escalade-alpi

Publié le 25 Juillet 2017

Le video de cette magnifique traversée d'arêtes avec François.

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 23 Juillet 2017

Il y a dix ans, je me lançais dans l'écriture d'un topo d'escalade sur le massif de Belledonne. Paru en 2010, Belledonne Escalade aux éditions VTopo grâce à l'excellent travail de montage de Cédric, se voulait être une compilation de l'activité "grimpe" dans ce massif a priori peu propice. Au final, des voies équipées, d'autres en terrain traditionnel mais aussi des arêtes pratiquées régulièrement. Pour aller un peu plus loin, outre une petite sélection de randonnées un peu insolites pour découvrir le massif, je tenais à chercher des itinéraires à mi-chemin entre la randonnée et l'escalade, essentiellement des arêtes ne dépassant pas le 3 (parfois le 4) et sur de courts passages.

Ces skyline m'ont apporté beaucoup de plaisir. J'ai découvert une richesse insoupçonnée de ce massif malgré parfois de sacrées bouses peu recommandables. Toujours ce rocher lichéneux amovible made in Belledonne duquel j'ai fait fait ma spécialité. On apprend ; on s'y habitue et on finit par aimer et y être efficace.

Toujours en 2007, je voulais marquer ce projet par longue une traversée d'arêtes. Parti à dix heures du matin du Gleyzin, j'avais enchaîné les crêtes de Berlanches, du Vay, des Grandes Lanches, la pointe du Gleyzin, le Charmet de l'Aiguille (tout cela non sans mal en raison du brouillard qui avait compliqué la navigation et surtout l'anticipation), la pointe de Comberousse, finissant au coucher du soleil à la Porte d'Eglise par un magnifique bivouac. L'idée était de boucler le tour en vingt-quatre heures mais il avait fallu se rendre à l'évidence : ce fut plus long que prévu. Entre les erreurs d'itinéraire et le poids du sac avec le matériel de bivouac, je n'étais encore pas assez expérimenté. Le lendemain, plutôt que de poursuivre par les arêtes j'avais bouclé par les Trois Laux puis le passage de Tigneux. Cette traversée fut bouclée en 2015 en faisant dans l'autre sens la section croix du Léat -> Comberousse par toutes les crêtes de Tigneux et un ou deux passages pas piqués de vers en terme d'engagement (entendez par là, grimpe sur du rocher délicat en solo).

J'en ai fait de nombreuses ces dix dernières années, notamment l'arête ouest des portes de l'Eglise, celle du rocher d'Arguille (un must dans le genre), les petites arêtes du Mouchillon (devenues relativement classiques), toutes les arêtes entre le col de la Vache et la cime de la Jasse, le tour royal de Vénetier (dément !! à coup sûr sur le podium et certainement le plus grand pourcentage de bon caillou), le bouzin du pic de la Pierre au rocher de l'Homme puis vers Roche Rousse ou encore, pour ne citer que ceux-là, celui que j'avais qualifié (au jour de sa réalisation) comme "le plus beau" : le tour complet du Doménon avec dix sommets à la clé, terminé à la nuit noire après une matinée de boulot.

La récente reconnaissance en solo des arêtes entre la Croix et le Grand Pic de Belledonne a rendu possible ce projet de tour complet du lac Blanc par les arêtes. Pourquoi cette skyline est-elle au final "la plus belle" de Belledonne dans le style de ces chevauchées aériennes réalisables à la (demie-)journée ? Car la beauté reste un paramètre subjectif. Certes. Et (voir supra), le meilleur ratio bon/mauvais caillou est au Vénétier grâce à la traversée du Pin (et une suite pas si moche). Mais ici, on a d'abord le plus beau lac du massif (le lac Blanc donc). Ah mince, c'est encore un critère subjectif. Alors venons-en à l'objectivité. Cette traversée permet de fouler douze vrais sommets dont parmi les plus emblématiques du massif (Grande Lance, Croix, Grand Pic, Homme). Elle "récupère" au passage la traversée des trois pics reconnue comme étant une des (la ?) plus esthétiques du massif et sans doute la plus parcourue. Elle foule le point culminant des randonneurs (la croix) et le point culminant tout court.

