Par monts et par mots

Il est déjà 10h et le soleil tape fort. Je m'apprête à rentrer à la maison quand j'aperçois un renard en pleine lumière dans une prairie. Il semble bien décidé à chasser les souris et n'a pas beaucoup de vigilance. J'approche sans trop de difficulté sur un chemin un peu masqué par des haies puis arrive en bordure du champ. Il n'y a plus rien à espérer ici. A moins d'un immense détour dans la forêt sans pouvoir l'observer et en risquant de le faire fuir, je ne peux pas progresser davantage en ce terrain trop découvert. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il s'approche un peu. 

Après avoir été harcelé par les corneilles, il s'énerve et finit par quitter les lieux et regagner la forêt. J'ai l'intuition qu'il va revenir car il a déjà échoué à plusieurs reprises dans ces captures de proies. Et effectivement, dix minutes après, il réapparaît un peu plus près sur une autre partie du champ. Il continuera à chasser de manière infructueuse mais ne s'approchera pas davantage, gardant en permanence la proximité de la lisière du bois.

Tant pis, cela reste un moment très sympa de pouvoir l'observer un long moment à moyenne distance, d'autant que je suis de plus en plus attaché aux images montrant les animaux dans leur biotope même si ici, avec cette lumière, c'eut été quand même top qu'il se rapproche un peu (beaucoup ?). 10h45. Goupil regagne le couvert. J'ai le sentiment qu'il n'en ressortira pas. Je quitte les lieux calmement en regardant encore une bonne dizaine de minutes le champ dans le rétro au cas où.

Ca y est, c'est officiellement parti pour la quatrième saison de l'année. Comme pour le printemps, le début de l'automne civil coïncide à peu près avec le début de la représentation que l'on s'en fait sur le terrain : jaunissement des feuilles, champignons, chataignes, brouillards de fond de vallée..., alors que l'été et l'hiver civil arrivent bien après le début de hostilités (chaleur et longueur des jours pour le premier, neige, gelées et nuit précoce pour le second).

Cela tient au fait que les saisons dites des transition sont plus courtes en terme d'observation de la nature. Pour le naturaliste qu'il soit passionné ou simplement "touriste" du week-end sans connotation négative, l'automne dure un mois et demi : de fin septembre à mi-novembre et le printemps deux mois (de fin mars à fin mai). Il faut donc en profiter. Ce matin, je fais un petit tour en Vercors pour m'imprégner de cette ambiance d'une belle journée d'automne, d'autant que la semaine qui arrive s'annonce bien maussade. Histoire de voir aussi si le brame du cerf est lancé.

Côté cerf, c'est bien timide. Alors qu'ici, l'activité commence plus tôt qu'ailleurs, les raires sont timides et se limitent à la nuit seule. Tant pis, je profiterai de ce brouillard de fond de vallée qui vient lécher les prairies et les haies, après avoir déposé son lot de goutellettes durant la nuit.

Faut en profiter, ils sont toujours de sortie. Ce cèpe (ramassé quelques secondes avant mais reposé dans la mousse pour la photo) fait partie des trois kilos ramassés aujourd'hui.

Aujourd'hui, toute la famille va dans la forêt, toujours en Belledonne, toujours sur le même petit coin de proximité (une minute de marche et on peut trouver les premiers). Immédiatement après la pluie pour espérer être les premiers.

Quelques cèpes de spins mais surtout des edulis. Pas si faciles à voir. Des petits et des moyens. Souvent en bordure de chemin. Qui croit voir des gros et va trop vite les laissera pour notre plus grand plaisir parce que derrière moi, faut pas espérer trouver grand chose !

Ce soir, ils vont de nouveau être dans l'assiette et les invités vont en profiter.

Stella maîtrise et a l'oeil. Emie commence a bien les apprivoiser. "Le rouge avec les points blancs faut pas le manger sinon on est malade" qu'elle dit !

Ce qui n'empêche pas de le regarder.

La poussée de cèpes s'intensifie. On reste dans les exemplaires petis/moyens parfaitement sains mais même dans les endroits de proximité et donc à forte pression de ramassage (l'info est définitivement passée notamment à cause de gens comme moi et il y a beaucoup de monde dans les bois), on arrive à se faire de jolies cueillettes.

Cet après-midi donc, avec les filles, nous y sommes retournés. Bilan : une petite quarantaine de bolets, essentiellement des cèpes de Bordeaux (Boletus edulis) au chapeau brun et au pied blanc marqué d'un fin réseau brun.

Mais aussi quelques jolis et charnus cèpes des pins (Boletus pinophilus), bolet au chapeau couleur acajou et au pied orné d'un réseau un peu jaunâtre.

Les champignons fascinent les petits qui les trouvent très bien, même si elles n'ont pas l'oeil "reflexe" d'un adulte habitué à la cueillette. Mais à chaque fois, même quand je les vois en premier, je leur laisse la chance de les découvrir. Chacune ramasse sa trouvaille puis on partage les rôles : Stella se plaît à râcler la terre avec l'Opinel et Emie à les déposer dans le panier. Et c'est le Papa qui porte le panier.

J'avais bien aimé la partie centrale des Jardins suspendus à St-Egrève, plus intéressante que la partie droite. Candice ne connaissant pas le site, c'est avec plaisir qu'elle accepte ma proposition de grimpe du soir sur ce secteur ainsi qu'au secteur de gauche où se trouvent de somptueuses voies plus difficiles. Nous avons fait :
- Les Partent partent : 6a+ quelconque
- Don Patillo : 6b continu très beau
- Don du biscuité : 6c un pas finaud au début puis une section déversante pour finir
- L'effet salaire : 7a+ deux crux aussi durs l'un que l'autre et une section finale en 6b à ne pas sous-estimer : on est daubé (en ce qui me concerne) et y'a peu de pieds. 
- Guêpe ride : 6c avec une section difficile assez courte. Fin de nuit à la frontale, en moul' et à la frontale du coup pour le second. Encore cinq longueurs aujourd'hui en attaquant à 17h30. On devrait pouvoir, si la météo le veut aussi, grimper encore dehors after taf deux semaines encore avant de passer par Espace Vertical.

Pour finir, un gros plan sur un panneau vu au départ de la marche d'approche qui montre combien les instances de l'escalade ne veulent/peuvent pas essayer de faire le poids face aux forces (politiques) des chasseurs. On parle de partage mais c'est tout sauf un partage. Personnellement, ce genre de panneau aurait tendance à justement me donner envie d'y aller. Non pas exprès pour emm... mais en espérant tomber sur un chasseur censé (et il y en a) et expliquer que de nos jours, il va falloir partager nos espaces de nature avec tout le monde et devenir de plus en plus méfiant quand on a un fusil à la main.