Et merci à ma Val pour le taxi au retour !

J'ai compris aujourd'hui pourquoi j'avais chaque année un coup de mou de motivation au mois de mars. La neige de printemps m'enthousiasme moins que la neige froide mais surtout, les montées ne sont pas forcément de tout repos. Dès qu'il y a des pentes raides, les montées sont finalement parfois plus fatigantes que s'il faut tracer dans un peu de poudre. Quant à utiliser des couteaux, très peu pour moi. Rien que les manips pour les mettre, les enlever, la progression ralentie lorsqu'ils sont en place... ces engins sont "anti traversée de Belledonne". Sans compter qu'il ne seraient pas rentrés dans mon sac bondé.

Je garde cette traversée dans un coin de ma tête. Il est probable que si je la retente, ce soit plus tôt en saison avec des conditions anticycloniques d'hiver comme nous avons eu en février. Ou pas. Je n'en fais plus une fixation. Je sais aussi aujourd'hui que ma préférence va définitement aux grands tours en neige froide (autour de 3000 m de D+), à la fois esthétiques dans leur tracé et pas suffisamment long pour épuiser le bonhomme même s'il faut faire la trace en montée. Une expérience très enrichissante en tous cas que je nommerai "émotions nocturnes" tant aura été ce que je retiendrai de ce premier (petit) tiers de la traversée de Belledonne.

Lever de soleil vers le pas de la Coche
Lever de soleil vers le pas de la Coche

Lever de soleil vers le pas de la Coche

L'impressionnante avalanche du Muret

L'impressionnante avalanche du Muret

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Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

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Publié le 21 Mars 2019

J'ai toujours dans l'idée de terminer ce que je n'avais pas tout à fait fini en 2009 : la traversée de Belledonne d'une traite à skis (en moins de 24h). Ayant envie de partir seul pour voir ce que peut donner une telle aventure, je monte quand même repérer le couloir nord de la Grande Lauzière qui sera la deuxième descente.

La neige n'est vraiment pas transformée ; ça va être serré pour que ce le soit dimanche. La descente en nord n'est pas si mal mais déjà bien tracée et surtout, il y a du verglas à l'entrée. Il faudra l'éviter de nuit et entrer par la rive gauche.

Au retour, je reviens en mode minimaliste par la Pra. Pour remonter sur les Robert, le passage en dévers est vraiment merdique : impossible de passer à skis car ça zippe sur le fond dur. Des conditions d'ensemble très bonnes pour les yeux, moyennes pour le ski.

PS : finalement, après moult hésitations et devant une météo qui pourrait se dégrader le week-end d'après, je tenterai la traversée le dimanche suivant, sans succès. Récit à venir.

Montée sud à la Grande Lauzière

Montée sud à la Grande Lauzière

Au retour, sous Jasse Bralard
Au retour, sous Jasse Bralard

Au retour, sous Jasse Bralard

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Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

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Publié le 20 Mars 2019

Des conditions particulièrement saines (d'abord le gros travail du PIDA des 7 Laux puis un fond dur surmonté de 15 cm de fraîche) nous incitent à emmener les plus jeunes faire leurs premières armes hors des pistes. D'autant que dans ces conditions, c'est du ski facile. On en profite avec Lio et Nico pour augmenter notre nombre de skis testés (skis de randonnée pour la saison prochaine).

Les adultes s'amusent
Les adultes s'amusent

Les adultes s'amusent

Tout le monde dans Bédina
Tout le monde dans Bédina
Tout le monde dans Bédina
Tout le monde dans Bédina

Tout le monde dans Bédina

De la piste aussi. Et surtout du soleil
De la piste aussi. Et surtout du soleil

De la piste aussi. Et surtout du soleil

Les vallons sur-tracés

Les vallons sur-tracés

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Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

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Publié le 19 Mars 2019

Ce "sport" revient naturellement dans les écoles. Tantôt la poursuite, tantôt le tir d'objets. Cela me rappelle des (bons) souvenirs d'enfance. Mais pour le skieur, les "billes" n'ont rien d'enthousiasmant. Dans le jargon nivologique, une bille est un flocon de neige roulée, d'un à cinq millimètres, généralement tombé durant un orage ou une forte averse. Recouvertes de neige fraîche, les billes se comportent comme une couche fragile et mieux vaut ne pas y mettre de spatule.

