Qui va à la chasse perd sa place !
Publié le 11 Octobre 2016
Plus que jamais, suite aux accidents de l'automne dernier mais surtout au choix de notre président de région d'accorder des budgets importants aux fédérations de chasse plutôt qu'aux associations œuvrant pour la biodiversité et l'harmonie de l'homme avec la nature, le débat pro/anti chasse revient sur le tapis. C'est un sujet sensible auquel j'ai toujours refusé de participer du moins sous cette intitulé car c'est un débat sans fin dans lequel chaque camp saura argumenter ; cela ne m'empêche pas d'avoir bien sûr ma propre façon de voir les choses et l'envie d'en faire évoluer certaines dans le sens que je pense être le bon pour l'avenir de l'homme sur la Terre et qui commence par celui de nos enfants.
Les derniers bouillonnements en date via les réseaux sociaux se retrouvent autour d'une société (parmi tant d'autres) que je ne nommerai pas afin de ne lui faire aucune promotion, qui choisit de vivre en emmenant des clients partout sur la planète pour des "chasses-voyage". Elle propose à ses clients de les emmener sur des territoires d'exception à la recherche d'espèces mythiques en valorisant, à en croire ses vidéos, l'acte final et les trophées. J'ai toujours pensé qu'il était préférable d'être chasseur pour se nourrir et partager en famille et entre amis plutôt que d'arpenter les rayons boucheries des supermarchés. En revanche, mettre le plaisir de tuer et la recherche du plus beau trophée, de la plus grande circonférence ou de je ne sais quel chiffre au premier plan, est une toute autre approche que je ne partage absolument pas.
Faut-il pour autant injurier ceux qui le pratique en utilisant la facilité des réseaux sociaux ? C'est une question que je me suis posée suite à la conspuation générale qui a accompagné les exhibitions d'un ancien champion de ski, ambassadeur d'une "région" de montagne, ancien vainqueur du Dakar ayant (donc) participé à ces expéditions de chasse au trophée à travers le monde et posant fièrement sur des photos avec les animaux abattus. Il est facile de piocher dans le riche catalogue de ce qu'on appelle tout simplement les gros mots de la langue française et de les plaquer sur internet. Soyons clairs : je ne prends pas la défense de "notre" Haut-alpin reconverti et gage même qu'il a probablement ici franchi une barrière d'impopularité dont il est lui-même responsable, même s'il n'est peut-être pas à l'origine de la publication de ces images (il est fort probable que ce soit la société engagée qui les ait diffusées dans le but premier de se faire de la promo "voyez, les grandes célébrités font appel à nos services"). Le dicton "qui va la chasse perd sa place" prend ici tout son sens et je ne vais pas plaindre notre chasseur de mouflon-du-bout-du-monde à coup d'avion, char et carabines à lunettes, loin d'être donc à armes égales avec l'animal comme l'annonce la publicité du guide.
Cependant, je souhaite rester en marge du lynchage médiatique qui en a découlé. Lorsqu'il y a eu les annonces de Chamrousse concernant l'hypothétique télésiège des Vans, la municipalité a également reçu "ses" mots (maux). On ne peut pas se contenter de cela. Quant à la manière, elle est plus de discutable. En revanche, nous pouvons faire en sorte que notre monde bouge autrement. Cela faisait des années que je m'intéressais au programme d'une association comme Mountain Wilderness parmi tant d'autres. Leur implication dans le dossier Chamrousse m'a fait échanger avec eux. Cet événement m'a fait prendre mon adhésion. Et si justement ces images de chasse au Kamtchatka avaient pour effet de nous faire passer d'une action passive à une action active ? Et si tous ceux qui s'insurgent réservaient leurs mots pour un (petit) chèque (67% déductible des impôts) d'adhésion à une association comme Mountain Wilderness ou une autre qui oeuvre pour l'homme et la nature ensemble ?