La plus (belle ? et la plus) éprouvante
Publié le 18 Juin 2015
En partant à 13h tout pile de pré Long pour cet enchaînement de haute volée, je ne pensais pas que ce serait peut-être la course la plus éprouvante que j'ai réalisée à pied à ce jour. Certes, j'ai bien couiné dans le pilier du Freney au mont Blanc en 2001 mais c'était plutôt le temps passé en montagne et l'altitude qui avaient "travaillé". Là, j'ai vraiment l'impression d'avoir tiré sur les articulations inférieures. Olivier Cordeuil disait qu'il avait trouvé le trail du Grand Duc plus difficile que l'UTMB pourtant deux fois plus "grand" en terme de dénivelé et de distance kilométrique. Assurément, les sentiers de Chartreuse et leurs cailloux sont bien plus fatigants que les "boulevards" du Mont-Blanc.
Eh bien là, il n'y que 3000 m de dénivelé (et encore) et pas plus de 25 km de distance. Mais essayez donc de tenir une moyenne de 3 km/h (c'était l'objectif) sur du terrain chamois, des arêtes décomposées, de vrais passages d'escalade. C'était l'objectif (passer sous les huit heures) ; je n'ai pas réussi. Pourtant, au sommet du Galeteau, il me reste 1h30 pour faire le Grand Colon et descendre. certes, pas par la voie normale puis il faut rajouter le sentier des Deux Ruisseaux mais je crois encore que si je ne passe pas sous les huit heures, je n'en serai pas loin. C'était sans compter sur le brouillard et la galère qui va suivre.
Retour sur cet enchaînement fabuleux en Belledonne.
13h donc, j'attaque la montée au mont Saint-Mury sur un sentier (il faut en profiter, il n'y en aura pas beaucoup). je ne pars pas trop vite car je sais que la route sera longue. Moins de quarante minutes après, voici le premier sommet. J'enchaîne sur la pointe de la Sitre.
Le brouillard fait son apparition comme prévu. J'espère pouvoir être au-dessus pour la suite. Je me trompe de couloir pour rejoindre l'arête nord de la Petite Lance de Domène (merci le brouillard) mais rien de grave.
Je retrouve le soleil sur l'arête et à peine deux heures après être parti, je suis déjà au sommet de la PLD ayant avalé l'escalade de l'arête nord. C'est de bon augure pour la suite.
Encore un gros projet de réalisé. Randonneurs-trailers-alpinistes : ce circuit est fantastique. Je ne suis pas prêt de l'oublier.La GLD me paraît bien plus facile qu'en 2006 lors de mon passage sur cette arête. Je ne regrette pas le collant. Le gaz se creuse. Je fais la première pause du circuit en contrebas du sommet avec vue sur le lac Blanc. L'ambiance est splendide.
L'eau commence à faire défaut (je n'ai pris qu'un litre) au pic Couttet après cette traversée assez pénible. Que de cailloux ! Pas moyen de faire un pas tranquillement.
Je poursuis sur la croix de Belledonne en faisant l'ascension des rochers Rouges. Je ne connais pas ce pilier ouest et je monte précautionneusement car c'est raide et je n'ai même pas un brin de corde pour redescendre au cas où. Il faut réfléchir à trouver le meilleur terrain ; le moins difficile, le moins pourri. La première partie est délicate mais j'arrive au-dessus des clochetons de Freydane, au pied du pilier terminal. Des dalles bien raides avec des passages de 4 mais je sens que ça va le faire. Le rocher est excellent dans le dur même si il faut regarder avant de charger une prise. J'aurais été plus serein avec les chaussures rigides mais j'ai choisi le confort, l'amorti et la légèreté aujourd'hui. j'arrive à la croix par l'arête des rochers Rouges presque entièrement déneigée. Seconde pause du jour. Je mange, fais des photos, bois la dernière goutte.
Descente en courant sur le col du Bâton puis attaque du pic du Grand Doménon en ayant oublié de faire le plein d'eau. Il faudra attendre le lac David. Ce n'est pas très difficile mais il y a de la distance. Ca monte, ça redescend. Tu crois perdre du dénivelé et puis, après une bosse, il faut remonter.