Au niveau des chiffres, en partant de pré Comté, on tourne autour des 2800 m de dénivelé dont plus de 1600 sur les arêtes. 25 kilomètres (seulement) dont 15 sur les arêtes. Et cette fois, on a (presque) réussi à tenir le rythme de 3 km/h sur l'ensemble de la course en progression (environ 45 minutes de pauses cumulées sur l'ensemble de la course soit 8h30 de progression et - donc - 9h15 au total). Je n'en demandais pas tant si bien que je suis le premier surpris d'être à 12h30 au sommet du Grand Pic après un départ de la voiture à 7h30. Il faut dire qu'avec l'ami François (Kern), on n'est pas là pour acheter du terrain (ça tombe bien, il n'y a pas grand chose de solide pour y construire une quelconque bâtisse). Heureusement que l'animal sortait d'une grippe. Cela m'a permis de passer à ses yeux pour quelqu'un qui ne marche pas trop mal malgré son âge qui avance d'un an chaque année. Côté technique, il faut compter sur un ensemble "d'escalade" en 2 (mais du vrai 2, pas le 2 qu'on vous annonce sur les topos dans les portions de jonction des grandes voies alors qu'il s'agit de la marche ou presque) et des passages de 3 réguliers : un au départ de la PLD, un au départ de la GLD, 100 m soutenus dans le pilier ouest des Rochers Rouges, tout le long de la traversée Croix - Grand Pic (avec trois passages de 4b à 5a rappelés), puis encore sur Roche Rousse et Roche Noire. Les deux derniers sommets (Homme + Excellences) sont de la randonnée niveau "supérieur". 4 rappels en tout (10 mètres chacun : 3 pour s'affranchir des sections raides du pic Central en désescalade donc + 1 après le col de la Balmette dans un ressaut mixte 3/herbe vertical sur un bloc bien péteux - n'est-ce pas François ?). Ah oui, j'oubliais. Les douze sommets chevauchés sont, dans l'ordre d'apparition : Petite Lance de Domène (2596 m) ; Grande Lance de Domène (2790 m) ; pic Couttet (2764 m) ; Rochers Rouges (2823 m) ; Croix de Belledonne (2926 m) ; Pic Central de Belledonne (2945 m) ; Grand Pic de Belledonne (2977 m) ; Pic Lamartine (2752 m - celui de la crête, pas le pic "décalé versant Allemond) ; Roche Rousse (2753 m) ; Roche Noire (2726 m) ; Rocher de l'Homme (2770 m environ - le vrai sommet n'est pas côté sur IGN) ; Pointe des Excellences (2638 m).

Et le plus important : on s'est régalés ! Un grand merci à François pour sa bonne humeur et son humour à toute heure. Et à Belledonne pour nous offrir ce formidable terrain de jeu. Un aboutissement personnel de l'expérience acquise lors de ces dix années à "courir" les arêtes de la chaîne.

Départ de l'arête menant à la PLD

Départ de l'arête menant à la PLD

Grosse ambiance sur la PLD. Ces nuages rendent l'affaire encore plus belle

Grosse ambiance sur la PLD. Ces nuages rendent l'affaire encore plus belle

Sur l'arête de la PLD

Sur l'arête de la PLD

Arrivée au sommet de la GLD

Arrivée au sommet de la GLD

Plongée sur le pilier ouest des rochers Rouges, sans doute le morceau le plus grimpant de l'ensemble

Plongée sur le pilier ouest des rochers Rouges, sans doute le morceau le plus grimpant de l'ensemble

Vue sur la croix (de Belledonne) et la brèche Duhamel dans laquelle descend François, depuis la remontée au pic Central

Vue sur la croix (de Belledonne) et la brèche Duhamel dans laquelle descend François, depuis la remontée au pic Central

Pic central de Belledonne

Pic central de Belledonne

Section pic Central - brèche Reynier. A coup sûr la plus aérienne, la plus belle et la plus difficile si on ne tire pas les (trois petits) rappels. En fait, les deux premiers permettent de s'affranchir de deux fois un pas vertical de deux mètres en 4. Le troisième évite le petit surplomb (5a probablement) le plus dur de tout l'ensemble.

Section pic Central - brèche Reynier. A coup sûr la plus aérienne, la plus belle et la plus difficile si on ne tire pas les (trois petits) rappels. En fait, les deux premiers permettent de s'affranchir de deux fois un pas vertical de deux mètres en 4. Le troisième évite le petit surplomb (5a probablement) le plus dur de tout l'ensemble.

