Orientation
Publié le 22 Février 2015
En voici un beau parcours d'orientation. Prenez un sentier plutôt connu, presque par coeur. Mettez un bon gros mètre de neige dès le parking, et un petit peu aussi sur les troncs pour masquer le discret balisage. Rajoutez un zeste de brouillard à la sortie de la forêt (en fait, on n'y voyait pas à dix mètres) et il n'en faut pas plus pour décourager le randonneur qui creuse une profonde tranchée dans 60 cm de neige fraîche.
Il faut dire que l'averse de neige de la veille a été brève mais d'une rare intensité. J'ai rarement vu tomber d'aussi gros flocons en plaine.
Après avoir fait le point en de nombreux endroits, je réussis à rejoindre l'orée de la forêt et là, tout se complique. Le balisage est sous la neige. Blanc de chez blanc. Quelques arbres ça et là. Parfois, des pentes paraissant raides. Sans connaître, j'aurais fait demi-tour mais je sais qu'aucune pente susceptible d'être avalancheuse me domine. Je dois seulement me méfier de quelques talus un peu plus raides mais la neige est si légère et sans cohésion que les quatre-vingts centimètres de neige meuble ne m'inquiètent pas.
Je finis par trouver la passerelle. Remplie à ras la gueule (de la neige plus haut que les rambardes). Le petit chalet est vingt mètres au-dessus. Je tatonne pour le trouver ! Encore cinquante centimètres et il disparaît.
Je m'y mets à l'abri pour éviter de m'enterrer en grignottant et en enlevant les peaux (sur ces skis, j'ai des étriers ce qui signifie ôter les planches pour enlever les peaux).
L'éclaircie ne viendra pas ; c'est une quasi certitude. Aussi, je me résous à descendre. Sur le faux plat sous le refuge, je me laisse glisser dans la trace. Je ne vois absolument rien. Un loup sera là à dix mètres que je ne le verrais pas.
Avec les premiers arbres et les premières pentes, on peut se lacher et ça descend tout seul dans cette neige.
Dans la forêt, la visibilité devient bien meilleure et les virages s'allongent quand les arbres le permettent. Les conditions sont ici excellentes.
Un peu plus bas, je dévale à toute allure une belle trouée repérée en montant. Elle m'amène directement dans la fond du vallon sans encombre.
Je n'ai pas eu l'éclaircie souhaitée, ni même la visibilité pour aller plus haut car malgré les grosses quantités de neige fraîche tombées en nord Belledonne, je n'ai pas observé le moindre signe de fragilité de cette couche comme ce fut le cas en Chartreuse (plaques déclenchées à Chamechaude et à Pravouta face ESE, chose rare) ou en Taillefer (un décès du côté du Tabor). J'étais donc confiant et motivé pour poursuivre mais l'absence de visibilité l'interdisait.