L'art de la trace (II)
Publié le 26 Janvier 2025
Malgré des conditions météorologiques indignes d'un beau mois de janvier, ce week-end fut skiant et même fort sympathique malgré le vent. Les conditions de neige étant très variables le samedi, c'était l'occasion de découvrir un nouveau coin. Une fois de plus en Beaufortain. La chute de neige, brève mais intense, de la nuit suivante m'a en revanche permis de trouver du très bon ski juste en face de la maison avec la chance de tracer en sortant des sentiers battus. A la deuxième remise des peaux, je retrouve une trace de montée qui m'évitera de m'enfoncer une nouvelle fois dans 25 centimètres de neige fraîche. En levant les yeux, j'observe mes deux prédécesseurs 100 mètres plus haut, à pied, les skis à la main, pour franchir un ressaut ultra-raide. Mais que diable sont-ils allés faire dans cette galère ? Il a dû leur falloir dix minutes pour venir à bout d'une petite traversée et de vingt mètres de dénivelé alors que ça passait à peaux par la pente de gauche ! J'ai donc retracé.
Au sortir du week-end, je jette un coup d'œil sur skitour et tombe sur cette sortie. J'ai bien rigolé et ai retrouvé les râleries avec tous les copains devant cette floraison de traces de montée (de plus en plus) raides. Me rappelant d'avoir parlé à plusieurs reprises de ce sujet, je déterre ce billet "vieux" de six ans. Mon opinion n'a pas changé d'un iota. J'ai même franchi un nouveau cap : si ma fixation le permet, je me mets à "zéro cale" ! Je pourrais ajouter que sans raison évidente, certaines traces très raides deviennent d'un seul coup presque plates avant de repartir ensuite de plus belle. Pourquoi ?!? Parfois, elles viennent aussi buter sur un rocher ou un talus non anticipé et obliger au choix à faire encore plus raide, amorcer une légère redescente ou deux conversions supplémentaires (au demeurant inutiles) ! Il estompage de ne pas regarder un peu loin et de ne pas anticiper quand on trace.
La montagne reste libre et chacun pourra toujours faire la trace qu'il entend. On ne sera pas pendu sur la place publique ; on ne confisquera pas vos skis. Vous ne serez même pas (mal) noté sur Tripadvisor. Mais vos oreilles siffleront ! Aux suiveurs de choisir de suivre la trace ou d'en refaire une. Il n'empêche que personne ne m'ôtera de l'esprit qu'une trace trop raide avec des conversions inutiles est une mauvaise trace. A noter que dans une neige pas trop profonde, on pourra retracer une trace jugée trop raide en se fatigant moins alors que faire le contraire paraît absurde puisque les deux critères de pénibilité (tracer + pente) s'ajoutent ! Pourtant, c'est un fait qu'on observe régulièrement ! (cf sur cette sortie où la trace parfaite de David a été reprise - photos 6 et 7).
Pour finir, à la décharge de certaines personnes qui tracent trop raide par manque d'expérience, il faut dire que la présence de cales dites "de bourrin" est une incitation à... bourriner ! S'il vous plaît messieurs les fabricants, une seule cale de 36 mm suffit, avec rotation pour pouvoir rester à plat !