Tétras-lyre mode d'emploi
Publié le 22 Avril 2017
On me demande souvent des informations sur les conditions de prise de vues, notamment en animalier ; parfois, "on" pousse le bouchon un peu plus loin en essayant d'avoir des précisions sur les spots. Je l'ai déjà dit sur ce blog : c'est avec plaisir que j'échange autour de nos passions communes. Si je peux aider à ce que chacun s'émerveille, j'aurai en partie réussi mon partage. En revanche, sauf pour quelques espèces peu sensibles, c'est niet pour les coins. C'est un peu comme les coins à champignons. Les raisons sont multiples :
- Egoïsme. Quelle que soit l'activité, un de mes grands plaisirs est de me retrouver au calme loin des foules, comme beaucoup d'entre nous.
- Protection. Exposer au grand public des espèces sensibles au dérangement leur serait préjudiciable.
- Self made man. C'est quand même autrement plus gratifiant de réussir quelque chose par soi-même que si ça tombe tout cru.
Revenons donc sur la partie partage. Observer à proximité et photographier le tétras-lyre est un des sujets spectaculaires de nos Alpes les plus faciles à mettre en place. Pour cela, il faut suivre un cheminement cadré en cinq étapes. Ce procédé reste relativement peu contraignant pour qui voudrait se lancer dans l'aventure.
1- Se documenter sur l'espèce. Pour moi, c'était Eric Dragesco et ses travaux sur la faune des Alpes. De nos jours, les publications se sont multipliées. On en apprend sur la biologie de l'oiseau, ses moeurs, son biotope.
2- Se rendre un matin de nuit sur un lieu où on en a déjà entendu chanter au printemps (ce qui suppose donc d'avoir déjà parcouru le secteur ; à défaut, se rendre sur un coin supposé favorable au regard de ce qu'on aura appris en 1) et localiser à distance la place de chant. Surtout ne pas s'approcher. Observer aux jumelles si possible.
3- Retourner sur ce site en pleine journée (lorsque les coqs sont absents) et essayer de localiser la place : traces de piétinement si neige fraîche, crottes et surtout plumes témoins des bagarres entre coqs. Imaginer alors l'emplacement de l'affût, pas trop près dans un premier temps.
4- Monter un soir (au début, c'est mieux pour retrouver le spot ; quand on maîtrisera le coin, on pourra monter le matin de nuit) et installer son affût. Etre prêt à l'intérieur de l'affût avant l'arrivée des coqs. C'est impératif.
5- Quitter les lieux après le départ des coqs.
Ainsi, on profitera de ce magnifique spectacle sans impact sur la nature.
Après avoir entendu plusieurs coqs sur ce secteur lors d'une montée nocturne, j'y suis retourné un matin pour localiser la place à distance (donc) puis ai trouvé deux lieux de combats (plumes). Me voilà donc pour une première sortie ici. Je monte le soir pour être sûr de retrouver l'emplacement facilement (même si je l'avais géolocalisé) et installe la tente. Le coucher de soleil est splendide, suivi d'un concert de chouettes hulotte et de Tengmalm.
Intérieur de la tente. J'ai pris le gros duvet (-8°C confort) car la température est bien froide pour la saison (il fera -5°C dans la nuit). Le tapis de sol sera roulé puis gonflé dans le sac à dos pour remplacer le tabouret. Et avec le gros duvet, je fais l'impasse sur la veste... en duvet : je resterai assis dans le sac de couchage pour faire les images. Je ne suis donc pas tant chargé : tout le matériel rentre dans un sac de 40 litres. A la matinée (donc sans le sac de couchage, avec un demi-litre d'eau au lieu de un litre et juste quelques vivres), tout rentre dans un sac de 30 litres (la tente étant dehors en travers) !
Après m'être endormi vers 22h, je suis réveillé vers 1h. J'en profite pour faire quelques images nocturnes
Dans le début des chants, un coq vient se poser à cinq mètres de la tente. Il y restera une heure !!! 300 mm plein format sans recadrage ! Le convertisseur 1,4x restera dans son étui toute la matinée. Noter la gestion du bruit à 4000 ISO
Il recule de deux mètres, me permettant de faire une image verticale. La prochaine fois, je serai encore plus léger en ne prenant que le 70-200 !!
Première expérience réussie ici. La photothèque "tétras-lyre" commence à être bien remplie. On va maintenant essayer de varier les images. A suivre.