animaux

Voilà un oiseau que j'adore. Passereau faisant partie des turdidés qui regroupent notamment les merles et les grives, il ressemble à un petit merle mais avec des couleurs exceptionnelles : bleuté dessus, orange dessous (comme le martin-pêcheur mais rien à voir au niveau de la forme) et même du blanc sur le dos (pour le mâle car la femelle est beaucoup plus terne, afin de passer plus facilement inaperçue lors de la couvaison).

Le monticole de roche est une espèce assez rare. Il vit dans les secteurs rocailleux de montagne, plutôt abruptes et secs, dans le sud de l'Europe. Il atteint sa limite nord de répartition dans les Alpes. De plus, c'est une espèce migratrice. Facilement repérable grâce à son chant, il reste très farouche. J'ai déjà réalisé quelques images de cette espèce mais de loin. Cette fois-ci, après repérage, j'ai choisi de me poster à l'affût devant ce rocher sur lequel il venait régulièrement chanter. Bingo !

Sortie du soir avec Nico. On rejoint une clairière et on se pose. Pierre qui roule n'amasse pas mousse dit-on ! C'est en se posant et en observant qu'on fait les plus belles rencontres. Sans forcément parcourir des kilomètres. Cela commence par une femelle de coucou gris, très active à la cime de petits épicéas. Puis c'est au tour des lièvres, du chevreuil, du grimpereau, du pouillot véloce...

La soirée se termine par une harde de sangliers dont on aura le plaisir de croiser le regard de vraiment très près. Magnifique !

J'ai découvert ce secteur de Belledonne en 2015. Enfin, "découvert"... je le connaissais déjà. J'ai surtout découvert se richesse. J'ai appris à le connaître, à trouver et à parcourir les moindres sentes tracées par les animaux. Je m'y suis perdu. Je me suis retrouvé pendu dans des vernes à descendre au milieu de petites barres. En cas d'accident, on ne m'aurait probablement jamais retrouvé dans cette jungle. J'ai fini par le connaître presque par coeur. A être capable de m'y rendre sans consulter la carte de nuit par temps de brouillard. J'y ai fait des dizaines d'affûts. J'y ai dormi au milieu des cerfs qui me réveillaient en pleine nuit à l'automne. J'y ai pris la neige en septembre. J'ai fui sous un orage magistral. J'y ai laissé des caméras que je montais relever régulièrement, en marchant dans des pentes d'herbe déversées, les pieds complètement trempés. J'y ai observé le loup qui venait de prédateur un cerf. Durant une vingtaine de minutes en plein jour, il se tenait sur cette crête, sans doute repu du festin de la nuit. J'y ai passé des centaines d'heures...

J'y reviendrai sûrement à l'occasion mais il est temps pour moi de passer à d'autres choses, ou, en tous cas, de passer ailleurs. C'est avec un petit pincement à la gorge que je récupère ma dernière caméra encore présente sur le secteur. Un dernier affût sous le chant du merle à plastron et me voilà reparti au coucher du soleil. Je me retourne une dernière fois. Il me semble entendre les cerfs qui résonnent et apercevoir le loup couché sous ce gros pin cembro. Il est temps pour moi de tourner une page ici. Dans la pénombre, je fais mes derniers pas sur cette sente un peu scabreuse et retrouve un chemin digne de ce nom. Dans un calme absolu, je laisse mes pieds se poser l'un devant l'autre et recommencer l'opération jusqu'à retrouver la civilisation. "L'aventure" continue ailleurs.

La plus longue journée. Environ 23 km pour 1000 m de dénivelé. Des paysages variés et somptueux que certains auront reconnu. Du monde sur la section classique mais c'est bien normal un week-end de printemps avec une telle météo. On a toutefois bien souffert de la chaleur dans la seconde partie avec une descente de type fournaise. Le ruisseau était alors bienvenu pour faire chuter la température du corps. Même sans ruisseau, se poser à l'ombre (on trouve toujours un rocher) durant vingt à trente minutes (ça fait partie du programme quand on part pour plusieurs jours) afin de faire descendre la température du corps permet de récupérer et de repartir en souffrant moins de la chaleur alors que la température de l'air est restée la même.

Une sortie en plaine ; une autre en montagne. A la rencontre de la faune locale. En plaine, la migration bat son plein et on peut avoir de belles surprises. En montagne, les oiseaux s'affairent et les mammifères profitent de l'herbe fraîchement renouvelée.