Ce matin, en poussant les skis vers la face est des Lances de Malissard, j'ai vite été rappelé à l'ordre. Pas pour des raisons de risque d'avalanche (les billes formaient l'ultime couche de neige) mais par la difficulté de traçage. Assurément le traçage le plus pénible de la saison ; pire que cinquante centimètres de poudre vierge. En effet, les quinze centimètres de billes posés sur un fond dur étaient une horreur. Le ski restait englué au fond à chaque pas, glissant une ou deux fois par pas et encore, à condition de tracer quasi à plat. Je sais bien que je n'aime pas les traces raides mais il y a une limite. Quand au bout de deux conversions, tu te retrouves à l'aplomb de l'avant-dernière à seulement dix mètres au-dessus...

Première descente en belles courbes mais un fond dur trop présent. Trop court au regard du temps de montée. Rebelote vers le dôme de Bellefont. Cette fois, je n'insiste pas : les derniers mètres raides pour arriver au col seront faits à pied. Descente par le petit couloir nord que je ne connaissais pas. Idem 10 cm de poudre sur fond dur. Et une pente parfois bien raide (mesurée à quarante-cinq degrés dans le crux). Compte tenu des conditions, je n'insiste pas et rentre par la Virgule. Quelques passages de la veille un peu gênants, déjà que c'était pas du bon ski... La suite forestière puis sur les pistes sera bien meilleure. Ca skie sans souci jusqu'au bas du téléski (1040 m). Ce sera encore bon jusqu'à la fin de la semaine ce qui n'est finalement pas si mal.

L'hiver est terminé en moyenne montagne. Il est tout à fait possible qu'il y ait un retour d'hiver en avril voire en mai. On a déjà vu ça fréquemment et ça peut même durer plusieurs jours. Mais dès le retour du soleil, les compteurs sont remis à zéro. Comme chaque année, un anticyclone en février ou mars nous laisse croire que la saison va vite se terminer et puis hop ; un coup de blanc vient prolonger la saison de quinze jours. On va donc arriver dans la dernière semaine de mars avec des limites skiables inférieures aux alentours de 1200 mètres en moyenne et environ un mètre de neige au sol à 1500 m en versant nord. Une situation tout à fait normale voire même un poil enneigée à ces altitudes. Reste à voir si on aura droit à une fonte express comme l'an dernier ou tout simplement normale.

Toujours un bon moment ce lever de soleil à l'Aup du Seuil
Toujours un bon moment ce lever de soleil à l'Aup du Seuil
Toujours un bon moment ce lever de soleil à l'Aup du Seuil

Toujours un bon moment ce lever de soleil à l'Aup du Seuil

Lances de malissard
Lances de malissard

Lances de malissard

Dôme de Bellefont

Dôme de Bellefont

Dans le vallon de Marcieu
Dans le vallon de Marcieu

Dans le vallon de Marcieu

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Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

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Publié le 17 Mars 2019

Nous attaquons une série de tests sur les skis de la saison 2020. Pour la cinquième année consécutive, je m'occupe de la gamme large, i.e. entre 95 et 105, essentiellement centrée sur 97-98 mm au patin. Cette année, nous avons pas mal de skis mais aussi pas mal de testeurs dans ce groupe qui s'est un peu étoffé. Je tiens à remercier tous les copains qui participent le sourire aux lèvres à ces essais malgré quelques contraintes.

Pas grand chose à dire pour le moment. A part remercier aussi la station des Sept-Laux, partenaire de ces tests faits pour Montagnes Magazine. Ne me demandez-pas aujourd'hui quel est le meilleur ski ! Certes, il en ressort déjà des grandes lignes mais il faut attendre que nous les ayons tous passés et repassés. L'avis d'une personne est trop exclusif pour être pertinent, surtout dans ce domaine. Nous allons donc finir ces tests, synthétiser tout ça, écrire les fiches, mettre des notes... Comme chaque année, rendez-vous dans le Montagnes Magazine de novembre prochain. Et puisqu'on parle de ce magazine, vous retrouverez dans le numéro actuel, mon article concernant notre trip norvégien de février 2018, ainsi qu'une rubrique météo rédigée par mes soins. En espérant que ces deux papiers vous donnent l'envie de voyager et des conseils pour préparer sa course côté ciel et neige.

Tests 2020
Tests 2020
Tests 2020
Tests 2020
Tests 2020

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Rédigé par lta38

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