Remontée au Grand Pic par le couloir sud-est. Magnifiques jeux de nuages

Remontée au Grand Pic par le couloir sud-est. Magnifiques jeux de nuages

Sommet du Grand Pic. Une bonne chose de faite. Mais il en reste.

Sommet du Grand Pic. Une bonne chose de faite. Mais il en reste.

François nous décrit le tas de cailloux d'où l'on descend

François nous décrit le tas de cailloux d'où l'on descend

Pic Lamartine. Deux sommets. Le sommet de la crête (d'où est prise la photo) et le pic proprement dit (sur la photo), décalé de la ligne et sur le versant Allemond.

Pic Lamartine. Deux sommets. Le sommet de la crête (d'où est prise la photo) et le pic proprement dit (sur la photo), décalé de la ligne et sur le versant Allemond.

Le méconnu petit lac de Roche Rousse (tout proche de la crête)

Le méconnu petit lac de Roche Rousse (tout proche de la crête)

Roche Rousse. La splendide dalle sommitale

Roche Rousse. La splendide dalle sommitale

La dalle de Roche Rousse dans l'autre sens

La dalle de Roche Rousse dans l'autre sens

Roche Noire : la dalle sommitale (moins grande que celle de Roche Rousse) du sommet sud. Tout au fond à droite : les lances de Domène qui ont inauguré la skyline

Roche Noire : la dalle sommitale (moins grande que celle de Roche Rousse) du sommet sud. Tout au fond à droite : les lances de Domène qui ont inauguré la skyline

Le dièdre (3c) en bon rocher (rare sur cette section) à désescalader après la dalle de roche Noire

Le dièdre (3c) en bon rocher (rare sur cette section) à désescalader après la dalle de roche Noire

Après le rocher de l'Homme, descente de la pointe des Excellences. Le tour est bouclé. On s'affale quelques instants en contemplant la chevauchée avant de descendre sur le lac Blanc et la vallée

Après le rocher de l'Homme, descente de la pointe des Excellences. Le tour est bouclé. On s'affale quelques instants en contemplant la chevauchée avant de descendre sur le lac Blanc et la vallée

En bleu, l'accès montée. En jaune, le retour. En rouge, les arêtes bien sûr !

En bleu, l'accès montée. En jaune, le retour. En rouge, les arêtes bien sûr !

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Rédigé par lta38

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Publié le 22 Juin 2017

Quelle chaleur ! Impossible de grimper en plaine, même à l'ombre. Il faut choisir un site d'altitude. Pas évident pour le soir compte tenu du temps disponible entre la route et la marche d'approches. Et quelques orages pourraient pointer. Mieux vaut se garder une petite marge d'échappatoire. Pour changer, direction la dent de Crolles et les couennes au-dessus du sangle de la Barrère. Certes, il faut une bonne heure de marche en plein soleil mais il y a un peu d'air et, à mi-chemin, le trou du Glaz et ses 12°C nous offre cinq minutes de rêve.

Approche par le beau sangle de la Barrère

Approche par le beau sangle de la Barrère

Parce qu'on aime bien la grande voie et que la sortie sur le plateau au milieu des rhododendrons est toujours aussi féérique, on opte pour deux petites voies de trois longueurs plutôt que des couennes se terminant au milieu de la face.

Première voie "l'été en pente douce". Cela fait un moment que je voulais venir visiter cette grande dalle qui a vraiment une belle gueule avec son relais intermédiaire. L1 est annoncée 6b. Eh bien c'est peut-être le 6b le plus dur de la terre. Déjà, il faut s'arracher du sol par un mouvement violent bien morpho. Et puis, un peu plus haut, grimper plusieurs mètres en dalle sans pied et sans main... ou presque. Si j'avais lu 6c+, je n'aurais pas décoté !!! Pour nous deux, ce sera la longueur la plus difficile du jour. Après une traversée courte en 2 jusqu'au gros pin (enchaînée avec L1), on sort par une belle dalle en 6a avec un départ plein gaz. Du très beau rocher. Relais bien placé pour les photos. Restent quinze mètres de mixte 3b/herbe pour le plateau.

L1 de "l'été en pente douce". 6b sur le papier, (au moins) 6c sur le terrain. Que doivent-être les 7a/a+ à côté ?

