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Le printemps est une période très propice de par la saison de reproduction et la migration. La vallée du Grésivaudan est loin d'être très riche mais quand on y passe un peu de temps, on sait profiter de ses trésors, quand bien même, dans ce domaine, elle ne puisse être comparée à des sites phares comme la Camargue (que je visiterai quelques jours plus tard).

Malgré sa taille et son besoin d'espace important, le grand duc d'Europe (anciennement appelé hibou grand duc) s'est remarquablement adapté à l'urbanisation grandissante. Il faut dire que la ville et les faubourgs lui fournissent une alimentation riche en rats et en chats. Avis à la population : vos chats ne sont pas à l'abri de finir dans l'aire du "bubo" si vous les laissez divaguer hors de votre maison. Les ornithologues qui suivent de près cette espèce notent des apports réguliers de chats domestiques. 

J'ai pu suivre une nidification exceptionnelle en ce début d'année, notamment par la précocité des dates. Je précise que je ne suis pas le découvreur de ce site et que je ne donnerai aucune information. Etant "fouineur", j'ai fini par interpréter des bribes d'informations et faire marcher mon réseau d'ami naturalistes (merci tout particulier à Thomas !) pour me retrouver sur ce site et avoir la chance de tomber sur la femelle sur un site qui pourrait bien être une aire de nidification. Nous sommes alors le 3 février...

* Arrivée à 17h sur le site. Un oiseau est présent dans une anfractuosité de rocher. Compte tenu de la date, il est possible qu'il ait choisi ce site de nidification. Nous espérons pouvoir voir des accouplements le soir. En soirée, un autre oiseau se manifeste par la voix dans les parages, sans aucun doute un mâle. Le premier ne lui répond pas. C'est sans doute une femelle. Pas d'accouplement.

7 février. 17h. Grâce à la longue-vue, nous avons l'énorme surprise avec Thomas de voir qu'en réalité, les accouplements ont déjà eu lieu il y a bien longtemps car il y a au moins un jeune qui apparaît de temps à autre. La femelle reste avec lui. Compte tenu de son plumage, nous estimons qu'il est dans sa deuxième semaine ce qui, rétroactivement, laisse imaginer la naissance vers le 25 janvier et donc, la ponte bien avant Noël. Les accouplements auraient donc eu lieu début décembre ?!? C'est vraiment incroyable. A la tombée de la nuit, le mâle se manifeste vocalement puis part en chasse.

17 février. 17h. Grosse activité. La femelle est posée sur une arbre près de l'aire puis décolle pour aller se poser un peu plus loin. Elle changera trois fois de perchoir en une heure. Deux jeunes se montrent de temps à autre. Arrivée du mâle le soir mais toujours impossible à localiser dans les arbres (quel mimétisme !), sauf lorsqu'il se met en ombre chinoise à la cime d'un arbre.

19 février. 17h. La femelle est à l'aire et somnole la plupart du temps. Les jeunes se montrent de plus en plus. Au crépuscule, ils s'excitent et commencent se balader sur la corniche. Il semblerait qu'il y en ait un troisième, nettement plus petit. Chant du mâle à 17h15 !!! puis à 18h15 avant qu'il parte en chasse sur la ville.

20 février. 17h. Soirée calme. Les jeunes se montrent peu. La femelle reste à l'aire. Pas de mâle. Elle s'envole sur un chêne à 18h15.

21 février. 16h30. Soirée copie conforme de la précédente sauf que le mâle passe en vol à 17h15 et se met à chanter lorsqu'il se pose. Du coup, nous pouvons l'observer à loisir toute la soirée. La femelle décolle à 18h30.

28 février. Il y a bien trois jeunes. Peu d'activité ce soir-là.

3 mars. Rien de nouveau à signaler

10 mars. Les trois jeunes sont toujours là. Ils ont bien grandi et commencent à avoir pas mal de plumes. Le mâle est sur un perchoir à bonne distance bien planqué. S'il n'avait pas poussé quelques notes timides en journée, je n'aurai probablement pas trouvé son perchoir après plusieurs dizaines de minutes aux jumelles.

12 mars. Le mâle est toujours sur le même perchoir (facile maintenant qu'il est connu). Il ne reste en revanche que deux jeunes sur l'aire. Impossible de localiser le troisième.

13 mars. Copie conforme de la veille. 2 jeunes.

17 mars. Soirée festival. Le mâle chante dès 16h et se déplace de perchoir en perchoir. Voudrait-il remettre "le couvert" alors que la présence des jeunes au nid touche à sa fin ?

19 mars. Il n'y a plus qu'un jeune sur l'aire. Le deuxième a dû sauter ou tomber. Je le retrouve rapidement plus bas, près du pied de la falaise. La femelle somnole sur un arbre juste au-dessus de l'aire avant de changer de perchoir en milieu d'après-midi. Le mâle se manifeste vocalement, moins intensément que l'avant-veille mais tout de même. A un moment, il vient à côté de la femelle qui lui répond !! Encore une très belle session de suivi !

