escalade-alpi

Second jour du bivouac en Belledonne. Encore une très belle journée mais la chaleur est montée de deux crans. Vent du sud ce matin ; il fait déjà 15°C à 1700m d'altitude à 7h.Après avoir pris le temps du petit dej et du pliage de tentes, les papas sont quittes pour un A-R jusqu'à la voiture déposer le matos puis tout le monde se retrouve pour un tour du plateau de l'Arselle.

Tour qui passe par le petit site d'escalade de l'Arselle, pas si facile à trouver car perdu dans la forêt (merci à Philippe Halot pour le guidage). A peine arrivées sur place, les filles, perplexes, se demandent comment elles vont faire pour gagner le sommet de cette immense falaise de gneiss.

Le site de l'Arselle présente quelques lignes d'inititation d'une quinzaine de mètres de haute dans le 3 et le 4.

Damien viendra cloturer cette petite séance de grimpe avant de boucler le tour complet du plateau dans cette magnifique forêt typique de Belledonne.

18h45. Nous sommes au pied de la paroi de Babylone annoncée comme correctement équipée mais parfois engagé. La première longueur, "sévérité des glaces" en 6b+ a l'air accueillante du point de vue de l'équipement. Une dégaine abandonnée et un point paraissant un peu loin me mettent le doute en cours d'ascension mais finalement, ça passe bien et c'est très beau. La longueur en 5b qui suit (bien aller jusqu'au pied du mur sommital pour faire relais) n'est pas terrible mais un passage obligé pour aller chercher les deux très belles longueurs sommitales de "Chauve qui peut".

Et quelles longueurs ! D'abord un 6a(+) avec une adhérence maximale, tout en placements sur des gouttes d'eau ocre. Un régal ! Puis un magnifique 6c qui part en oblique à gauche. Deux options, à gauche toute dans la dalle (deux pas très délicats) ou en restant bien à droite et en utilisant le petit pilier. Bien soutenu également ; les deux passages se valent.

Une petite vidéo réalisée par Candice depuis R4 dans la dernière partie de ce beau 6c dont un plus grand nombre de passages gagnerait à rendre un peu moins sales les prises de pied dans le crux en dalle.

Deux rappels plus loin dans l'axe de R4 (40 puis 50 m) dont une attaque de guêpes (nid) et une piqûre pour votre serviteur dans cette descente un peu végétative (attention à ne pas coincer les cordes) et nous sommes de retour à la base de la paroi. Il est 21h lorsque tout le matériel est plié et il reste une heure de visibilité avant de passer en mode LED. Direction la paroi centrale où il y a moyen de faire deux belles longueurs. Les premières sont patinées mais les suivantes impeccables. Nous ferons la voie "Bof" (6b), loin d'être bof avec de bien beaux mouvements puis la seconde longueur (6b également très intéressant) de la "classique". En deux rappels (la face fait 60 m de haut) avec un éclairage très limite, on est de retour aux sacs. Cette fois, c'est l'heure.

Ce dernier jour du printemps civil nous gratifie d'une superbe météo avec une lumière limpide. Après le boulot, ce sera donc une soirée famille avec les voisins dont les enfants ont l'âge de Stella. Direction le petit site d'escalade des Brieux, derrière le stade de St-Egrève, où nous ferons grimper les petits et les grands.

Situé sous les flancs du Néron, premier contrefort de la Chartreuse situé à l'ouest de l'agglomération grenobloise, le site des Brieux est remarquable à tous ponts de vue : accès on ne peut plus rapide, pied des voies plat, spacieux et ombragé, équipement hyper béton, quantité de voies faciles sur le premièr (le plus grand) secteur (du 3 au 6a+).

D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls : deux papas et leurs fils sont déjà là pour les mêmes raisons. La hauteur de la falaise dépasse de peu les 20 mètres ce qui fait qu'avec une corde de 50 m, on passe partout. Pour les petits, on n'est pas obligé d'aller mettre la moulinette au sommet puisque les ancrages sont des rings dans lesquels on peut passer directement la corde. Casque (de vélo), harnais Bambino et Niels est prêt pour une grande première !

Cette soirée sera aussi l'occasion pour Valérie (pas "ma" Val mais la voisine) de grimper pour la première fois, tandis que "ma" Val et Thierry (qui avait déjà grimpé il y a fort longtemps) feront quelques longueurs dont la combinaison "Pikatsiette-Mistrouille", probablement un des plus beaux 5b de la planète : une escalade sur un calcaire très redressé, abondamment garni de trous. Pour les plus petits, les noms des voies sont également très imagés : "bouse de meuh", "crottin de chèvre", "spider cochon"... Et pour ma part, l'occasion de réviser la grimpe en tête en solo auto-assuré. En résumé, encore un secteur parfait pour grimper en famille. Un grand merci aux équipeurs (Philippe Brass, Sylvain Maurin, Claude Vigier...).

