Une bien belle vendange
Publié le 23 Juillet 2012
La chance est avec nous. Depuis la mi-avril, ce sont, dans les Alpes dites du nord, les cinq premiers jours consécutifs annoncés de beau temps. C'est à peine croyable. Ca tombe bien ; ce sont ceux-là qui sont programmés de longue date pour grimper avec le Jojo.
Acte I : direction l'Obiou. Nous partons pour "vendange tardive", une voie ouverte l'an dernier par Marianna Jagercikova, Martin Hurtaj et Pascal Sombardier.
Après une approche rapidement dolomitique, nous attaquons le couloir Paul Arthaud, en solo (3 max) jusqu'à une longueur de l'attaque de la voie. Là, à priori, nous nous sommes trompés. Il semblerait que ce soit nettement plus facile sur l'arête avec quelques points en place. En montant un peu le nez dans le guidon et la fleur au fusil, nous rejoignons le premier relais de notre voie en restant dans le couloir et en gravissant une longueur fort délicate (25 m, rocher douteux, protection impossible sauf piton, un seul piton (douteux) en place, 5a). Ce fut le crux de la journée.
Pour la suite, c'est de l'ambiance dolomitique avec un bon rocher, de solides goujons et onze longueurs vraiment belles. Le plus dur est au début : 6b puis 6a puis encore 6a. Mais la suite n'est pas en reste. On navigue dans du 5 vertical comme dans les Dolomites dixit Pascal Sombardier et c'est bien vrai.
Les dernières longueurs, qui peuvent s'éviter par des vires (mais ce serait dommage) restent intéressantes malgré le manque d'ambiance dues aux nombreuses terrasses. On arrive au pied de la voie Marie-Thérèse (5b ; 3b ; 6a ; 6b ; 5a). J'avais déjà gravi ces cinq longueurs en 2003 à la suite du pilier nord-ouest mais c'était avant le rééquipement et j'avais tiré aux clous (dont certains douteux) dans les deux longueurs en 6. Aujourd'hui, c'est du beau libre que nous réserve cette voie avec de solides goujons même si L1 reste bien expo avec un relais fort loin du dernier point même si ce n'est pas bien dur.
Seize longueurs d'escalade, 650 m de déniv si on compte le couloir Paul Arthaud et voici le plateau sommital. Joël est bien content d'en terminer.
La descente, surtout pour qui ne connaît pas, n'est pas en reste de beauté. Connaissant déjà la voie normale, je propose à Joël de descendre par les chatières. Un bien bel itinéraire facile (quelques pas délicats en descente surtout) bien qu'un peu impressionnant pour clore cette journée de grand beau temps en Dévoluy.
En résumé, c'est effectivement peut-être la plus belle manière d'aller au sommet de l'Obiou.
Une vendange hautement recommandée, tant pour la qualité de l'escalade, que pour le panorama, un zeste d'engagement (une corde à simple de 50 m suffit si comme nous vous vous interdisez toute retraite dedans !), une belle ampleur... et un magnifique sommet !