20 mars. Passage rapide à la mi-journée. Le mâle et la femelle sont sur leurs perchoirs habituels respectifs. Il reste toujours le jeune à l'aire.

28 mars. Incroyable ! Le deuxième jeune ne se décide pas à s'envoler. L'autre reste à proximité de l'aire, tantôt visible, tantôt invisible. Les adultes sont toujours sur leurs perchoirs habituels.

Début avril. Les jeunes ont désormais quitté l'aire. Une nidification fort réussie jusque là mais le plus dur les attend. Ils vont devoir apprendre à chasser, trouver un territoire et donc beaucoup se déplacer en terrain inconnu (collisions avec les voitures ou les câbles électriques...).

J'avais déjà effectué un petit suivi de cette espèce en 2010 mais sans commune mesure. J'ai beaucoup appris sur ce magnifique oiseau en deux fois mais il en reste sans doute beaucoup à apprendre. Ne pas seulement "cocher" les espèces comme les sites naturels et les itinéraires. Mais prendre le temps d'apprendre, de comprendre... C'est pour moi indispensable et tellement plus enrichissant que de la simple "consommation"... et tant pis si cela est beaucoup plus chronophage. Privilégier la qualité à la quantité. Un message qui me semble essentiel de nos jours.

Les oiseaux commencent à chanter. L'occasion de garder un pied dans l'ornithologie. Un des points que je trouve particulièrement remarquable c'est que pour quelqu'un qui ne connait pas les chants d'oiseaux (et donc l'immense majorité des gens), lorsqu'un oiseau chante sans être visible, il est impossible de savoir à quelle espèce on a à faire. Nous n'avons pas tous les même perception des informations. De mon côté, dans l'immense majorité des cas, lorsque j'entends un oiseau, je le "vois" en reconnaissant son chant. Ces connaissances ont été acquises durant de longues années. Il faut les entretenir. Par exemple, pour certaines espèces spécifiques de Provence (où j'ai habité plusieurs années), plus de vingt-cinq ans sans en être imprégné ont généré des trous de mémoire.

En attendant, voici quelques images des dernières observations dans la vallée.

Quelques escapades en haut avec les skis : jas des Lièvres, dent de Crolles, Grand Arc (en Savoie). Du beau soleil mais une neige qui se dégrade de jour en jour. Il reste sans doute quelques coins poudreux mais avec beaucoup de traces sur a minima une partie de l'itinéraire. Je deviens difficile mais le constat reste objectif : entre ces saisons (la troisième consécutive) médiocres et la sur-fréquentation autour de Grenoble, la motivation n'est plus celle d'il y a quelques années. Elle reviendra avec de meilleures conditions de neige et/ou la fréquentation de secteurs plus éloignés. En attendant, j'alterne avec des sorties à pied pour (re)découvrir ma vallée du Grésivaudan et ses contreforts.

Il y a trente ans, je me rappelle qu'un spécialiste de la faune locale la considérait comme morte. Au risque de me répéter, il est vrai que l'urbanisation grandissante et la culture intensive du maïs ont fait beaucoup de mal. Mais en parallèle, des efforts ponctuels sont faits en essayant de ménager les deux parties. Des refuges LPO par-ci, des mares par-là, des bosquets préservés... Et puis, dès qu'on prend un peu de hauteur (sans parler de la montagne), la forêt, le bocage, abritent encore un certain nombre d'espèces intéressantes. Certes nous ne sommes ni en Camargue ni en forêt d'Orient. Mais en cherchant bien, la faune demeure bien représentée.

La vallée du Grésivaudan est sans doute sous-prospectée. Un paradoxe du fait de sa population importante. Le printemps n'est pas si loin et les oiseaux commencent tout doucement à s'activer. Un couple de mésanges charbonnières vient de visiter un de mes nichoirs. Les merles, rouge-gorges... commencent à chanter. Le Grand-duc s'est installé. C'est une période passionnante qui démarre avec de belles sorties en prévision, en parallèle de sorties au caractère plus sportif.

L'appel de la première neige est toujours bien présent mais avec sans doute un peu plus de raison. Que des jeunes ou débutants soient assoiffés comme j'ai pu l'être, au point de céder à faire des dizaines de kilomètres pour chercher une combe potable à skier est concevable. Mais pour un habitué de la discipline depuis des années, je n'ai plus la motivation pour cette débauche de temps et de gasoil pour faire en moins bien ce qu'on a déjà fait ! J'ai donc patienté jusque là sans (trop) ronger mon frein :
- Des randonnées à pied sur les coteaux comme autour des façades de la Terrasse que je n'avais pas fréquentés depuis des années. Une sortie inspirée par celle-ci qui commence à dater.
- Quelques observations de la faune autour de la maison et découverte d'un spot intéressant pour le martin-pêcheur.
- Encore un tour à pied pour aller voir la neige fraîchement tombée sur le plateau des Petites Roches