chartreuse

On a chacun non petits coins secrets, nos petits "jardins" secrets. Pour beaucoup, c'est une petite balade sans prétention à côté de la maison, avec la petite boucle habituelle qui permet de s'aérer. Pour certains, ce sont des coins à champignons, la petite haie de mûres ou de framboises... Des coins qu'on a tendance à garder secret ; non pas pour se les approprier mais parce qu'une partie des "choses" que l'on va chercher dehors, c'est aussi la tranquillité, le calme, l'éloignement de la civilisation. On passe suffisamment de (bons) moments entre humains pour qu'on ait aussi envie de temps en temps (en proportion, assez peu souvent finalement) de se retrouver seul ou en tout petit comité.

Pour le skieur, c'est aussi le plaisir de tracer. Deux jours ; deux sorties de proximité. Une à l'est ; une à l'ouest. Dans mes jardins fétiches. L'un des deux sera gardé secret : 2000 mètres de poudre cinq jours après la dernière chute de neige, cela devient trop rare dans nos montagnes. L'autre illustrera ce petit sujet, tant il était magnifié par les conditions de cette journée.

Encore une bien belle sortie en Chartreuse, partagée avec les amis et sur une neige cinq étoiles. Un grand plaisir de retrouver ce massif complètement sinistré l'hiver dernier. Là encore, beaucoup de monde dans les environs ; il faut se creuser la tête pour sortir des traces. La fréquentation hivernale de la montagne a explosé ces dernières années. Peut-être va-t-il falloir qu'on réfléchisse tous ensemble à essayer de l'organiser un peu afin de préserver au mieux le milieu sans entraver la liberté d'aller et venir de chacun. Un sacré programme et sans doute un petit défi.

Depuis le temps que je leur en parle... Cette fois, c'est décidé. Ma grande fille est sur-motivée pour une sortie nocturne. Le départ se fait vers 18h, pile au moment où la nuit impose d'allumer la frontale. La montée à Pravouta passe comme une lettre à la poste : à peine une heure pour les 550 mètres d'ascension. On traverse pour profiter de la meilleure neige. 20h : à table pour une raclette qui clôture cette belle fin de journée. Moments partagés au top. A faire sans modération.

Images EOS R8 (6400/12800 ISO) + RF 35 f1,8.

Depuis tout petit, j'aime la neige. Matière magique qui a tendance à se raréfier en plaine, la neige gomme tout. Les sons, les reliefs... Elle apaise. Que de souvenirs ; que d'heures passées à marcher, courir, glisser... sur cette matière blanche ! Des souvenirs plein la tête, de la fin des années 70 jusqu'en 1990, date à laquelle j'ai migré vers le sud, ce qui aura marqué le départ de mon affection aigüe pour les sports de montagne.

Des années 90 où la matière blanche a commencé à marquer un recul, avant de faire à nouveau un pas en avant dans les années 2000. Entre 2005 et 2017, nous avons à nouveau retrouvé de longues périodes enneigées en plaine. Mais depuis, c'est à nouveau un recul et la tendance est guère enthousiasmante. C'est pourquoi, dès que les conditions le permettent, je vais à la rencontre de la neige.

Ce mardi, direction le col du Coq pour un départ vers midi. Il neige ; je n'ai pas d'objectif. Je suis en t-shirt manches-longues + veste gore-tex. Juste ce qu'il faut pour être bien durant l'effort. Comme il fait humide, l'idée est de ne pas s'arrêter au sommet sinon, c'est la caillante. Les peaux sont retirées sans ôter les skis et mises sous la veste pour garder de la chaleur sur la colle. L'idée, c'est d'enchaîner tant que les jambes et la luminosité le permettent.

Je pars sans objectif. Premier Pravouta, déjà bien traffolé en est malgré la météo. Je déteste la neige traffolée. Outre l'inconfort à la descente, je crois que c'est surtout l'(in)esthétique qui m'importune le plus. Ma trace s'ajoute à ce crayonnage. Nous en sommes tous responsables. Le long de la forêt, cela reste malgré tout très peu tracé et excellent.

Je remonte puis enchaîne face ouest : excellent. Direction le bec Charvet. Deux rotations. Neige parfaite. Tantôt il neige, tantôt cela se dégage. Je ne m'arrête pas, le masque sur la tête. Retour à Pravout' ; re-face ouest. Allez, une dernière en est. Le compte est bon. Je me laisse glisser sur la route. Chartreuse retrouvée après une année "blanche" pour moi. Il en manque encore dans la forêt mais on n'est que début janvier ; cela n'a rien d'anormal. 

Après-midi hamster, voire même cochon-dinde. Dingue de la neige ! Allez, va pour cochon-dingue !

C'est au-dessus de la maison ; c'est donc un peu chez moi. Même si ce n'est pas du tout l'endroit que je préfère, la petite "colline" de Pravouta permet une aération rapide à vingt minutes de voiture. Petite sortie mais pas mal de choses à dire. Je laisse le soin au lecteur d'y piocher ce qui l'intéresse.

- La route. Blanche dès la sortie des tunnels, ultra glissante. Malgré des pneus-neige neufs, je n'étais pas sûr d'arriver au parking avec un Peugeot Partner de type "savonnette" (pneus 215 beaucoup trop larges...). Au final, route toute blanche à partir du Baure et ça patinait beaucoup moins. J'ai bien noté dans ma tête que le plus dangereux serait toutefois d'en redescendre (ce qui se vérifiera).

- Approche. Malgré le peu de neige en Chartreuse jusque là, les conditions se sont bien améliorées et on peut couper tous les lacets à la montée (déconseillé à la descente cependant pour le moment)

- Prairie. Vent de ouf. Neige ultra dense (croûte de vent) et hétérogène, bien trafolée par les passages de la matinée. Trace à refaire ultra-pénible (les skis restent pris au fond). Ski probable 2/5 à la descente (cotation skitour, bien que d'autres y ait mis 4/5... faites vous votre opinion ;) ). Oui je suis exigeant mais entre la forêt qui passe pas, les cailloux sur la partie haute de l'arête et la qualité de la neige, c'est un peu moins bon que la moyenne.

- Du coup, descente en ouest. Tempête au sommet et personne à 15h. Mieux vaut ne pas se blesser et masque obligatoire. Descente croupe ouest : très bonne neige dense souple. Avec de la visibilité, c'eut été du super ski en grandes courbes. Là, c'est descente prudente au départ puis de mieux en mieux sous le vent. Retour excellent par la piste forestière. Quelle glisse !!! Ski 3,5/5. Du coup, remontée au col du Coq et et bis repetita. Trace à refaire en face est, face ouest toujours nickel et traces du premier passage quasi effacées (vent + chutes de neige 2-3 cm/h)

- Arrivé au parking, je manque de percuter une voiture un peu trop à gauche (et moi complètement distrait). Puis croisement du chasse-neige qui me pousse sur la droite. Je crains le pire et paf, les roues de droite dans la cuvette. Et le chasse-neige qui se barre. Pas de chance non plus pour deux véhicules qui se tapent en croisant le même chasse-neige... Pour ma pomme, il y avait du monde. Merci à eux. En soulevant la voiture, je sors en un clin d'oeil. Bref, méfiat sur la route ces jours-ci. J'ai failli participer au challenge "Jo" (private joke).

Bon ski à tout le monde !