L1 de "l'été en pente douce". 6b sur le papier, (au moins) 6c sur le terrain. Que doivent-être les 7a/a+ à côté ?

R3 de "l'été...". Belle longueur

R3 de "l'été...". Belle longueur

Sortie sur le plateau

Sortie sur le plateau

C'est reparti pour un tour. Baskets, dépose d'un sac et de tout le superflu puis retour sur le sangle pour une autre voie "Topo or not to be".

L1 = 6b+ Magnifique mur rouge à trous avec de beaux mouv'. C'est très bien équipé. Là encore, 6c n'aurait pas été volé. Sont sévères ici ! La suite se gâte : seconde partie de la longueur en dalle et en traversée, certes plus facile (je dirais 5c) mais bien sur les pieds et avec deux points vraiment loin. Le premier n'autorise pas la chute du leader qui irait se fracasser sur la vire huit mètres en-dessous. Et les deux ne rassurent pas le second qui pourrait se mettre deux beaux pendules avec percussions, les pas les plus délicats arrivant juste après avoir déclipé !! Il aurait suffit de décaler un point : le mettre deux mètres plus bas et en mettre un autre un mètre cinquante plus haut. Pour une économie d'un point, on prend de gros risques.
L2 = 6c Le rocher n'est pas beau voire un peu douteux mais les mouvements sont vraiment sympa pour passer ce bombé teigneux. La cote est, cette fois, bien calée. Longueur assez courte.

L3 = 5c pas si facile qu'il n'en a l'air. Un bon 6a à mon sens. Sortie très belle, légèrement déversante sur bacs.

Les rhododendrons du plateau

Les rhododendrons du plateau

Départ de "topo...". Magnifique !

Départ de "topo...". Magnifique !

Arrivée à R2 de "topo..."

Arrivée à R2 de "topo..."

Dernière longueur bien raide

Dernière longueur bien raide

Une autre façon de découvrir la Dent. Il y a encore des choses à faire dans cette face ouest même si le potentiel diminue sérieusement au regard de mon niveau. A moins que de nouvelles voies fleurissent : ce n'est pas la place qui manque, notamment autour de "Une seconde la vie".

Encore une belle soirée "after taf" avec Candice, en espérant pouvoir en faire une dernière avant les vacances.

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Rédigé par lta38

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Publié le 17 Juin 2017

Il y a près de vingt ans, mon ami François (Thirion), me proposait une virée à la tête d'Aval pour gravir "le trou noir", une voie côtée ED à l'époque. Sans doute un poil surcotée mais tenant compte de l'équipement d'époque sur de nombreux spits de 8 parfois bien espacés (avec un équipement moderne sur goujons bétons, on serait sans doute dans le TD+). Je me souviens d'une sacrée belle journée durant laquelle, l'orage nous avait nargué du début à la fin. La météo était annoncée maussade ; c'est pourquoi nous avions choisi une face sur laquelle nous pourrions battre facilement en retraite. Dès la première longueur, des gouttes tombaient mais sur ce rocher ultra adhérent et sculpté, nous avions avancé et atteint les vires par lesquelles on peut s'échapper à gauche. Le mauvais temps se tenait sur les Ecrins et nous avions continué. Jusqu'au fameux trou où, par chance à ce moment-là, nous nous étions abrité pour laisser passer une averse aux trombes d'eau anéantissant toutes nos chances de terminer la voie. Nous avions attendu la fin de l'orage avant de tirer les rappels. Je me souviens avoir empoigné les cordes, fait deux mètres et crié à François : "en fait, le rocher est hyper adhérant et ça sèche vite !". Et ainsi, nous avions terminé la voie !

