Humiliation
Publié le 24 Février 2017
Bon, tout ça c'est pour rire. Mais quand même. N'ayant aucun scrupule à parler des échecs au même titre que des réussites, je regrette de ne pas avoir emporté de caméra embarquée afin que tout le monde se marre devant la débâcle de cette descente.
Fraîchement débarqué en Haute-Savoie, je monte dans l'après-midi voir les quinze/vingt centimètres de neige annoncés à 2000 m, sans espoir. Parking : c'est sec. Et il y a du portage comme une fin avril. Je reviendrai avec les baskets ; pas question de marcher en chaussures de ski. Changement de vallée. Cette fois, ça chausse mais comme je le pressentais, il n'y a que 3 cm de neige fraîche, juste de quoi rendre agréable le décor.
Ce saupoudrage repose sur une croûte rarement portante. Je me dis qu'en versant ouest, ce sera peut-être meilleur avec un fond plus souple. Erreur : en plongeant dans un couloir de la tête d'Armancette, la croûte reste de rigueur. Trop tard maintenant pour faire demi-tour, d'autant que l'heure avance. La partie supérieure s'avère plus raide que prévu. Assurément plus de quarante-cinq degrés. Dans ces conditions, la pente est une alliée. On allège les skis et ça tourne avec une réception, on va dire, correcte. Mais plus bas, c'est la véritable punition. Pas moyen de poser le moindre virage. Les skis cassent la croûte et en sont incapables d'en ressortir. Avec un peu de vitesse ça passe mais gare aux genoux. Et quelle fatigue ! La conversion devient l'arme absolue. Puis je fais face à un passage plus étroit (entre cinq et dix mètres) entre deux zones boisées avec une pente d'environ vingt degrés. Le tout-droit est impossible. Le virage tout autant. Sans doute la pire association terrain/pente/qualité de neige pour le skieur. J'ai déjà déchaussé faute de neige (normal) ; j'ai déjà déchaussé dans une pente raide béton par instinct de survie. Soit. Pour la première fois, je déchausse dans une pente faible enneigée. L'humiliation suprême pour le skieur... qui rentre toutefois avec le sourire comme toujours et la satisfaction de ne pas avoir abîmé ses croisés.