Par monts et par mots

(ou, "un tour de la Pra")

17h30 ! Freydières (pré Raymond très exactement), le sac est prêt : une paire de Dynastar PDG montés en Plum race, les TLT5, un litre d'eau, trois barres de céréales, une polaire coupe-vent, un bonnet, une paire de gants light et j'attaque avec moins de 6kg sur le dos. Il fait bien frais ; pour moi c'est le bonheur.

Coup d'oeil à la face nord du Grand Colon : c'est par là que je compte descendre afin d'optimiser le ratio ski/marche.

Première étape : le lac du Crozet. Cinquante minutes de marche en baskets à une allure modérée histoire de se chauffer.

Je chausse les skis au col de la Pra où l'enneigement est continu. L'idée est de commencer par la Grande Lance de Domène puis au retour, de remonter au Colon par le nord-est.

La cascade sous les Doménon est impressionante. La tranche de neige à droite sur la photo fait trois mètres de haut.

Le torrent façonne de jolis décors et malgré l'ambiance hivernale (fort vent depuis le départ et ciel couvert), le paysage est superbe.

Arrivé au replat des Doménons, la GLD est dans le brouillard. Aussi, je change de plan et opte pour une traversée de la Grande Lauzière. J'attaque bille en tête au-dessus du premier lac en traversée pour ne pas perdre de temps. la pente est rapidement bien raide juste au-dessus du lac au seul endroit où un semblant de dégel s'amorce. Une zipette et c'est la noyade. Rapidement, je rejoins les rochers et monte à pied jusqu'à retrouver une pente de neige plus avenante. Je la suis en traversée ascendante à droite. On finit par dominer des barres. La pente se raidit. Faut être précis en montée et ne pas zipper. La tension monte d'un petit cran. Bien sûr, je n'ai ni couteaux (je n'en ai pas tout court, je déteste ces engins) ni crampons mais j'assure chaque pas et ne me sens pas en danger. Toutefois, la pente se redresse et la neige se durcit ; aussi, je gagne une zone de rochers déneigés et passe en mode piéton. Tout devient "rando" même dans la traversée de névés où, en tapant le pied, les pas marquent.

L'éclaircie me cueille sur l'arête ouest de la Lauzière. Splendide !!!

Quelle lumière sur les crêtes. C'est vraiment le bonheur d'être là, seul, à cette heure-ci.

La vue se dégage sur l'Oisans. L'Infernet est encore bien blanc.

Bon, la route est encore longue et il est bientôt 20h00. Je m'apprête à descendre en face sud-ouest.

Neige excellente, bien lisse. Une vraie piste de ski. L'affaire est pliée en cinq minutes. J'atteins la plaine de la Pra que je traverse en skating.

La plaine est incroyablement bien enneigée pour une fin juin. Normalement, on y marche au sec au début du mois. Je ne m'attarde pas et poursuis vers le lac Merlat.

Situé au pied du Colon à 2000 m d'altitude, il dégèle à peine. On garde les skis sans souci pour en faire le tour.

J'adore ce moment où les lacs dégèlent. On n'en profite jamais assez.

En arrière-plan, la Lauzière d'où je viens.

Mises à part cinq minutes de traversée dans un éboulis, la remontée au Grand Colon par le versant sud-est se fait en peaux. A peu de choses près, on a le même enneigement que lors de cette sortie mais avec des quantités bien supérieures. Pas de chance au sommet du Colon : le brouillard ramène sa fraise et me laisse quelques doutes quant à l'entrée de la face nord que je n'ai pas pratiquée depuis quelques temps. Heureusement, avec la carte, le doute est vite levé car il n'y a pas trente-six options.

Je me laisse donc glisser dans le petit couloir sommital et reconnait la dent rive gauche. La pente me paraît toujours aussi peu raide pour un 4.1. C'est à mon avis comme le couloir Pinelli au Taillefer ou la Virgule à l'Aup du Seuil mais sans technicité dû à l'étroiture vu qu'à part les dix mètres le long de la dent, la pente est large. La descente, comme la précédente, est pliée en cinq minutes jusqu'au dernier dépôt neigeux à 1850 m. Il me faudra davantage de temps pour descendre à pied les 150 m d'éboulis qui permettent de rejoindre le sentier. Comme quoi, le ski reste quand même l'engin roi en montagne enneigée même en partie et le ratio ski/marche acceptable que je considérais jusqu'à aujourd'hui à 60/40 pourrait bien être revu avec du matériel léger. Car au final, le temps perdu à la montée est très limité, mais quel gain à la descente ! Sans parler du plaisir et de la sécurité sur la neige. Enfin, pour ce jour, la question ne se posait même pas : exactement 72% de ski pour 28% de marche à la descente. On va pouvoir continuer à sortir les skis de temps en temps sur Belledonne durant un bon moment. Que du bonheur cette sortie du soir !