J'avais, à l'époque, entendu parler de la mythique Ranxerox, du même style mais plus soutenue et près de deux fois plus longue et avec deux longueurs en 7a. C'était pour moi le mythe inabordable avec mon niveau, d'autant que le "Trou Noir" s'était avéré à la limite de mes possibilités d'alors (6b à vue et encore, pas dans tous les styles). Et puis, les choses ont évolué depuis 2011 et cette voie est entrée dans le domaine du possible. Il restait à y aller. C'est chose faite avec Julien une fois de plus. Bon ça n'a pas été comme je le voulais, la faute à la conjonction de trois facteurs :
- La nuit dans le Partner au parking et la surprise du matelas percé confisquant du sommeil réparateur ;
- Le soleil : la voie passe rapidement au soleil (je l'imaginais un peu plus protégée à l'est) mais surtout, pas de courants d'air thermiques et des températures un poil plus chaudes que ce que je prévoyais. Pas la canicule non plus mais trop chaud à mon sens. Ca dépend aussi des comportements physiologiques des uns et des autres mais personnellement, je déteste grimper au soleil, sauf s'il fait frais.
- Les chaussons : Julien m'a démontré non seulement l'efficacité de ses ballerines pour ces adhérences mais surtout pour le confort. Je suis sorti les pieds ruinés du deuxième bastion (le soleil n'arrangeant rien). Autant dire que les sept longueurs du troisième bastion (une grande voie à lui seul !) ont été très difficiles. Un grand merci à Julien d'avoir accepté de souffrir sur deux longueurs en me prêtant un de ses chaussons (en fait, j'ai un pied bien plus fort que l'autre et le pied gauche ramasse toujours plus vite que l'autre).

Pour le reste, la voie est majeure. Elle ma vraiment confronté dans mon point de vue apporté sur le sujet de la reconnaissance des premiers très récemment évoqué ici. Quand on sort d'un tel voyage, la première chose qu'on a envie de crier, c'est un immense remerciement aux ouvreurs et à leur travail. N'hésitez-pas à vous procurer l'excellente dernière version de "Oisans sauvage, Oisans nouveau, livre est" de Jean-Michel Cambon dans lequel figure cette voie comme plus de 400 autres et tout un tas d'anecdotes croustillantes.

En ce qui concerne Ranxerox c'est :
- 20 longueurs !!! entre 5c et 7a(++) y compris deux longueurs en 3/4 de jonction des trois bastions
- un rocher remarquable du début à la fin, sur lequel la clé ne sera pas d'avoir des avants-bras (un minimum quand même hein) mais de savoir poser ses pieds
- un équipement à la perfection. Ni trop près, ni trop loin. Béton. Les fois où les points sont un peu loin, les derniers pas se font toujours avec de bonnes prises dans les mains et on ne se fait pas peur
- un niveau 6c à vue recommandé
- un itinéraire où ça ne court jamais quelle que soit la cotation (plutôt de type "old âge" - aux habitués des cotations modernes, rajouter un + partout).
6b ; 6b+ ; 6a ; 6a ; 6a ; 4b ; 7a ; 6b+ ; 7a ; 6c ; 5a ; 6a+ ; 3b ; 6b ; 6a ; 6a ; 6b ; 6b ; 6b+ ; 5c (!!!)

En ce qui concerne la logistique :
- trois litres d'eau pour deux, une petite laine chacun et de quoi grignoter, le tout dans un petit sac à dos porté par le second. Il s'allègera donc au fur et à mesure de la montée. Pour le dernier bastion, nous l'avons laissé au bas et grimpé avec une petite bouteille de 50 cl d'eau chacun au cul.
- descente par les quatre rappels du dernier bastion (+un petit en-dessous pour éviter la désescalade du couloir) puis les quatre rappels du grand toit. Rappels ultra efficaces. Aucun coincement de corde possible et la corde est directement installée pour le rappel suivant quand on l'a tirée. Ensuite, descente par les vires et cordes fixes pour retour au bas de la face (mais pas au départ de la voie). Cela fait gagner un peu de temps sur l'ensemble (par rapport à une descente en rappels menant au départ de Ranxerox) mais oblige à monter les baskets.
- 8h30 d'escalade et une pause de vingt minutes à l'ombre en haut du deuxième bastion.

Une petite remarque pour finir. Pas une autre cordée ce jour dans cette face qui comporte des dizaines de voies dont certaines abordables et plus ou moins longues, toujours sur un rocher magnifique. Je suis venu trois fois ici et une fois seulement j'y ai vu une autre cordée. Cette face :
- est-elle passée de mode ?
- fait-elle peur ?
Comment est-ce possible ?

L1 : 6b. Eh bien on ne court pas

L1 : 6b. Eh bien on ne court pas

L2 : 6b+ ; aérien

L2 : 6b+ ; aérien

L9 : 7a ; ouch la cotation !