Le brouillard me prend sous le sommet de la Grande Lauzière, huitième du jour mais je connais par coeur et ce n'est pas trop épais. Il va maintenant falloir descendre pour de bon. Le lauzes sont d'un grand confort pour soulager les chocs de la descente. Finalement, j'arrive au lac David et ça se dégage. Je fais le plein d'eau et bois un litre. Encore une pause d'un quart d'heure mais ça me permet de repartir avec du jus. Je file vers la Pra, passe au refuge et grimpe au col. De là, c'est très tentant de rentrer par le GR étant donné le brouillard qui s'épaissit. Mais il n'est que 19h et je ne vais pas abdiquer. 19h20. Sommet du Galeteau. Le rythme est ralenti mais je réussis quand même à être à 12-13m/min de moyenne sur du terrain chamois. Je pense alors être au Grand Colon d'ici une toute petite demie-heure. Les vraies difficultés vont pourtant commencer ici.
A la descente, je perds le cap et me retrouve dans des barres. Que faire ? Remonter ? Passer ? Je fais un mix des deux afin de franchir les barres, au demeurant bien glissantes, en des endroits abordables sans prendre de risques. J'ai déjà perdu du temps mais ce n'est rien à côté de ce que je vais perdre au Colon.
Du sommet, je connais l'amorce de l'arête nord même les yeux fermés. Sauf qu'ensuite, cette arête n'est pas si bien marquée et je perds la trace. Commence alors une descente fastidieuse.
Descendre, remonter, désescalader, ne pas insister ici, insister là parce que je sens que je vais retrouver la trace. je la trouve par-ci, la perds par là. A l'aiguille du Mottin, je me mets une gamelle sur une dalle mouillée. La main encaisse le choc. Ca ira mais je vais sans doute sentir la douleur durant quelques jours. Et je n'ai pas tout vu. La végétation devient envahissante. Plus de trace, plus de cairns, la nuit qui arrive. je tire trop à gauche sans m'en apercevoir. Comment ai-je pu autant m'écarter de l'arête quand je vois le temps qu'il me faut pour la retrouver ? Des pentes d'herbes glissantes, des blocs, des trous, des genièvres qui masquent les trous, des rhodos ultra denses jusqu'aux couilles. La jungle Belledonnienne. Jamais je n'ai fait autant et aussi longtemps le sanglier. Il me faudra deux heures pour rejoindre le sentier du lac du Crozet. Interminable. mais ça passe. J'ai assuré, pris les passages les uns après les autres, doucement, sans risquer l'entorse. J'ai mis le temps mais avec la fatigue, c'était nécessaire pour assurer.
Juste avant le sentier des trois Ruisseaux, il faut que je m'arrête. Je dois me reposer. Je rencontre un randonneur du soir (il est quasi 22h) venu faire son footing. On discute un bon moment. Super sympa. Je lui raconte ma balade et lui son programme de ces jours. Il bosse à la Gelinotte. Si tu me lis, au plaisir de se recroiser !
Cette pause m'a rechargé. Je finis le sentier des trois Ruisseaux en trottinant là où il n'y a pas de cailloux et en marchant sinon car je n'ai plus la fraîcheur nécessaire pour ne pas risquer une blessure.
Encore un gros projet de réalisé. Randonneurs-trailers-alpinistes : ce circuit est fantastique. Je ne suis pas prêt de l'oublier.
La GLD me paraît bien plus facile qu'en 2006 lors de mon passage sur cette arête. Je ne regrette pas le collant. Le gaz se creuse. Je fais la première pause du circuit en contrebas du sommet avec vue sur le lac Blanc. L'ambiance est splendide.
L'eau commence à faire défaut (je n'ai pris qu'un litre) au pic Couttet après cette traversée assez pénible. Que de cailloux ! Pas moyen de faire un pas tranquillement.
Je poursuis sur la croix de Belledonne en faisant l'ascension des rochers Rouges. Je ne connais pas ce pilier ouest et je monte précautionneusement car c'est raide et je n'ai même pas un brin de corde pour redescendre au cas où. Il faut réfléchir à trouver le meilleur terrain ; le moins difficile, le moins pourri. La première partie est délicate mais j'arrive au-dessus des clochetons de Freydane, au pied du pilier terminal. Des dalles bien raides avec des passages de 4 mais je sens que ça va le faire. Le rocher est excellent dans le dur même si il faut regarder avant de charger une prise. J'aurais été plus serein avec les chaussures rigides mais j'ai choisi le confort, l'amorti et la légèreté aujourd'hui. j'arrive à la croix par l'arête des rochers Rouges presque entièrement déneigée. Seconde pause du jour. Je mange, fais des photos, bois la dernière goutte.
