Par monts et par mots

A peine rentré du ski qu'il me faut finir les préparatifs amorcés la veille pour un départ en montagne en famille. Et c'est parti en direction d'une bosse du Vercors où il est prévu de bivouaquer avec Emie, Stella et Val.

Au sommet, la vue est superbe sur le val d'Autrans et sur Belledonne. Mais il y a un peu de vent de sud. Rien de méchant mais au bout d'un moment, ce sera désagréable pour le confort et la communication.

Emma, Cat et Nico nous rejoignent et on tombe d'accord pour chercher une clairière abritée en sacrifiant la vue.

Le vent devient imperceptible. C'est parfait. Les clairières sont assez envahies par les gentianes et les vérâtres mais on trouve une place dégagée pour monter les tentes. Le coin, à l'écart du sentier, est confidentiel.

Stella et les mamans s'occupent de faire le stock de bois pendant que les papas montent les tentes. Les deux plus jeunes jouent parmi les gentianes où on pourrait presque les perdre !

Maïwenn et Mathieu ainsi que Léonie, Gaëlle et Florian nous rejoignent un peu plus tard. Le camp est au complet.

L'endroit est vraiment bucolique et très sauvage.

Après le repas, toute l'équipe se met en rouge pour rejoindre la bosse voisine afin d'admirer le coucher du soleil car d'ici, on est gêné par les arbres.

Il suffit de quelques minutes pour rejoindre l'endroit parfait où le vent est encore présent.

Sept adultes et cinq enfants. Une belle équipe pour un beau bivouac !

Un dernier coup d'oeil au nord-ouest et on regagne le camp pour la veillée. Une soirée 5 étoiles.

Depuis que je skie avec 99 mm au patin, je suis de moins en moins à l'aise, et du coup, motivé, pour sortir les skis légers. Pourtant, avec 2100 g fixation comprise, ce matériel permet de rendre le portage très agréable : on est plus léger qu'avec le matos d'escalade. Belledonne est encore bien blanche. Alors que dans la plupart des hauts massifs (Ecrins, Vanoise et encore plus dans le sud), on skie péniblement à 2200 m, ici, on a encore quelques beaux névés qui descendent nettement plus bas, limitant le portage. Le week-end est chargé, la nuit a été courte (couché minuit, levé 4h30 !) alors une raison de plus pour ne pas aller loin. Avec Laurent, on quitte le Pleynet vers 6h sans destination précise. On sait qu'il n'y a que 400 m de portage sous la dent du Pra. Le parcours s'improvisera au cours de la matinée.

Ni l'un ni l'autre n'ayant skié la nord de la Jasse, on commence par celle-ci avec une montée délicate en peaux dans du gros 40° en névé glissant.

Laurent en fait les frais et fini à pied par l'arête rocheuse. On descend par le couloir le plus soutenu situé juste à l'est.

On profite de la neige en poussant jusqu'au replat puis on repeaute dans les traces pour monter un troisième couloir parallèle encore plus à l'est : celui menant au col du Pra. De là, on suivra l'arête rocheuse (superbe course d'alpi facile en très bon caillou) jusqu'au sommet de la dent du Pra.

Belle vue sur la partie sud du massif encore bien blanche.

La descente en sud est ludique. Neige encore meilleure qu'en nord et des petits doutes. On a l'impression qu'on va buter sur un passage déneigé et à chaque fois il y a une langue de neige qui passe.

Du beau ski face au grand pic.

On skie jusqu'au replat mais on pourrait sans doute descendre encore plus bas vers l'Aigleton.

Troisième montée en direction du col du Vouteret puis encore sur l'arête jusqu'au signal homonyme, à peine moins haut que la proche Belle Etoile.

Et troisième descente par le couloir nord un peu délicat mais en bonnes conditions. C'est nettement plus raide que le reste (4.3).

On descend jusqu'à 2200 m puis on remonte une courte dernière fois jusqu'à l'arête de l'Evêque afin de finir côté combe du Pra où la neige est la plus basse. Déchaussage final à 1850 m près des alpages verdoyants. Y'a encore de quoi faire dans cette partie de Belledonne. Les 7 et 8 juillet 2010, j'avais fait un bel enchaînement dans le secteur avec une limite skiée similaire. Actuellement, celle-ci est équivalente mais la quantité de neige présente est supérieure. Ca devrait pouvoir tenir encore un moment et l'enchaînement en question devrait pouvoir être réalisable dans les mêmes conditions que ce que j'avais eu il y a deux ans pendant encore une dizaine de jours.

Un aperçu de l'enneigement du secteur, à comparer avec celui du 8 juillet 2010.

Nous revoilà sur ce sommet mythique qui domine la maison pour une grande voie du soir. Montée express avec Thibaut, tellement vite qu'on n'a même pas reconnu Boris qui descendait ! Direction la face sud-ouest de la Dent et "les cénobites tranquilles", voie TD+ que je n'ai pas encore faite. Sur les images, ça a de la gueule. Mais au final, je suis mitigé sur cette voie. certes, le rocher est beau mais l'équipement ne permet pas d'éviter les mauvaises chutes et il y a finalement peu de grimpe sous le sangle mise à part la longueur en 6c+, très commerciale par ailleurs : un bon 7a je pense.

Peu d'ambiance sauf dans cette longueur et son relais cul dans le vide alors que deux mètres plus haut il y a une terrasse.

On sort sur le sangle de la Barrère dans les mêmes horaires qu'une cordée loin d'être lente dans "poussez pas derrière". C'est dire si on n'a pas traîné. C'est dire aussi que ce n'est pas parce qu'on est bon : c'est que la voie est peu soutenue.

Fourvoyage au-dessus du sangle. On laisse toimber la fin de la voie très décalée de la suite (donc pas plus logique que n'importe quelle autre sortie) et en partie à lombre pour deux longueurs en 6b au soleil. Planté. Je fais nettement plus dur et j'arrive tacos à un relais. Thibaut bute sur un pas de bloc abo dans la suivante. Il semble qu'on ait fait un truc trop à gauche coté 7a/7b. Ce n'est pas grave : on sort par une rampe facile en 5 dans une lumière splendide.

Puis on rejoint la croix en courant pour voire un wingsuiter prêt à sauter.

Sautera ? sautera pas ? avec ce vent, j'ai peur pour lui mais suis impatient de le voir décoller. Il hésite puis abandonne. Sage décision. Il reviendra sans doute demain.

Coup d'oeil dans le rétro sur la cordée de "poussez pas..." qui rejoint le pas de l'Oeille par l'arête.

Dernières lueurs du soir : après être passé derrière des voiles, le soleil réapparaît pour nous offrir un beau cadeau de fin de journée.

Eclaircie de fin de journée et les filles demandent de sortir. On opte pour une destination proche et paisible : le vallon du Manival au-dessus de St-Ismier. Balade sans but particulier, juste le plaisir d'être dehors, de se dégourdir les jambes et de sentir le printemps. Après avoir suivi une piste, Stella découvre une petite sente qu'elle souhaite emprunter. Cet itinéraire sans prétention plaira beaucoup aux filles.

Emie commence à bien marcher et réclame aussi qu'on la laisse évoluer sans lui tenir la main. Parfait.

L'humidité des jours précédents et du matin nous laisse encore de beaux décors.

Et les fleurs attirent l'attention des petits et des grands. Même à côté de la maison, il y a toujours de quoi découvrir l'espace et quelques minutes.

Le Grand Replomb hier soir avec un bout d'arc-en-ciel. La neige a bien fondu depuis les images d'avril !

Le même ce soir avec un saupoudrage à 2000 m. Les névés reprennent vite un blanc limpide.