L9 : 7a ; ouch la cotation !

L11 : 5a ; bien plus facile que ne le laisse croire la photo

L11 : 5a ; bien plus facile que ne le laisse croire la photo

L16 : 6a ; beau !

L16 : 6a ; beau !

L18 : 6b ; dément !!!

L18 : 6b ; dément !!!

L18 : toujours 6b ; vu avec un autre arrière-plan. Rocher de fou !

L18 : toujours 6b ; vu avec un autre arrière-plan. Rocher de fou !

L19 : 6b+ ; un pas hyper fin sur les pieds

L19 : 6b+ ; un pas hyper fin sur les pieds

Le rappel du grand toit. Ames sensibles s'abstenir

Le rappel du grand toit. Ames sensibles s'abstenir

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Rédigé par lta38

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Publié le 12 Juin 2017

Chaque sommet peut faire naître des challenges ou plutôt, des idées différentes de s'y rendre. Le Grand Pic de Belledonne, je l'ai tous les jours en face des yeux. C'est un peu la Meije mille mètres plus bas pour les Grenoblois. Mais ne nous y trompons pas. L'accès y est tout aussi long avec, pour la voie normale côté Grenoble, deux-mille-cent mètres de dénivelé d'une seule traite. C'est sans doute pourquoi je n'y vais pas tous les jours. A ce jour, j'ai réalisé de beaux projets sur ce sommet :
- l'arête nord et la traversée des arêtes (1997 avec Cédric)
- l'arête du Doigt, jolie course sauvage versant Eau-d'Olle (2003 avec "Petit" Matthieu)
- la face est à skis (!) voie Mestrallet-Shahshahani (2004 avec Lio Allemand)
- une voie dans la face NW (Rébuffat en 2009 avec Thibault Florant)
- la voie normale en mode express avec un sac banane (2011 avec Oliv' Perroy)
- l'intégrale depuis la maison avec approche vélo (2014, seul)

Un de mes autres projets était de réaliser la traversée des arêtes dans l'autre sens en solo.
Ca s'est décidé au dernier moment la veille. La journée s'y prête bien et je n'ai pas eu le temps de m'organiser pour trouver une sortie avec un pote ce dimanche. Et avec cette chaleur, on ne sera pas si mal à près de 3000 mètres d'altitude.
11h15. Je pars de la Gorge (le Chenevray, 900 m) pour une montée intégrale qui commence par 1300 mètres jusqu'au lac Blanc. 
12h45. Ca c'est fait ! Un peu moins de 900 m/h de moyenne. Je préfère en garder sous le coude pour la suite. Parti avec 50 cl d'eau, je remplis mes deux bouteilles de 50 dans le torrent qui vient du col de Roche Noire après le lac, en même temps que je me pose pour manger.
13h00. C'est reparti vers le col de Freydane. Sous le verrou qui mène au glacier, la neige est omniprésente. C'est dingue comme Belledonne conserve la neige. En Haute Maurienne (vu la veille), là où il a le plus neigé de tout l'hiver en France, tout a fondu. Je piétine dans la neige jusqu'au col mais heureusement, un petit vent frais sur le glacier me permet d'être bien comme il faut.
13h40. J'ai mis quarante minutes pour faire les 450 m séparant le lac Blanc du col. Le fait de marcher dans la neige molle ralentit considérablement. S'ensuit une traversée, d'abord descendante puis horizontale et légèrement ascendante pour retrouver l'itinéraire classique de la Croix sans redescendre au Doménon. Il est presque 14h et il reste 250 m de dénivelé pour le sommet. C'est toujours aussi longuet et le final est un véritable four malgré l'altitude. Je tire la langue.
14h15. Sommet. Les choses intéressantes vont enfin pouvoir commencer après 2100 m d'ascension. Le "problème" de Belledonne, c'est l'approche ! Je discute avec deux randonneurs un peu dubitatifs sur mon projet. Et c'est parti.
14h30. Je commence la désescalade jusqu'à la brèche Duhamel puis remonte au pic Central.
14h50. Pic Central. Je croise une cordée avec qui je discute. Salut Flavien. Rapidement, je suis au premier ressaut (donc le dernier quand on fait la traversée classiquement dans l'autre sens) raide. Je tergiverse. Je suis à deux doigts de désescalader puis finalement, pose un rappel sur un bloc douteux (il n'y a pas grand chose). Finalement, je désescalade le pas (4c) avec contre-assurage sur la corde. Un peu plus bas, idem pour le pas en traversée en petit 4. S'il fallait remonter en solo, il n'y aurait aucun problème. Mais pas de doute, je vais aller au bout du projet. Arrive le passage surplombant. Aucun hésitation ici : je pose un rappel de douze mètres. C'est la longueur clé de la traversée. La dernière fois déjà, je l'avais trouvée plus ardue que le reste. Si le passage du haut vaut bien son 4c (et je pense qu'il le vaut), alors ici ce ne peut être que 5a. Il faudra que je corrige dans ce sens dans la réédition du Topo Belledonne Escalade. Une traversée plus loin et la remontée du grand couloir est une formalité. Si je devais revenir faire la traversée Grand Pic -> Croix, je ferais tout en désescalade et n'emporterais qu'un brin de corde de vingt mètres à simple !
15h45. Grand Pic. La traversée m'aura pris 1h15 sans courir. Je me pose un moment au sommet et déjà un futur projet : venir dormir ici !