Descente en courant sur le col du Bâton puis attaque du pic du Grand Doménon en ayant oublié de faire le plein d'eau. Il faudra attendre le lac David. Ce n'est pas très difficile mais il y a de la distance. Ca monte, ça redescend. Tu crois perdre du dénivelé et puis, après une bosse, il faut remonter.
Le brouillard me prend sous le sommet de la Grande Lauzière, huitième du jour mais je connais par coeur et ce n'est pas trop épais. Il va maintenant falloir descendre pour de bon. Le lauzes sont d'un grand confort pour soulager les chocs de la descente. Finalement, j'arrive au lac David et ça se dégage. Je fais le plein d'eau et bois un litre. Encore une pause d'un quart d'heure mais ça me permet de repartir avec du jus. Je file vers la Pra, passe au refuge et grimpe au col. De là, c'est très tentant de rentrer par le GR étant donné le brouillard qui s'épaissit. Mais il n'est que 19h et je ne vais pas abdiquer. 19h20. Sommet du Galeteau. Le rythme est ralenti mais je réussis quand même à être à 12-13m/min de moyenne sur du terrain chamois. Je pense alors être au Grand Colon d'ici une toute petite demie-heure. Les vraies difficultés vont pourtant commencer ici.
A la descente, je perds le cap et me retrouve dans des barres. Que faire ? Remonter ? Passer ? Je fais un mix des deux afin de franchir les barres, au demeurant bien glissantes, en des endroits abordables sans prendre de risques. J'ai déjà perdu du temps mais ce n'est rien à côté de ce que je vais perdre au Colon.
Du sommet, je connais l'amorce de l'arête nord même les yeux fermés. Sauf qu'ensuite, cette arête n'est pas si bien marquée et je perds la trace. Commence alors une descente fastidieuse.
Descendre, remonter, désescalader, ne pas insister ici, insister là parce que je sens que je vais retrouver la trace. je la trouve par-ci, la perds par là. A l'aiguille du Mottin, je me mets une gamelle sur une dalle mouillée. La main encaisse le choc. Ca ira mais je vais sans doute sentir la douleur durant quelques jours. Et je n'ai pas tout vu. La végétation devient envahissante. Plus de trace, plus de cairns, la nuit qui arrive. je tire trop à gauche sans m'en apercevoir. Comment ai-je pu autant m'écarter de l'arête quand je vois le temps qu'il me faut pour la retrouver ? Des pentes d'herbes glissantes, des blocs, des trous, des genièvres qui masquent les trous, des rhodos ultra denses jusqu'aux couilles. La jungle Belledonnienne. Jamais je n'ai fait autant et aussi longtemps le sanglier. Il me faudra deux heures pour rejoindre le sentier du lac du Crozet. Interminable. mais ça passe. J'ai assuré, pris les passages les uns après les autres, doucement, sans risquer l'entorse. J'ai mis le temps mais avec la fatigue, c'était nécessaire pour assurer.
Juste avant le sentier des trois Ruisseaux, il faut que je m'arrête. Je dois me reposer. Je rencontre un randonneur du soir (il est quasi 22h) venu faire son footing. On discute un bon moment. Super sympa. Je lui raconte ma balade et lui son programme de ces jours. Il bosse à la Gelinotte. Si tu me lis, au plaisir de se recroiser !
Cette pause m'a rechargé. Je finis le sentier des trois Ruisseaux en trottinant là où il n'y a pas de cailloux et en marchant sinon car je n'ai plus la fraîcheur nécessaire pour ne pas risquer une blessure.
Encore un gros projet de réalisé. Randonneurs-trailers-alpinistes : ce circuit est fantastique. Je ne suis pas prêt de l'oublier.
L'eau commence à faire défaut (je n'ai pris qu'un litre) au pic Couttet après cette traversée assez pénible. Que de cailloux ! Pas moyen de faire un pas tranquillement.
