Presque un an jour pour jour, me revoici une nouvelle fois avec Thomas sur cette ligne repérée à l'automne. Une nouvelle fois encore, l'idée reste de ne pas faire du trop dur mais d'essayer d'être formateur au terrain dit traditionnel. Il nous apparaît indispensable de faire cohabiter du terrain tout équipé et du terrain à protéger, surtout si le second l'est intelligemment, c'est-à-dire sans trop laisser de portions exposées. Une osmose pas facile à mettre en place sur le terrain mais une quête intéressante. Contrairement à "Amimoulin" qui laisse des sections engagées, "comité d'accueil" se révèlera plus accueillante pour les Camalots et autres sangles. Au final, à peine une trentaine de points seront posés à demeure sur neuf longueurs. Ainsi on a maintenant le choix dans le secteur entre "papier, caillou, ciseaux", "le grand méchant loup (Pellissier) et "Pulp friction" en voies équipées et "Amimoulin", "comité d'accueil", "les autochtones" (Pellissier) ou encore "le pianiste" (Jaillard) en voies à protéger (pour ne citer que celles-ci) sur tout ce panneau est/sud-est allant du Fort aux Grands Moulins.

Pour "Comité d'accueil", la ligne repérée m'avait fait un temps douter compte tenu de l'entonnoir qui la domine mais ayant réussi à écarter cette mauvaise idée de la tête, nous nous pointons au pied du premier mur prometteur. Alors que nous sommes en train de nous préparer, un grand bruit se propage. Ce que nous croyons être un avions se révèle être en réalité une chute de pierres magistrale. Plusieurs "météorites" s'abattent sur nous. Nous y échappons en nous plaquant au rocher. Avertissement sans frais. Après un quart d'heure à attendre une éventuelle suite, il nous faut trancher ; une fois sortis du premier mur, nous serons en première ligne si cela se reproduit. Le départ sera finalement plus à droite, proche du "grand méchant loup" et l'escalade la plus possible protégée sous des rampes et autres murs plus raides. Au final, ça reste de la montagne. Le risque de pierres demeure présent comme il peut l'être ailleurs y compris dans des itinéraires classiques mais sans doute acceptable ! Par ailleurs, nous en profitons pour interpeler les grimpeurs qui fréquentent régulièrement la traversée des Trois Dames : les voies du versant est étant un peu fréquentés et en devenir de l'être davantage, merci d'être vigilants !

Le difficulté de notre ligne sera du 5c max (avec un obligatoire à 5b), nécessite 4 sangles de 120 et un jeu de Camalots du 0,3 au 3. Le rocher est globalement très bon, sauf sur L7 et avec quelques incontournables passages de lichen de Belledonne (peu gênants ici). Topo à venir (il y a déjà pas mal à faire dans le secteur).

J'avais hâte de tester le nouveau matelas révolutionnaire de chez Nemo. Le matelas, c'est le lien entre le corps (dans son sac de couchage) et le sol. C'est une pièce maîtresse de la panoplie nocturne. Bien dormir est capital pour être en forme. Il faut donc essayer d'optimiser les critères principaux : confort, bruit et isolation, (pour la nuitée) puis légèreté et compacité (pour le portage).

Pour le portage, le test est vite réalisé. En ce qui concerne les matelas trois saisons de forme "momie", les grandes marques se tiennent en termes de poids (matelas nu sans le sac de rangement et sans le sac de gonflage qui tend à se généraliser pour éviter de mettre de l'humidité en soufflant dedans ; et aussi parce que c'est moins pénible) : Nemo avec le Tensor Trail (370 g), Thermarest avec le NeoAir XLite (380 g) et Sea to Summit UltralightAir (390 g), largement devant Simond et son MT500 Air (500 g). Question confort, ma préférence va aux deux premiers. Dur à dire pour l'isolation : ils me paraissent tous suffisants pour une utilisation estivale.Le nouveau Tensor Elite de Nemo affiche 240 g sur la balance et tient dans un (gros) verre d'eau une fois replié. Un poil plus bruyant que le classique (la matière qui fait ça) mais un peu moins que les isolés (les 4 saisons, les fameux "insulated" avec leur feuille d'aluminium à l'intérieur). Reste à voir la résistance à la longue. Forcément, il sera un peu moins solide que les classiques mais quelle évolution ! Dans une tente, sur un sol herbeux, je ne me fais aucun souci !