Le matériel emporté. Le piolet n'a pas servi. Le coupe-vent non plus (dans la housse de compression rose). Et j'avais pris du salé à grignoter.

Le matériel emporté. Le piolet n'a pas servi. Le coupe-vent non plus (dans la housse de compression rose). Et j'avais pris du salé à grignoter.

Lac Blanc. Toujours aussi beau à cette période. Noter le déneigement précoce cette année. J'ose la comparaison avec 2013 ? Ben on en est au même point que le 20-25 juillet de cette année là côté déneigement avec, là où il y a de la neige, des quantités (au moins) deux fois moindres !

Lac Blanc. Toujours aussi beau à cette période. Noter le déneigement précoce cette année. J'ose la comparaison avec 2013 ? Ben on en est au même point que le 20-25 juillet de cette année là côté déneigement avec, là où il y a de la neige, des quantités (au moins) deux fois moindres !

Quelques captures d'écran du film pour les ambiances. Preuve que j'étais concentré, je n'ai pas pensé à un moment à faire une belle photo avec le bel appareil pour retranscrire cette ambiance. Il va falloir que j'y retourne.
Quelques captures d'écran du film pour les ambiances. Preuve que j'étais concentré, je n'ai pas pensé à un moment à faire une belle photo avec le bel appareil pour retranscrire cette ambiance. Il va falloir que j'y retourne.
Quelques captures d'écran du film pour les ambiances. Preuve que j'étais concentré, je n'ai pas pensé à un moment à faire une belle photo avec le bel appareil pour retranscrire cette ambiance. Il va falloir que j'y retourne.
Quelques captures d'écran du film pour les ambiances. Preuve que j'étais concentré, je n'ai pas pensé à un moment à faire une belle photo avec le bel appareil pour retranscrire cette ambiance. Il va falloir que j'y retourne.
Quelques captures d'écran du film pour les ambiances. Preuve que j'étais concentré, je n'ai pas pensé à un moment à faire une belle photo avec le bel appareil pour retranscrire cette ambiance. Il va falloir que j'y retourne.

Quelques captures d'écran du film pour les ambiances. Preuve que j'étais concentré, je n'ai pas pensé à un moment à faire une belle photo avec le bel appareil pour retranscrire cette ambiance. Il va falloir que j'y retourne.

Joie au sommet du GPB

Joie au sommet du GPB

J'adore ce principe de haute route sur les crêtes de Belledonne. J'avais déjà réalisé un grand tour du Doménon à la même époque il y a deux ans. J'en garde un immense souvenir. Parmi les plus belles, je me souviens aussi du tour complet du Vénétier. J'ai fait également de nombreuses autres arêtes dans le massif. Il en reste encore à faire. Ca tombe bien ; je ne comptais pas m'arrêter. J'espère pouvoir très vite poursuivre sur une autre skyline du même style. Celle-là, ça fait longtemps que je l'ai en carafe. Je sais aujourd'hui que j'ai désormais toutes les cartes en mains pour y aller sereinement. Elle surpasse tout ce que j'ai pu faire dans ce massif dans ce style là. Mais chut ! Je n'en dis pas plus. Peut-être cet été. A très vite !

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Rédigé par lta38

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