Je poursuis sur la croix de Belledonne en faisant l'ascension des rochers Rouges. Je ne connais pas ce pilier ouest et je monte précautionneusement car c'est raide et je n'ai même pas un brin de corde pour redescendre au cas où. Il faut réfléchir à trouver le meilleur terrain ; le moins difficile, le moins pourri. La première partie est délicate mais j'arrive au-dessus des clochetons de Freydane, au pied du pilier terminal. Des dalles bien raides avec des passages de 4 mais je sens que ça va le faire. Le rocher est excellent dans le dur même si il faut regarder avant de charger une prise. J'aurais été plus serein avec les chaussures rigides mais j'ai choisi le confort, l'amorti et la légèreté aujourd'hui.
J'arrive à la croix par l'arête des rochers Rouges presque entièrement déneigée. Seconde pause du jour. Je mange, fais des photos, bois la dernière goutte.
2926 m. 4h30 de parcours d'arête. Je pense avoir fait la plus de la moitié. Sur le papier, c'est tout à fait correct mais la météo va rallonger tout ça !
Sommet du Doménon. Toujours le sourire ; ça va continuer jusqu'à la Pra puis on va serrer un peu les dents
Le brouillard me prend sous le sommet de la Grande Lauzière, huitième du jour mais je connais par coeur et ce n'est pas trop épais. Il va maintenant falloir descendre pour de bon. Les lauzes sont d'un grand confort pour soulager les chocs de la descente. Finalement, j'arrive au lac David et ça se dégage. Je fais le plein d'eau et bois un litre. Encore une pause d'un quart d'heure mais ça me permet de repartir avec du jus. Je file vers la Pra, passe au refuge et grimpe au col.
De là, c'est très tentant de rentrer par le GR étant donné le brouillard qui s'épaissit. Mais il n'est que 19h et je ne vais pas abdiquer. 19h20. Sommet du Galeteau. Le rythme est ralenti mais je réussis quand même à être à 12-13m/min de moyenne sur du terrain chamois. Je pense alors être au Grand Colon d'ici une toute petite demie-heure. Les vraies difficultés vont pourtant commencer ici.
Du sommet, je connais l'amorce de l'arête nord même les yeux fermés. Sauf qu'ensuite, cette arête n'est pas si bien marquée et je perds la trace. Commence alors une descente fastidieuse.
Descendre, remonter, désescalader, ne pas insister ici, insister là parce que je sens que je vais retrouver la trace. je la trouve par-ci, la perds par là. A l'aiguille du Mottin, je me mets une gamelle sur une dalle mouillée. La main encaisse le choc. Ca ira mais je vais sans doute sentir la douleur durant quelques jours. Et je n'ai pas tout vu. La végétation devient envahissante. Plus de trace, plus de cairns, la nuit qui arrive. je tire trop à gauche sans m'en apercevoir. Comment ai-je pu autant m'écarter de l'arête quand je vois le temps qu'il me faut pour la retrouver ? Des pentes d'herbes glissantes, des blocs, des trous, des genièvres qui masquent les trous, des rhodos ultra denses jusqu'aux couilles. La jungle Belledonnienne. Jamais je n'ai fait autant et aussi longtemps le sanglier. Il me faudra deux heures pour rejoindre le sentier du lac du Crozet. Interminable. mais ça passe. J'ai assuré, pris les passages les uns après les autres, doucement, sans risquer l'entorse. J'ai mis le temps mais avec la fatigue, c'était nécessaire pour assurer.
Juste avant le sentier des trois Ruisseaux, il faut que je m'arrête. Je dois me reposer. Je rencontre un randonneur du soir (il est quasi 22h) venu faire son footing. On discute un bon moment. Super sympa. Je lui raconte ma balade et lui son programme de ces jours. Il bosse à la Gelinotte. Si tu me lis, au plaisir de se recroiser !
Cette pause m'a rechargé. Je finis le sentier des trois Ruisseaux en trottinant là où il n'y a pas de cailloux et en marchant sinon car je n'ai plus la fraîcheur nécessaire pour ne pas risquer une blessure.
Peu importe si j'ai doublé le temps prévu du retour depuis le sommet du Grand Colon. Cette course n'était pas un chrono (d'autres sont bien mieux qualifiés que moi pour battre des records horaires) mais un projet d'enchaînement inédit (jamais réalisé ?) perso et j'ai fait avec la météo et la fatigue afin de terminer sans encombre. Une des plus éprouvantes certes, peut-être la plus éprouvante mais peut-être aussi la plus belle. Quel massif !