D'une cigale en direct dans la cour de l'école. Heureusement, j'ai (presque) toujours sur moi le s100 et son excellent mode "macro" à 3 cm.

Lendemain de bivouac, avant l'arrivée du brouillard donc. La chevêchette (sans doute) de la veille est fidèle au chant matinal.

Un peu plus loin c'est un éterlou qui est sorti sur le plateau à la recherche de l'herbe fraîche.

Plus haut, à la limite de la neige, les crocus règnent en maître.

Alors qu'à l'étage inférieur, ce sont les orchidées qui occupent la prairie.

Enfin un week-end convenable pour aller dormir en montagne en famille. Pourtant, au jour J, la météo est moins belle qu'annoncée et des nuages accrochent les reliefs. Après moult hésitations, on tente quand même notre chance.

Deuxième occasion de l'année pour tester le Lowe Alpine Makalu 65-85. De quoi faire le sherpa.

Le printemps fait peu à peu son entrée ici dans le massif du Taillefer.

Les prairies sont tapissées d'orchidées et de gentianes.

Une magnifique clairière nous accueillera pour la nuit.

Tout près, les crêtes de la Romanche permettent une vue dégagée sur Belledonne. Le ciel aussi lui se dégage avec la soirée.

Des crêtes qui permettront de faire une agréable balade crépusculaire et de voir un chamois. La soir venu, nous entendrons la chevêchette, la bécasse des bois, le sanglier venu fouiller près de la tente. Le lendemain, ce sera un beau renard qui nous fera un cadeau, se laissant observer à une quinzaine de mètres durant une minute. Malheureusement, le téléobjectif n'était pas monté sur l'appareil photo. En revanche, la météo du lendemain ne sera bonne qu'avant 9h, le brouillard venant ensuite prendre place, nous privant d'une jolie randonnée.

Malgré une météo douteuse, la pluie annoncée dans la journée n'étant finalement que peu présente, on tente avec Manu d'aller faire quelques longueurs à St-Pancrasse. Un peu décidé au dernier moment, la séance s'improvise sur le tas. 
On commence avec "on or in", la classique du coin. L'idée était de s'échauffer dans un 6a+. Nous n'avions pas pensé que d'abord, les cotations sont un peu sèches dans le coin et que le succès de cette ligne l'avait rendue patinée. Un bon 6b en somme et en plus dans un style qui n'est pas celui dans lequel on n'est le plus à l'aise. On sort bien échauffés !

On poursuit dans "veuve noire", un 6c qui a une belle gueule vu du bas sauf que ni l'un ni l'autre ne sommes capables de faire le pas de départ. 6c ??? On n'a pas compris. Ce ne serait pas plutôt 7b bloc ? En tirant sur les deux premiers points (fort rapprochés), la suite vaut quand même le déplacement avec une belle fissure en 6b.

Bien chauds, on se décide d'aller voir le secteur tétard-park. L'approche conseillée dans Ze Topo est déconseillée si comme nous on est en tatanes/crocks !!! Va encore pour le passage de la vire câblée où on est assuré mais ensuite, la sente terreuse en balcon est très glissante par temps humide et traverse une végétation luxuriante et fort piquante (mieux vaut venir par dessus et la main courante à l'est ou prendre à sécateur). On arrive un peu taquet sur le spot où une équipe d'une dizaine de jeunes grimpeurs s'affaire dans les longueurs en 7/8/9.

De notre côté, on fait le 6c ready to fly qui présente un pas morpho à mi-hauteur. Ca passe pas (en 6c en tous cas) pour les petits (<165), c'est limite-limite pour moi (174) et presque "facile" si on fait plus de 180 cm.

Manu va ensuite se bagarrer dans "sauvé par le gang" (7a+, sortie à droite) dans lequel je fais n'importe quoi et me fais mal à l'épaule. Je décide de m'en tenir là avant de m'arracher tous les ligaments. Manu fera un deuxième essai dedans avant la nuit. En tous cas, c'est le plus beau spot de St-Pan, dommage que le ticket d'entrée soit si élevé (6cx4, un 7a/7a+/7b, le reste au moins égal à 7b+).

Retour dans une quasi obscurité sans lampe, toujours en crocks/tatanes par l'autre accès. C'est un peu plus commode mais on n'est vite à plat ventre sur les portions terreuses glissantes.