"On a pris l'air"
Publié le 16 Janvier 2019
Moi aussi j'ai sans doute exprimé ces cinq mots à la con lorsqu'il m'est arrivé de rater une sortie. C'est aujourd'hui l'adage du "skitourien" (en fait, de n'importe quel skieur mais ce sont essentiellement ces derniers que l'on lit sur la toile) pour justifier d'avoir raté une sortie. Pourtant, il n'y a pas de honte à rater sa sortie. Je trouve même formateur et très "crédible" que de l'annoncer. Parfois, on a même beau faire tout son possible, croire en la fenêtre météo mais rien n'y fait : on place trois vilains virages dans la croûte et le brouillard, on brûle du gasoil et on n'entretient même pas la "machine". Car le ski de randonnée, pratiqué massivement à un train de sénateur, sur un dénivelé modéré, permet certes de brûler quelques calories, de s'oxygéner mais n'est pas à proprement parler un sport qui travaille le cardio. Tout ça n'est pas bien important mais à l'heure d'un étalage sur la toile, dont je fais partie sans aucun doute possible, il est bon d'essayer d'être objectif. Et l'objectivité est difficile ; à ce compte-là, autant rester factuel.
Pour ma part, les "on a pris l'air", c'est terminé depuis longtemps. Si je "loose", je le dis tel quel. Et si je sens que ça risque de looser, je m'oriente vers autre chose. La montagne nous offre le terrain mais la manière de l'aborder est multiple. Pour moi la définition du "montagnard", n'est pas d'être quelqu'un qui pratique avec un pied sûr, pas seulement en tous cas ; c'est aussi et surtout celui qui trouvera les bonnes conditions, le bon endroit, qui saura adapter son activité à l'état de la montagne le jour J... Le ski de randonnée est une activité magnifique. A mon sens, la plus belle sur la neige parce qu'elle permet d'aller partout où c'est blanc en sécurité et en rapidité mieux que n'importe quel autre moyen. Et normalement, quand on n'a pas seulement "pris l'air", avec le plaisir de la glisse à la descente. Mais parfois, ce n'est pas la plus adaptée. S'il y a encore trop de cailloux en début de saison, on peut aussi y aller à pied. On peut aussi aller grimper, courir, bricoler... Quand les conditions sont moyennes, que le risque d'avalanche est important, on peut aussi faire du ski nordique. Par ailleurs, ce ski nordique est en train de prendre une place importante. D'abord parce qu'il est de plus en plus populaire sans doute en partie grâce à nos champions comme Martin. Ensuite, parce qu'il développe le cardio, permet un mélange de running et de neige. Souvent dans un décor magnifique car si la montagne d'altitude reste superbe en hiver, je (et sans doute "on") la préfère avec un avant-plan garni de sapins meringués. Et il se pratique avec un budget limité. Limité pour le skieur mais aussi pour le gestionnaire. Même si la saison est réduite faute d'enneigement, la dameuse, la moto-neige et quelques pisteurs sont nettement moins couteux qu'un réseau de remontées mécaniques et tout ce qui va avec.
Pour toutes ces raisons, il y a fort à parier que la montagne se diversifie de plus en plus en hiver et, c'est déjà le cas, que le ski "de piste" ne soit plus l'enfant unique. Dernières nouvelles en date : Dynafit qui développe une collection de matériel spécialement dédié au ski de randonnée sur des pistes, discipline que je nommerais ski-fitness. Un bon moyen de faire travailler le coeur. La station des Sept-Laux propose désormais, de son côté, un forfait "randonnée" permettant d'accéder à la Belle Etoile (entre autres) en partant de Prapoutel, et d'en revenir sans remettre les peaux. Pour une personne seule dans un véhicule un peu gros, le simple prix de ce forfait est équivalent au surcoût (en kilomètre roulant) causé par la montée au Pleynet par un Grenoblois seul dans sa voiture. Du gasoil, du temps de gagnés mais aussi de l'énergie permettant si besoin, d'en profiter davantage en altitude.
De mon côté, je ne tire pas un boulet rouge sur les stations. Souvent critiquées, on oublie souvent de remettre les choses à leur place et tout ce qu'elles apportent en terme d'emploi, de formation... et de plaisir. Elles sont accablées par les normes de plus en plus drastiques pour l'entretien du parc de remontées. Certaines essaient de faire le maximum pour limiter leur impact maintenant qu'elles sont en place comme le fait au mieux mon ami Pascal sur Couchevel par exemple. Mais je confesse que je trouve de moins en moins de plaisir à y aller, même avec les filles, et elles-mêmes, tout sauf compétitrices, n'ont pas la motivation des débuts. Une sortie de temps à autre leur convient parfaitement et, tout comme moi, elles ressentent le besoin de varier "le jeu". Une balade à pied avec descente en luge-pelle, un coup de vélo, de la grimpe, un coup de station... Tout ça peut être fait dans la même semaine et on adore. Et elles ont maintenant envie de tester le ski nordique. Ne pratiquant pas ou très occasionnellement en accompagnant mes classes, je suis une quiche totale mais je reconnais que c'est une magnifique activité "fitness en extérieur", surtout quand elle se déroule comme ce jour sur le splendide domaine du Barioz, déserté en semaine et avec ses sapins croulants sous la neige fraîche. Bref, elles ont adoré. Il y a fort à parier que ce ne soit pas juste un coup d'essai.
Une journée où, par ailleurs, bibi a bien pris l'air puisque le matin, il était du côté de la dent de Crolles au lever du soleil. Première montée de nuit, incursion sur les hauts plateaux, descente du pas de l'Oeille puis un (nouveau en ce qui me concerne - si si, il m'en reste) couloir ouest donnant versant nord du col des Ayes. Bientôt la monographie de la Dent à skis mais il me reste encore deux ou trois "conneries" à y faire. A noter le vent de sud qui va rendre certaines pentes nord problématiques côté stabilité. Et bravo à Stella pour sa journée sportive : gym le matin, ski nordique l'après-midi puis escalade le soir !