Pour allier l'utile à l'agréable, j'en ai profité pour faire deux affûts, un le soir, un le matin. Celui du soir a été très pauvre mais le matinal beaucoup plus sympa.

Ouvrir une voie, c'est bien. Surtout si elle présente de l'intérêt pour les répétiteurs. Et puis, ne le cachons pas, c'est aussi un plaisir personnel. Mais aujourd'hui, il y a presque plus important : valoriser ce qui existe et nettoyer. Si la valorisation pourra être jugée différemment de la part des répétiteurs, le nettoyage, lui, devrait faire unanimité.

Dans le topo Belldonne V2, je pensais avoir valorisé trois petites voies de quatre longueurs dans la face sud-ouest de l'aiguille Capdepon. Las ! Au final, zéro retour, zéro compte-rendu sur c2c... Certes, il y a bien dû avoir quelques passages mais bon... La "valorisation", c'était des photos, un topo et une invitation. A posteriori insuffisant. Nous y sommes donc retournés pour reparcourir ces voies avec François. Nous y avons trouvé des variantes, plus grimpantes que les passages originels "au plus facile", sans dépasser le niveau de la voie et rendant l'ensemble plus homogène. Nous avons ajouté une plaquette (plus rarement 2) aux relais et quelques rares points de passage (10 goujons sur 8 longueurs...) aux endroits clés. Nous vous laissons juger d'une potentielle valorisation.

Pour le nettoyage, nous avons retiré toutes les sangles (ou presque) avec maillons qui traînaient dans la face. Il semble en effet que beaucoup de gens se trompent dans les rappels du coup de Sabre (le deuxième rappel n'est visible qu'au dernier moment à un endroit peu intuitif lors de la descente...) et se décalent dans cette face, ce qui a occasionné un accident dramatique il y a quelques années. Il doit en rester encore quelques unes.

Nous confirmons tous les deux ce secteur comme une belle école de trad' sans trop d'engagement. Le matériel nécessaire demeure le même que celui préconisé dans le topo.

Avec la parution de la nouvelle version de mon topo Belledonne Escalade, ces voies risquent de devenir un peu plus fréquentées. Cécile ne les connaissant pas, cette sortie me permettra des les partager avec elle tout en vérifiant l'état de l'équipement.
- Amimoulin (5c+ max, 5c obligatoire). Rajout d'une cordelette au rappel. J'ai oublié de couper le trop plein de sangle (ça fait pas très propre). Merci à la prochaine cordée qui passera et qui pourra le faire. RAS sinon, si ce n'est que je confirme l'équipement engagé, parfois un poil expo. Le crux (5c+ ou 5c++) après le premier point de L4 est complètement obligatoire finalement (mais pour le coup, pas expo).
- Papier, caillou, ciseaux (5a max, 4b obligatoire). RAS. Deux cordées (au moins) ce jour dans la voie. Nous sommes passés à corde tendue entre les deux. A noter quand même que le pas de L6 (5a, peut-être 5b) est nettement au-dessus du reste. A voir s'il n'y aurait pas un intérêt à équiper une variante plus facile à droite pour laisser le choix.

Sortie du soir avec Nico. On rejoint une clairière et on se pose. Pierre qui roule n'amasse pas mousse dit-on ! C'est en se posant et en observant qu'on fait les plus belles rencontres. Sans forcément parcourir des kilomètres. Cela commence par une femelle de coucou gris, très active à la cime de petits épicéas. Puis c'est au tour des lièvres, du chevreuil, du grimpereau, du pouillot véloce...

La soirée se termine par une harde de sangliers dont on aura le plaisir de croiser le regard de vraiment très près. Magnifique !