8h30. Nous sommes à l'attaque des rappels d'accès de "caresse de rouge", voie TD+ annoncée comme la plus belle des rochers de l'Homme à Chamrousse. Après des doutes concernant la météo et le risque de résurgences dans la voie, la journée s'annonce sous de bons hospices : le brouillard semble se dissiper peu à peu et le rocher a l'air sec. Il vaut mieux car cette voie de 12 longueurs centrées sur le 6a/b ne comporte pas d'échappatoire une fois tiré le premier des six rappels plein gaz de la face sud-est de la bite de l'Homme, ainsi nommée par l'équipeur des lieux JMC himself.

Une fois passées les deux premières longueurs très communes (6a et 5c, parfait pour s'échauffer), le rocher, le style d'escalade et l'ambiance deviennent extraordinaires !

A mi-hauteur de la voie, on trouve le fameux rocher rouge (couleur due aux lichens) qui a donné son nom à la voie. Et toujours des longueurs magnifiques. Malheureusement, c'est à cet instant que Candice va faire une mauvaise manip. Tout se passe vite et hop, un de ses chaussons rejoint la base de la paroi via la loi mise en évidence par Newton il y a déjà quelques temps ! Et comme les baskets sont restées en haut, il va falloir qu'elle grimpe avec un pied nu dans des longueurs en 6b/6b+ avec un rocher très abrasif.

Si dans les passages en dalle ça le fait à peu près (ci-dessus à droite dans un 6a+ au rocher lisse), dans le plus raide bien "gratonneux" (ci-dessus à gauche dans un mur annoncé 6c mais qui vaut plutôt 6b+), c'est beaucoup moins plaisant.

Mais tant bien que mal, ça déroule et on termine la voie avec une dernière surprise, le crux en 6a+ de l'ultime longueur complètement trempé mais fort heureusement, il y a moyen de ruser un peu et de tirer à quelques points. Je confirme l'avis d'autres grimpeurs ayant parcouru cette voie : c'est la plus belle des 23 lignes que j'ai faites ici.

Le niveau obligatoire doit être 6a+ et par longueur, cela donne : 6a ; 5b ; 6a+ ; 6b ; 6b ; 6a+ ; 6b+ ; 6b+/A0 ; 6b+ ; 5b ; 6b+ ; 6a+

A noter que le chausson en question (Miura vs taille 37)... se situe très probablement dans le ravin encaissé dominant le R0 des "rivières pourpres" sur le topo de Cambon, probablement un peu en amont de R0. Si des fois quelqu'un le trouvait...

 
L'objectif initial était plus "montagne" avec un peu d'approche et un final sur les crêtes du Vercors mais devant les gros nuages qui encombrent le coin, plutôt que de grimper entièrement à l'ombre voire dans le brouillard, on choisit pour cet after taf le pilier nord de la dent Gérard aux Trois Pucelles, restées sous le soleil en cette soirée de juin un peu fraîche. Le départ se fait par deux longueurs du couloir Grange dont une belle cheminée un peu patinée.

Puis viennent les principales difficultés, concentrées sur 100 m et sur 4 courtes longueurs plein gaz sur le pilier proprement dit. Le rocher des Trois Pucelles ne m'a jamais enchanté : peu adhérant, un peu "glissant" et ça se vérifie encore aujourd'hui. Il faut venir ici pour l'ambiance extraordinaire des lieux, plus que pour l'escalade. La plus belle longueur reste la deuxième du pilier, un très beau 6b+ bien équipé.

Une fois sur le fil du pilier, on se retrouve plein nord et surtout plein vent. L'ambiance est au rendez-vous, les températures presque hivernales !

Candice toise Grenoble, sous les derniers feux avant que le soleil ne passe derrière le Vercors ; c'est ici la longueur en 6c et A0 avec deux points d'aide.

Une belle longueur bien équipée mais attention à la sortie : il ne faut pas aller tout droit au-dessus du dernier spit à la sortie des difficultés bien que celui-ci semble l'indiquer. Le relais est à droite au bout d'une rampe ascendante.

On est alors sorti du difficile sur le papier mais il ne faut pas s'enflammer. Après une longueur en 4 peu soutenue, vient un passage en 6a où il faut un peu engager entre les points. Pour cette longueur, comme d'ailleurs pour la sortie du 6c, un petit jeu de coinceurs sera le bienvenu. Ne pas oublier également quelques sangles.

Summit. La lumière décline et il reste encore la traversée des arêtes, facile et que je connais par coeur mais avec pas mal de manip.

En résumé, beaucoup d'ambiance dans cette escalade atypique qui réserve des vues splendides mais rien de bien transcendant concernant la gestuelle pure de l'escalade.