Des cerfs, des loups, des hommes...
Publié le 13 Octobre 2021
Cela fait une dizaine d'années que je suis le brame du cerf de manière intensive. Enfin, un peu moins depuis trois ans. Comme pour d'autres espèces maintes fois rencontrées et suivies (tétras-lyre, lagopède, chevêchette...), au bout d'un moment, on a fait un peu le tour de la question, du moins en périphérie car il y a toujours des choses à apprendre ou à découvrir. Cette année donc, seulement six sorties pour essayer d'observer et photographier les cerfs et il n'y en aura probablement pas d'autre. Mais ce qui m'intéressait surtout, c'était d'essayer de confirmer ce que je pensais avoir compris l'année dernière et cela semble bien le cas : la présence d'une nouvelle meute de prédateurs a modifié la donne sur mon secteur préféré. Il n'est pas question de faire comme le font souvent les chasseurs (discours maintes fois entendus notamment à propos du mouflon en Matheysine ou en Vercors) et de dire que le loup décime les cheptels à la seule différence du nombre d'observations à quelques années d'intervalles. Il faut aller plus loin pour émettre une hypothèse. Pour avoir passé une nuit sur place, le brame est bien actif. Pour avoir observé durant la période faste de fin-septembre-début octobre, il y avait beaucoup "de monde". Les traces de passages sont toujours aussi nombreuses et impressionnantes : de véritables "autoroutes terreuses !" Et d'après les retours de comptage, aucune diminution suffisante permettant de justifier une telle différence observée entre le milieu des années 2010 où ça bramait à fond en plein jour et à découvert et ces deux dernières saisons beaucoup plus discrètes. Pour au moins quelques temps, ce secteur va devenir comme d'autres où les cerfs sont toujours bien présents mais moins "sur la scène" au moment du brame. Le brame sera davantage confiné à la nuit. Les observations diurnes se feront plus discrètes. De manière générale, les animaux seront moins concentrés et donc plus éparpillés. Qui dit plus éparpillés dit moins de concurrence pour le rut donc moins besoin également de bramer à tue-tête pour s'affirmer.
Ces cycles sont tout simplement les cycles de la nature. Les secteurs évoluent dans un sens ou dans l'autre. L'absence de loup en Chartreuse aurait plutôt tendance à créer l'effet inverse mais la pression mise par de nombreux observateurs/photographes peu scrupuleux a finalement le même effet.
Et à part, ça l'ambiance est toujours aussi magique là-haut.